Angra: Aqua

Pour commencer, un aveu: je n’ai jamais été fan d’Angra. C’est pourquoi la sortie d’Aqua, le nouvel album du groupe de métal progressif brésilien, après quatre ans d’absence, ne m’intéressait à priori que par la bande. Mais bon, mes souvenirs datant de Holy Land – c’est-à-dire d’il y a quinze ans – et les premiers échos étant plutôt positifs, je me suis lancé.

Après plusieurs écoutes, mon impression générale peut se traduire par un “mouais” retentissant. “Mouaibof”, même. Si je ne le savais pas et sur la seule base de mes souvenirs, j’aurais pu jurer qu’Aqua était sorti un ou deux ans après (voir avant) Holy Land. Angra me paraît être toujours engoncé dans les mêmes poncifs de power-métal, rehaussés par une louche de prog et quelques pauvres pépites d’une identité musicale brésilienne qui mériterait d’être bien mieux exploitée pour donner une touche de fraîcheur.

C’est là le drame d’Angra – enfin, surtout le mien vis-à-vis du groupe; si ça se trouve, eux le vivent très bien. Je sens bien qu’il y a du potentiel, mais j’ai l’impression qu’il manque au groupe quelque chose comme une vision commune. Ça se ressent également au niveau de la structure de l’album, qui semble sauter régulièrement du coq à l’âne, stylistiquement parlant.

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Autumn Hour: Dethroned

Dethroned, premier album du groupe américain Autumn Hour, aurait dû me plaire, sauf que non; ce qui nous change du Pendulum précédemment chroniqué, qui n’aurait pas dû me plaire, sauf que si. Car, en théorie, Autumn Hour est un groupe de métal progressif qui tire vers le métal extrême, ce qui n’est pas étonnant, quand on sait qu’un des membres du groupe a également fait partie d’un des précurseurs du genre, Watchtower.

C’est une partie du problème: Watchtower, qui faisait déjà de l’extreme-tech métal dans les années 1980, ne m’a jamais enthousiasmé et je considère son successeur, Spiral Architect, comme étant mon asymptote musicale en la matière: la limite supérieure de ce que je peux supporter dans la catégorie. Comme Autumn Hour hérite d’à peu près les mêmes tendances hystérico-suraigües que son ancêtre, ça commence mal.

La deuxième partie du problème est que cet album n’est absolument pas cohérent. Ce qui est d’autant moins une bonne nouvelle que la page officielle du groupe prétend qu’il s’agit d’un concept-album (su r le thème de la Singularité, rien de moins). On a des bouts qui font certes métal prog, d’autres qui font métal plus classique et des trucs qui font penser à du hard-FM mal dégrossi. À tel point que j’ai presque l’impression d’avoir trois groupes différents sur le même album.

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Oceansize: Self Preserved While the Bodies Float Up

Avec un peu d’expérience, le mélomane averti peut assez facilement deviner, d’après le titre de l’album, à quel genre il a à faire. Ainsi, le titre du dernier album d’Oceansize, Self Preserved While the Bodies Float Up, a un sérieux côté post-rock/post-métal de par sa longueur et son thème morbide. On peut avoir des surprises, mais, dans le cas présent, ça tombe assez bien; la pochette aide également pas mal.

Si le groupe anglais a reçu de par le passé de multiples étiquettes, allant du rock progressif au post-rock en passant par le space-rock, cet album est à classer aux côtés de groupes comme Isis, avec cependant une musique beaucoup plus recherchée, plus expérimentale, parfois volontairement déconstruite. En clair, faut s’accrocher, mais Self Preserved While the Bodies Float Up en vaut la peine.

L’influence Isis s’entend assez nettement dans le premier morceau, “Part Cardiac” et, dans une moindre mesure, le suivant “SuperImposer”; par la suite, le groupe explore de multiples approches musicales, souvent en même temps dans un seul morceau. “Build Us a Rocket Then…” est un assez bon exemple: il déboule à grande vitesse et part un peu dans tous les sens; si quelqu’un a bel et bien construit une fusée, c’est avec des bouts de machine à coudre soviétique trouvés dans une décharge.

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The Expendables

Je dis souvent que la nostalgie, c’est pour les cons, mais il faut quand même avouer que, quand c’est géré avec intelligence et humour, ça peut être plaisant. Témoin The Expendables, film-hommage au cinéma d’action de la fin du XXe siècle et ses héros à gros bras, gros flingues et petit scénario. D’ailleurs, c’est bien simple, ils sont à peu près tous au générique: Sylvester Stallone (également réalisateur), Jet Li, Dolph Lundgren, Micky Rourke, Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger, plus Jason Statham pour faire jeune.

L’idée de base est simple: un groupe de mercenaires, emmené par Stallone, est engagé par la CIA pour aller flinguer un général encombrant dans une petite île des Caraïbes; après, les choses ne se passent pas comme prévu, mais on s’en fout parce que c’est une bonne excuse pour flinguer tout ce qui est flinguable et faire sauter le reste. Le tout en une heure trente chrono, ce qui permet au bruit des explosions et des rafales de couvrir celui du pop-corn.

Tout le film tient dans ce simple paragraphe; c’est un énorme clin d’œil aux films du genre, qui utilise et revisite tous les clichés du genre, à commencer par les noms crétins (mention spéciale au personnage joué par Jet Li, Yin Yang), les dialogues dégoulinants de testostérone et de calembours douteux, le fétichisme des gros flingues, le décor qui explose (à peu près tout peut exploser dans ce genre de film), les cascades improbables, la bande originale mitigée symphonique martial et hard-rock, le thème de la rédemption et les méchants très méchants.

Les rôlistes joueurs de Feng Shui ou de Extreme Vengeance peuvent se passer les scènes au ralenti pour en décortiquer les actions selon les mécanismes de leur jeu favori et arriver à un catalogue assez exhaustif. Au reste, si je devais faire un gros reproche à ce film, c’est que les scènes d’actions sont parfois abominablement bordéliques et à la limite de la lisibilité; si on peut laisser un truc aux réals de l’époque, c’est qu’il savaient faire dans la chorégraphie lisible.

Bref, n’allez pas voir ce film pour autre chose que des gros muscles, des gros flingues et des grosses explosions. Mais allez le voir quand même, ça défoule!

Mars Hollow

Si on en croit les gazettes spécialisées, qu’elles soient numériques ou en arbre mort, la nouvelle sensation en matière de rock progressif est l’album éponyme de Mars Hollow. Groupe qui partage avec Spock’s Beard des origines californiennes, Mars Hollow propose une musique largement inspirée des grands classiques, avec notamment des éclats instrumentaux qui lorgnent visiblement du côté d’Emerson Lake & Palmer.

“Et si la France avait continué la guerre…”

En ce 6 juin 1940, alors que l’armée française est encerclée en Belgique et recule presque partout ailleurs, un banal accident de voiture change la face de l’histoire. La mort de la comtesse Hélène de Portes, place de l’Alma, est le point de divergence choisi par les auteurs de Et si la France avait continué …

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Conan le Barbare niveau zéro

Dans “Conan”, il y a “con”. Je sais que cela va paraître au mieux hérétique et plus probablement trollesque à un certain nombre de mes lecteurs, mais, trois jours après, je suis encore un peu énervé. Car, ce lundi, j’ai comblé une lacune culturelle et regardé Conan le Barbare.

Ce n’était pas une bonne idée. Au moins ça me permet d’en dire du mal en toute connaissance de cause.

Car, avec d’autres bouses (du genre Matrix), Conan le Barbare fait partie du panthéon cinématographique des rôlistes. Si cela ne me mystifie pas tant que ça, ça me déprime quand même un peu. Ça explique aussi beaucoup de choses sur le fétichisme suspect du rôliste lambda envers les grosses brutes qui cognent en général, les barbares en particulier et, plus généralement, le med-fan.

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Spock’s Beard: X

Comme son nom l’indique, cet album X de Spock’s Beard est le dixième du groupe californien. Ce n’est pas très original, mais, comme le cinquième s’appelait déjà V, il y a une forme de cohérence. Spock’s Beard, qui joue un rock néo-progressif classique, mais très énergique à base de claviers survitaminés, a longtemps été connu pour avoir été le premier groupe de Neal Morse, multi-instrumentiste de génie et chrétien enthousiaste.

À l’écoute de cet album, on sent encore clairement l’influence de cet ancien membre. Un peu comme le silence qui suit un morceau signé Mozart est encore du Mozart, même huit ans après son départ, l’ex-groupe de Neal Morse fait encore du Neal Morse. De façon générale, ça ne me dérange pas trop, d’une part parce que j’aime bien Neal Morse (malgré ses bondieuseries appuyées) et, d’autre part, parce que Spock’s Beard le fait plutôt bien.

En même temps, j’aimerais bien écouter un peu autre chose: Neal Morse fait du Neal Morse, soit; Transatlantic fait du Neal Morse, OK, il est dedans; Spock’s Beard sans Neal Morse pourrait faire l’effort de changer un peu. Ce qui me fait vraiment souci, c’est que, dans cet album, Spock’s Beard n’est jamais aussi bon que quand il fait des compositions à la Neal Morse.

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Pinkroom: Psychosolstice

Et allez donc, après les plombiers, encore des proggeurs polonais qui viennent manger le pain des, euh… Excusez-moi, je m’égare. Une petite poussée de fièvre brune, il y a un virus qui tourne, ces jours. Bref, Pinkroom est un groupe de rock progressif polonais qui, comme beaucoup de groupes de rock progressifs polonais de ma …

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Metäl Legends

Metäl Legends

Il semble que mon mème-fu soit puissant, car j’ai appris aujourd’hui que Selpoivre et Sedna, deux piliers du blog Studio Gobz’ink, avaient piqué récupéré mon idée de jeu de rôle métal à la Brütal Legend sans même l’avoir lue et lancé un projet Metäl Legends, basé sur le système de jeu Barbarians of Lemuria.

 

Kamelot: Poetry for the Poisoned

Et voilà Kamelot qui déboule avec Poetry for the Poisoned! À l’heure où le groupe américain (et non allemand, comme je l’ai longtemps cru; bon, il y a aussi des bouts de Norvégiens) semble faire beaucoup d’émules dans le genre métal symphonique, ce nouvel album a l’intention de remettre les pendules au milieu du village et mettre le feu à l’heure. Ou quelque chose dans ce goût-là.

Atrocity: After the Storm

À la base, l’album After the Storm du groupe allemand Atrocity part d’une bonne idée: faire une sorte de version métal de Dead Can Dance, quelque chose qui surferait sur la vague des groupes de death metal récents qui incluent des éléments de folk celto-amérindien et des ambiances ethniques.

Le problème des bonnes idées, c’est que si la réalisation ne suit pas, ça ne reste que des bonnes idées et, de ce point de vue, After the Storm déçoit quelque peu. Ce n’est pas que l’album soit mauvais, que les musiciens sont des manchots ou que les chanteurs Yasmin et Alexander Krull font tomber les oiseaux à la moindre vibration de leurs cordes vocales, c’est juste que l’ensemble est très inégal et parfois carrément maladroit.

Venant d’un groupe de p’tits jeunes qui débutent, j’aurais compris et peut-être même pardonné, car je suis comme ça: sévère, parfois brutal, mais miséricordieux; c’est mon côté Ancien Testament. Mais, si j’en crois la page MySpace du groupe (qui est raisonnablement bien faite, surtout si on la compare à d’autres du genre), Atrocity existe depuis vingt-cinq ans et a quand même quelques albums sous le harnais. Du coup, j’ai un peu un doute.

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Kwoon: When the Flowers Were Singing

Encore un groupe dont le nom et le titre d’album va faire ricaner le cyberpalmipède qui hante ces lieux: Kwoon, dont le dernier album en date s’intitule When the Flowers Were Singing. On peut faire plus obscur, mais ce n’est pas évident. Curieusement, ce n’est pas du rock progressif, même si l’album m’a été recommandé par le dernier numéro de Prog-Résiste.

Kwoon est un groupe français qui fait du post-rock éthéré et minimaliste, nettement inspiré par Sigur Rós. Leur musique est en grande partie instrumentale, mais comporte également quelques partie chantées (mais qu’on entend peu). Si le nom du groupe est inspiré du mot chinois qui est l’équivalent du dojo japonais, en fait d’art martial, on est plus dans le domaine du Taiji pour ancêtres que du Kung-fu. Amis du rythme et de la puissance, passez votre chemin! On est ici dans le domaine de l’onirique évanescent et des ambiances mélancoliques.

Le gros avantage de cet album est que, si on aime le genre, il est parfait. Malgré son “Overture” quelque peu tonitruant, il part très rapidement dans les contrées plus calmes, avec des ambiances à base de nappes de guitare et de violon. Les morceaux ont un petit côté faussement naïf: simples en apparence, mais plus complexes qu’elles n’en ont l’air, avec des mélodies pop couvertes par des atmosphères musicales sur plusieurs niveaux. Mention spéciale à “Ayron Norya”, le plus long morceau de l’album qui est, à mon avis, également le plus réussi.

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Le Marathon des Gnomes

Hier soir, je suis allé faire un saut au Marathon des Gnomes, une mini-convention organisé par le club genevois des Gnomes ludiques (“gnolus” pour les intimes). Le Marathon des Gnomes, c’est quarante heures de jeu non-stop dans les locaux du club, non loin du Musée d’histoire naturelle, ouvert à tous: jeu de plateau, wargame, jeu de rôle. Un évènement qui mériterait plus de visibilité et peut-être aussi un espace plus convivial.

C’est pour moi l’occasion de retrouver des gens avec lesquels j’ai joué il y a longtemps (du genre à se souvenir de Tigres Volants avant la première édition) et que je ne vois plus que rarement. À l’occasion, ça me permet de faire quelques parties de jeux de plateau sympas.

Cette année, j’ai enfin pu y faire une partie de Tigres Volants; je m’améliore: l’année passée, je n’avais pas trouvé de joueurs et, celle d’avant, j’avais carrément raté l’horaire et m’étais pointé, la bouche enfarinée, après la fermeture. J’ai donc joué le désormais habituel scénario de “L’héritage”, celui qui est en quelque sorte l’intro de la campagne lupanar.

Quand on est déhemme en convention, c’est toujours un peu la loterie: on ne sait jamais sur quel genre de joueurs on va tomber. Je devrais presque dire “sur quel genre de cas social on va tomber”, mais comme on parle de rôlistes, c’est un peu redondant. Du coup, j’ai eu droit à une belle brochette d’excités, le genre de jeunes joueurs qui considèrent que l’intégralité du scénario n’est qu’un immense punching-ball défoulatoire pour trop-plein d’hormones juvéniles.

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