Heilung: Ofnir

Découvert à l’écoute lors de mon passage à Gibert Musique début juillet, Ofnir du groupe Heilung – dont les membres viennent d’Allemagne, du Danemark et de Norvège – est un de des OVNIs musicaux qui laissent des traces dans les consciences.

Heilung est un de ces groupes qui est difficile à caractériser: si les disquaires le classeront volontiers dans le metal, c’est une musique qui n’a somme toute pas grand-chose à voir. On pourrait parler de “folk”, mais c’est alors la variante de folk venue du paléolithique et qui implique des instruments en os – généralement celui des ennemis de la tribu.

Et d’ailleurs, c’est un peu ce qu’ils font: la plupart des instruments qu’utilise le groupe ont été fabriqués à la main avec du bois, des os et du cuir, plus des épées et des anneaux de bronze. Ajoutez par dessus du chant parfois guttural, parfois éthéré, inspiré de poèmes millénaires ou d’inscriptions runiques, et vous avez une bizarrerie de premier rang.

Ofnir – ici, la réédition de 2018, l’album originel datant de 2015 – compte neuf titres, entre deux et treize minutes. On a quand même trois pistes de plus de dix minutes (les trois dernières) et une durée totale de près d’une heure et quart. Zblam!

Heilung ne fait pas de la musique ni de la reconstitution historique, mais quelque chose entre les deux: de “l’histoire amplifiée”, selon leurs propres termes (lien vers un article en anglais). Ce n’est pas une musique viking authentique – personne n’est sans doute capable de dire aujourd’hui à quoi ça ressemblait – mais qui s’en approche.

Quelque part, Heilung me rappelle un peu Dead Can Dance – mais une version de Dead Can Dance revue et corrigée par des musiciens de black-metal tendance paganiste. C’est particulièrement frappant sur “Krigsgaldr”, qui alterne entre chant féminin et murmures masculins sur fond de rythmiques tribales.

On trouve quelques rares touches plus électroniques, comme dans “Fylgija Ear”, mais l’ensemble de l’album est très orienté acoustique, avec souvent un gros travail sur les “harmonies vocales” (pas toujours très harmoniques, mais très impressionnantes).

Il y a des choses très très cooles dans cet album. De façon général, Ofnir est un voyage dans des ambiances très réussies. Ça me fait penser à certains passages de Negură Bunget, mais en encore plus à fond dans le pagan-folk.

Il y a aussi quelques passages qui m’agacent, comme “Schlammschlacht”, qui implique quelqu’un qui me crie très fort dessus en allemand. Je ne suis pas très fan de me faire insulter en allemand. Fort heureusement, c’est plus l’exception que la norme. Un autre défaut, c’est qu’il est quand même très long et qu’au bout d’un moment, ça lasse un peu (surtout quand les hurlements reprennent vers la fin de “Afhomon”).

Ofnir est disponible en numérique sur Bandcamp; vous pouvez aussi aller piocher dans le compte YouTube du groupe, qui publie pas mal de morceaux en live, voire des concerts entiers. Je vous conseille instamment de vous y intéresser si vous aimez les sonorités étranges et les ambiances païennes – particulièrement si vous êtes rôlistes. Ça va changer vos joueurs de vos quatre CD de Dead Can Dance qui se battent en duel!

Bonus: la vidéo live de “Krigsgaldr”, parce qu’elle est officielle et que la performance vaut le détour

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