Hero Corp

Un village reclus, loin de tout, au fin fond de la France, et ses habitants peu hospitaliers: voilà le riant décor dans lequel vient se fourrer John, appelé sur place suite au décès de sa tante. Bon, ils ne se parlaient plus depuis un moment (et avant ça, rarement pour se dire des choses aimables), mais pour John, la famille, c’est sacré. Seulement voilà: il y a une autre raison derrière la venue de John: le village est une sorte de refuge pour d’anciens super-héros au rabais et une prophétie a révélé que c’est lui, John, qui doit tous les sauver du retour de The Lord, le légendaire génie du Mal.

Tel est le point de départ de Hero Corp, série conçue et réalisée par Simon Astier, frère d’Alexandre (Kaamelott), qui joue également le rôle de John. Tout comme Kaamelott, cette série loufoque au budget restreint et aux effets spéciaux à peu près inexistants s’appuie sur des situations décalées et des dialogues absurdes. Reprenant à peu près tous les poncifs des séries de superhéros, elle en démonte les codes en nous montrant l’enfer du décor: une agence toute-puissante et peu encline à écouter ses ouailles, des têtes d’affiches imbuvables et la foule des super-pouvoirs pourris et des héros vieillissants.

Ce serait sans doute un peu mesquin de comparer Hero Corp à Kaamelott plus avant; certes, au-delà de la filiation de leurs auteurs, le ton des deux séries est sinon identique, du moins très proche. Dans les deux cas, on prend un thème ultra-codifié et on le transpose dans la “vraie vie”, avec des dialogues qui fleurent bon le vécu, et on transforme les icônes en bras cassés de première force.

La série de Simon Astier est néanmoins conçue comme telle dès le départ: c’est une série en quinze épisodes de vingt-cinq minutes (pour sa première saison; la deuxième est en cours de diffusion) avec une histoire suivie; pas une série de saynètes, donc. L’autre intérêt de la série est qu’en introduisant avec John un personnage qui, à priori, n’a rien à faire dans l’histoire, cela permet de découvrir la réalité de cet univers à super-héros au fur et à mesure que John la découvre lui-même.

C’est clair que la grande force de la série tient dans son invraisemblable galerie de tronches en biais et de bras cassés: superpouvoirs moisis, capricieux ou déclinants, mutations ridicules et inutiles, cas sociaux et autres carabistouilles du genre sont le principal ressort comique de la série, de même que la relation romantique que John essaye d’entretenir avec Jennifer, l’autre “normale” de l’histoire (qui a emménagé dans le village avec sa famille pour opérer un retour à la nature). N’oublions pas The Lord, génie du mal vieillissant, qui n’aspirait qu’à prendre une retraite paisible à l’écart du monde et qui reprend le sentier de la guerre, affligé d’une escouade de sbires attardés et inefficaces.

Si elle n’est pas désopilante tout du long, Hero Corp est une série qui m’a souvent fait glousser et parfois fait rire. Elle se laisse regarder sans trop se faire prier et le dernier épisode laisse supposer une deuxième saison fort intéressantes.