“Traité de savoir-survivre par temps obscurs”, de Philippe Val

J’aime beaucoup Philippe Val. Pour ceux qui ne connaissent pas — et qui, au vu du barouf médiatique de ces jours, vivent sans doute sous un caillou très bien isolé –, il est directeur de Charlie-Hebdo. À côté des dessins pipi-caca qui tapent, en vrac, sur la droite, les cons et les intégristes de tous poils, Charlie compte un nombre inquiétant d’éditorialistes de grand talent; Philippe Val est de ceux-là. J’ai toujours beaucoup de plaisir à lire ses éditos et, lorsque j’ai appris la sortie de son Traité de savoir-survivre par temps obscurs (Grasset, 240 p.), j’ai filé l’acheter.

Je m’attendais à y trouver quelques chroniques, à l’image de ses articles; j’ai été déçu. En bien. Ce Traité (qui me réconcilie quelque peu avec les traités, après ma précédente expérience) est à mi-chemin entre le pamphlet politique et l’ouvrage de philosophie bien costaud, le modèle pour barbus.

Il part sur la thèse que toute l’histoire de l’humanité repose sur une constante lutte entre “l’espèce”, qui représente les lois naturelles (l’instinct de survie, de reproduction, de sélection, de mort) et la culture ou la civilisation, qui tentent de donner un sens à la vie des hommes. Ce n’est pas très compliqué (à vrai dire, un des reproches que je ferais à cette théorie est qu’elle est justement trop simple, mais bon…) au départ, mais ça implique pas mal de mécanismes complexes, que l’auteur décortique à travers un certain nombre de ses auteurs fétiches: les Épicuriens, Spinoza, Freud.

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