Tigres Volants est du space-opera (ou peu s’en faut)

En fait, non: Tigres Volants n’est pas du space-opera. Je l’ai dit, répété, radoté. Mais, en lisant le dernier Honor Harrington et en écrivant le billet y relatif, je me suis dit que ça pourrait.

Avant que les fidèles du jeu (les deux qui restent) n’appellent à la guerre sainte et à purger l’hérétique, je rappelle qu’en tant qu’auteur, j’ai le droit d’être hérétique. Enfin, je crois.

Attention: ce billet contient quelques spoilers sur Mission of Honor, pour ceux qui ne l’ont pas lu.

Fondamentalement, il manque deux choses pour que Tigres Volants devienne, sinon du space opera, du moins quelque chose qui s’en approche: une opposition (au sens large du terme) plus marquée et plus visible, ainsi que des gros combats spatiaux.

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Granularité de langage

Dictionnaires

Ces deux semaines passées à Stuttgart m’ont permis de constater deux choses: la première est que mon allemand est meilleur que je ne le pensais. Je suppose que ces huit années à la Fédération luthérienne, passées à mettre en page d’innombrables documents en allemand, ont eu un effet positif sur ce point. La seconde, c’est que “meilleur” ne veut pas dire “bon”.

“Mission of Honor”, de David Weber

Mission of Honor est le dernier volume en date de la série de science-fiction de David Weber qui est centrée autour du personnage de Honor Harrington, officier de la flotte spatiale du Royaume stellaire de Manticore. Mine de rien, c’est du dense: un pavé de 600 pages écrites petit. Il m’a bien fallu le voyage en train de Stuttgart vers Bâle et une poignée d’heure à côté pour en venir à bout. On est loin du côté “roman de quai de gare” des débuts, avec ses couvertures kitsch et ses vaisseaux en forme de double gode (à part les couvertures, toujours aussi kitsch).

Je vous fais grâce de l’histoire depuis le début, sinon pour dire qu’il s’agit d’un univers où plusieurs jeunes nations stellaires se retrouvent à se faire la guerre et jouent de dangereux jeux d’alliance, à l’ombre de l’ancienne Ligue solarienne, centrée autour de la Terre et en pleine déliquescence. Mission of Honor contient pas mal des ingrédients des volumes précédents, à base de combats spatiaux spectaculaires et de haute et basse politique, avec une très nette emphase sur les seconds que les premiers. C’est d’ailleurs un peu le problème du bouquin.

Si les premiers volumes de la série étaient clairement dans le style de science-fiction militaire, les derniers volumes s’en éloignent passablement. L’intérêt est qu’on a, avec le “Honorverse” (qui contient une volée d’ouvrages annexes que je n’ai pas encore lus), un univers spectaculairement complet et complexe, qui dégage un sentiment de crédibilité très appréciable pour quelqu’un comme moi, qui apprécie les mondes bien construits.

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Lisez un jeu de rôle en public

C’est con, j’ai hésité à prendre un ou deux bouquins de jeu de rôle avec moi à Stuttgart. Si j’avais su (en fait, si je m’en étais souvenu, parce que j’en avais déjà entendu parler il y a quelques temps), j’aurais pu commencer en avance la semaine « Lisez un jdr en public », organisée par The Escapist. …

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Survivre à une conférence

En général, j’évite de parler de mon boulot sur ce blog, parce que c’est mon blog, mes idées à moi, qui ne sont pas celles de mes employeurs. Ce qui est heureux pour tout le monde.

Dans le cas présent, je vais faire une petite exception (enfin, une grosse, parce que tartine majeure droit devant!) et vous parler de ma vie ces jours, dans le centre de presse de la onzième Assemblée de la Fédération luthérienne mondiale. Pour vous situer le machin, cette Assemblée à majuscule, c’est un peu comme un AG regroupant presque toutes les églises luthériennes dans le monde.

Ça représente environ 418 représentants venant de 79 pays, environ 250 conseillers et experts, autant de visiteurs et d’observateurs, sans parler des organes dirigeants de la Fédération elle-même, les journalistes, les volontaires et stewards et le personnel du secrétariat de Genève, là où je travaille; en tout, plus de 1 000 personnes. Tout ce petit monde – environ mille personnes, à vue de pied – s’entasse dans un centre de conférence non loin du centre de Stuttgart, le Liederhalle, pendant une grosse semaine; il y a quelques bidules avant et après, mais c’est l’idée.

Je rajoute à ceci le fait que, constitutionnellement, la communication se fait en quatre langues (anglais, allemand, français et espagnol); c’est important.

Ce genre de conférence consiste surtout en quelques wagons de réunions, soit en séance plénière, soit en plus petits groupe; il s’agit surtout de discuter de la politique interne de la Fédération, ce qui implique quelques trucs un peu plus importants que du pinaillage théologique: il y a l’élection du président et des nouvelles instances dirigeantes, une restructuration de l’organisation et, surtout, une cérémonie de réconciliation avec les mennonites, persécutés tout au long du XVIe et XVIIe siècle par les luthériens et les réformés.

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Vibram Five Fingers: les non-chaussures

Aveu préliminaire: je n’aime pas les chaussures. J’en porte parce qu’objectivement, mon environnement quotidien – asphalte, pavés, vélo, sans même parler du climat et des questions sociales – m’y oblige. C’est pourquoi l’existence des Vibram Five Fingers, découverte sur divers blogozines de mes relations, m’avait interpellé quelque part au niveau du vécu de mes papattes.

Après des recherches infructueuses au Canada, j’ai fini par trouver un magasin qui en vend à Genève. Première constatation: ce n’est pas donné. Comptez plus de 160 francs suisses la paire entrée de gamme (“Classic”). Deuxième constatation: c’est assez moche; bon, je n’avais pas trop le choix des couleurs et, du coup, je me retrouve avec un bidule gris, vert fluo et jaune pisseux. On va dire que c’est mode, mais, en plus de l’apparence assez inhabituelle, ce n’est pas très heureux.

Mais bon, si je suivais la mode, ça se saurait; l’important, c’est de savoir si c’est sympa à porter et pour marcher avec. Ou courir, mais c’est pas du tout mon truc.

De façon générale, la réponse est “oui, mais”. De façon générale, je trouve ça plutôt chouette à porter. C’est très léger et la mince couche de caoutchouc qui constitue la semelle remplit parfaitement son office en protégeant ma précieuse anatomie plantaire de l’hostilité des trottoirs de Stuttgart.

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Stuttgart

Cette semaine, jusqu’au 28, je suis donc à Stuttgart. Autant dire que, vu que c’est pour le boulot et que ce boulot implique de passer quatorze heures par jour dans un centre de conférence, je ne vois pas grand-chose de la ville.

Et puis bon, niveau exotique, Stuttgart, ce n’est pas exactement le Japon. Les trucs les plus bizarres que j’ai vus, c’est les lignes de métro qui se transforment en lignes de tram dès qu’elles quittent le centre ville et une boutique avec un nom vraiment WTF.

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Muse: The Resistance

Je dois avouer que ce n’est pas moi qui ai découvert le dernier album du groupe anglais Muse, The Resistance, mais Madame mon épouse. Si j’avais la moindre notion d’honneur, c’est le genre de FAIL qui aurait entraîné un suicide rituel immédiat et douloureux. Disons que mon sens de l’honneur, ou ce qui en tient lieu, ne s’applique pas aux découvertes musicales, surtout quand elles impliquent du prog.

Bon, je sens que quelques millions de lecteurs, qui ont découvert Muse un éon ou deux avant moi, vont hurler et me jeter des objets lourds à la tête à la moindre mention de ce groupe associé au rock progressif – tonton Alias, ou “il voit du prog partout”. Ce n’est pas tout à fait faux, encore qu’entendre serait plus exact que voir, dans ce cas. Il n’empêche qu’à mon humble avis personnel à moi que j’ai, il y a clairement un côté prog: sinon dans la musique elle-même, mais dans l’éclectisme de la démarche.

En fait – et je pense que ces propos vont également me valoir une lapidation improvisée – cet album m’a surtout et d’abord rappelé un certain nombre de grands noms des années 1980, certains connus et d’autres moins: Ultravox pour “Uprising” ou “Guiding Light”, Alphaville dans “Resistance” et Queen pour “United States of Eurasia” (mais celui-ci, je soupçonne que je ne suis pas le seul). C’est parfois très subtil, comme les intonations de la voix de Matthew Bellamy, une mélodie en fond, parfois pas.

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Transit: Whitewater

Le post-rock et moi, c’est un peu la même histoire qu’entre le prog est moi: trop de redites engendrent la lassitude. C’est pourquoi j’accueille avec soulagement et enthousiasme des groupes comme les Belges de Transit et leur album Whitewater. Même si ce n’est pas exactement récent (2008) et que ça semble surtout mort depuis, c’est un petit courant d’air frais dans un milieu musical passablement encombré par les miasmes des copies de copies.

Dans l’absolu, rien ne semble distinguer Transit du groupe de post-rock lambda: musique principalement instrumentale basée sur des ambiances sombres et mélancoliques, nappes de guitares saturées et morceaux plutôt longs – trop parfois, comme les 9’57” de “Thor”, mais parfois pas assez comme pour les 14’10” de “January”. Et puis voilà que commence “No Smoking Gun” avec son faux rythme funèbre et là, on se dit qu’on tient quelque chose de différent.

Bon, “différent”, c’est peut-être un peu exagéré: ça reste du post-rock, même si les sonorités sont un peu différentes. Mais Transit est un de ces groupes qui explorent la frontière – fort poreuse – entre prog et post, notamment dans la construction des morceaux. “No Smoking Gun”, comme “January” plus tard, sont deux exemples de construction en tableaux qui rappelle beaucoup ce qui se fait dans le rock progressif.

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Black Bonzo: Operating Manual – The Guillotine Model Drama

Encore un nom d’album qui refuse de donner dans le simple: Operating Manual – The Guillotine Model Drama, de proggeurs suédois de Black Bonzo, a néanmoins le bon goût d’être abrégé par un peu tout le monde (le groupe y compris) en Guillotine Drama.

Black Bonzo m’avait sérieusement tapé dans l’oreille il y a quelques temps avec leur précédent album, Sounds of the Apocalypse, qui revisitait le rock progressif vintage inspiré par Yes et Kansas avec une sauce nettement plus heavy: grosses guitares et grosse énergie. Guillotine Drama est en grande partie sur le même modèle, mais ce qui devrait être une bonne nouvelle s’avère un peu décevant.

Je retrouve du Black Bonzo que je connais dans certains morceaux, à commencer par le morceau titre “Guillotine Drama”, mais assez rapidement, le reste de l’album se perd dans du pseudo-vintage style-genre qui me lasse plus rapidement que ne m’enthousiasment les quelques morceaux de bravoure qui surnagent.

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Charlie Jade

Ces dernières semaines, pour ne pas faire comme tout le monde, nous avons regardé à la télé un truc qui se passait en Afrique du Sud. Je vous rassure tout de suite (ou pas): il s’agit d’une sérié télévisée, coproduite par des Sud-Africains et des Canadiens, Charlie Jade. Vous n’en avez jamais entendu parler, malgré le fait qu’elle date maintenant de cinq ans? C’est normal: dans le genre bidule bizarre, c’est du lourd!

Charlie Jade, détective privé dans la ville futuriste de Cape City, se retrouve impliqué dans un accident/sabotage sur le site d’un réacteur expérimental construit par Vexcor la corporation dominante de la région. Quand il se réveille, il est dans un univers qui lui paraît différent: le nôtre. Il n’est pas le seul: Rina, qui vient d’un troisième univers et qui avait contribué à la destruction du site dans son monde, s’y retrouve également catapultée.

Mélangeant cyberpunk, univers parallèles et certains des codes du roman noir, Charlie Jade est une série qui mélange également des moments de pur génie et une trame générale assez brillante avec un rythme de narration abominablement lent et décousu. La plupart des gens que j’ai interrogé sur le sujet n’ont pas tenu au-delà du quatrième épisode.

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Messages d’un ère indicible

Certains d’entre vous – au hasard, ceux qui me fréquentent sur Facebook – auront sans doute constaté l’émergence d’un certain nombre de vieux billets. Par “vieux”, j’entends par là qu’ils datent de fin 2008 et, par conséquent, de l’ancienne incarnation du blog. Pour une fois, il ne s’agit pas de tonton Alias qui s’emmêle les …

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La Deuxième Guerre mondiale, c’est pas crédible

Grand moment d’internetitude par le dé(sur)nommé squid314 qui, sur son compte LiveJournal, balance un des meilleurs compte-rendus jamais lus de ce côté-ci de la blogosphère. Le résumé de son intervention: la Deuxième Guerre mondiale est un des scénarios les moins crédibles jamais écrits pour une série télé. OK, c’est très con et probablement un peu offensant, …

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Des commentaires très sportifs

Detail of players of foosball table by FAS company.

Maintenant que la Coupe du monde de foutebeaule est terminée, on peut de nouveau en parler librement. Je suis personnellement assez fier de n’avoir pas suivi le moindre match à la télé, mais ça ne m’a pas empêché de garder un œil sur le déroulement de certaines rencontres – et ce par un biais un peu, euh… particulier.

Des ninjas dans le lupanar

Séquence à la Kill Bill dans cette séance de la campagne lupanar, qui pour une fois se déroulait par un dimanche après-midi presque trop chaud: une troupe de yakuzas en costard cravate et katana tentent d’encercler le pavillon d’une des pensionnaires pour une sordide histoire de vengeance – pour se retrouver face à un Talvarid bleu royal. Bilan: si le Talvarid a fini par tomber, ce n’est pas à cause des deux coups de sabre, mais bien de la rafale de neutralisateur automatique en dispersion maximale tirée à bout portant par un petit camarade qui avait décidé de ne pas faire de détail…

Pas mal d’action dans cette séance, donc, avec une chasse à l’assassin sur fond de grosse fête et de troubles politiques et quelques révélations majeures – dont une qui arrivera au prochain épisode. Pourtant, je ne suis pas entièrement satisfait de l’ensemble. Problème de rythme, d’abord: le début a pas mal manqué de punch et, en regardant mes notes, l’agenda initial était même encore plus long que cela. Il faudra quelque peu revoir ça pour que les joueurs ne s’endorment pas trop (même si je suppose que la température n’aidait pas).

Problème de PNJ, ensuite: les motivations de l’assassin étaient beaucoup trop vaporeuses pour être crédibles cinq minutes face à des rôlistes vétérans des plans tordus, qui ont tendance à inventer quatre conspirations là où il n’y en a qu’une. Au final, j’ai brodé sur une des hypothèses lancées par les joueurs et ai bricolé sur le pouce une histoire d’attentat sur une des personnalités présentes à la cérémonie de clôture du festival. Ça a fait son petit effet – surtout sur le Talvarid, qui a une fois de plus joué les “boucliers de viande” en encaissant à peu près tous les pièges prévus.

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“The City & The City”, de China Miéville

Il y a des bouquins qui inspirent, chez l’aspirant (également au sens anglais du terme) auteur que je suis, un respect teinté de crainte. L’impression d’avoir touché du doigt et du cerveau quelque chose d’assez exceptionnel. The City & The City, de China Miéville, entre dans cette catégorie.

China Miéville, c’est l’homme de la fantasy urbaine: Perdido Street Station et les ouvrages qui tournent autour de cet univers, plus d’autres que je n’ai pas lus mais qui, à la lecture des résumés, laissent penser que ce sont les villes, plus que les personnages et les histoires qui s’y déroulent, qui occupent une place centrale dans ces romans. The City & The City, comme son nom l’indique – et si tant est que ma théorie est exacte –, ne fait pas exception.

Au commencement de l’ouvrage, il y a le meurtre d’une jeune femme, dont le corps est retrouvé dans un skate park de la ville de Besźel, quelque part en Europe du sud-est. L’enquêteur Tyador Borlú enquête pour se rendre rapidement compte que la clé de l’énigme se trouve dans Ul Qoma, la ville voisine, rivale et, pour tout dire, siamoise de Besźel.

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