Tigres Volants et la culture de l’échec

Tigres Volants lite (PDF) est un système qui me prend un peu, pour rester poli, comme une envie de pisser. D’un coup, je réfléchis à un truc et les idées s’enchaînent, parfois sans queue ni tête. Par exemple, récemment, je me suis mis à penser à un élément de la mécanique de Tigres Volants qui est notoirement absent de sa version lite: la notion de culture.

Entre deux parties de Dungeon Crawl, j’ai commencé à réfléchir mollement sur la façon l’intégrer dans les règles et, brusquement, je me suis rappelé d’une conversation que j’ai eue avec des potes, je ne sais plus trop quand – Antoine et Oliver à Lausanne, Brand ou Eric Nieudan en Belgique, va savoir! – et qui avait mentionné en passant certains jeux qui accordaient aux personnage, au lieu de jets de dés, un certain nombre de réussites.

Là où a m’a fait tilt, c’est qu’à mon avis, un tel système me paraît nettement plus adapté à Tigres Volants lite que l’actuel qui demande aux joueurs de lancer tous les dés. L’idée est que les compétences ne sont plus représentées par un score au dé, mais par un nombre de réussites. Par exemple, une pour le niveau zéro, trois pour le niveau 1, six pour le niveau 2, neuf pour le niveau 3 et douze pour le niveau 4 (équivalent aux niveaux -3, 0, +3, +6 et +9 de l’ancien système).

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Il tempio delle clessidre

Je ne suis pas un grand fan du sous-genre dit “rock progressivo italiano” et qui désigne le style musical typique d’une pétée de groupes transalpins qui me sont tous plus inconnus les uns que les autres. Néanmoins, je me suis laissé tenter par le premier album éponyme de Il tempio delle clessidre, principalement sur la recommandation du dernier Prog-résiste.

J’ai failli le regretter, mais failli seulement. Il m’a bien fallu une douzaine d’écoutes pour passer outre l’agacement causé par le chant en italien – la chanson italienne parvenant à l’exploit de m’agacer presqu’autant que la chanson française – et découvrir une musique certes peu originale, mais complexe, très travaillée et donnant lieu à une foule de morceaux de bravoure époustouflants.

La première à laquelle m’a fait penser la musique d’Il tempio delle clessidre, c’est certains groupes de rock progressif des années 1980-1990, comme Galadriel ou Clepsydra, mais également des plus anciens comme Emerson Lake & Palmer ou Van der Graaf Generator. C’est une musique qui déborde de claviers, principalement ceux à sonorité vintage; de ce point de vue, ça me rappelle également le Tardigrade de Simon Says.

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“Things That Never Were”, de Matthew Rossi

Si vous êtes un fan de Suppressed Transmission et de Ken Hite en général, vous allez adorer Things That Never Were, de Matthew Rossi. Ou le détester, c’est selon. La raison en est que ce bouquin aux 260 pages assez denses, divisé en une quarantaine d’articles de taille variable, reprend des principes similaires à ceux qui fondaient la rubrique hebdomadaire de Ken Hite, publiée en son temps dans le magazine Pyramid, sans en avoir nécessairement la même qualité.

Histoire parallèle, histoire cachée, uchronie, mythologie, occultisme et fantastique contemporain sont certes au rendez-vous et, de ce point de vue, les amateurs vont se régaler. Là où ça coince, c’est la forme. Je passe sur l’océan de typos et d’à peu près linguistiques qui menace à chaque page de submerger le texte (j’exagère, mais pas beaucoup), ce qui risque d’être plus gênant pour le fan de base, c’est l’impression que Matthew Rossi fait du Ken Hite sans être Ken Hite.

Bon, ça m’a un peu gêné au début, mais assez rapidement, je me suis rendu compte que l’auteur a son propre ton, ses propres idées et son propre style – moins rigoureux, plus littéraire, plus poétique aussi. Et surtout que ses idées ne sont pas moins barrées et érudites que celles de son modèle (je doute que Rossi ignore l’existence de Hite, vu qu’il le cite et mentionne à un moment avoir une impressionnante collection de jeux de rôle auxquels il ne jouera jamais; bienvenue au club!).

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Wakfu, saison 1

Wakfu, c’est un peu la méga-bonne surprise venue de nulle part. Je veux dire, un dessin animé français aussi enthousiasmant que Gurren Lagann ou Avatar (The Last Airbender, pas le machin bleu – ni le film de Night Shamalamala d’ailleurs), qui l’eût cru?

Surtout qu’à la base, on parle de quelque chose qui est inspiré d’un jeu massivement multijoueurs (auquel je ne joue pas) et un jeu de carte à collectionner (format que je déteste pour des raisons purement idéologiques), le tout dans un monde fantastique avec de la magie partout. Bref, un peu le tue-l’amour intégral pour votre tonton Alias.

En plus, c’est un truc pour gamins et c’est de l’animation un peu à la cheap, par ordinateur, avec un dessin très blocky, mais c’est conçu par une bande de zazous qui a visiblement compris que les dessins animés pour enfants qui peuvent être également appréciés par les adultes, c’est tout bonus. Du coup, on a droit à une histoire raisonnablement solide, avec beaucoup de clins d’œil, des jeux de mots idiots, un Grand Méchant pas si manichéen que cela.

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X-Men: First Class

Trop de mutants tue les mutants. C’est la réflexion première que je me suis fait en sortant de la séance ciné de X-Men: First Class hier soir (choix principalement dû au fait que ce film-ci n’était pas en 3D). Cette prequel de la série se déroule en effet au début des années 1960 et raconte les premiers pas des pas-encore-X-men dans l’aventure des gens avec des pouvoirs abscons, des noms de code bizarres et des costumes discutables.

Et, du coup, on a beaucoup moins des zozos à pouvoirs, ceux-ci sont donc mieux ancrés dans le réel (et, dans le cas présent, dans la crise des missiles cubains, en 1962) et on évite le nawak des deuxième et troisième épisodes de la série. C’est un peu comme les histoires de vampires et autres créatures surnaturelles, en fait: c’est intéressant quand ça ne concerne qu’une microscopique portion de l’humanité, le gros de la population restant ignorant de leur existence; quand tout le monde, son petit frère et son chien peut s’échanger des boules de feu, passer à travers les murs ou sauter par-dessus les immeubles, ça perd beaucoup de son intérêt.

Pour en revenir au film, je l’ai donc trouvé beaucoup plus agréable que les deux précédents. Il n’est pas au niveau du premier, mais il s’en approche; il a en tous cas cette dimension plus crédible, plus ancrée dans le réel, que les deux suivants. Il a aussi un petit côté jamesbondien, mais je suppose que ça tient beaucoup aux costumes très d’époque. C’est un choix personnel, mais je préfère nettement ce style plus “réaliste” dans les approches de films de super-héros, ou alors il faut y aller plein pot dans le “quatre-couleurs” et la surenchère.

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Je ne fais pas de politique: je crée

Civilization Board Game Table

En m’intéressant à la politique, j’essaye de comprendre comment les choses fonctionnent (ou, le plus souvent, comment elles ne fonctionnent pas); couplé avec des études d’histoire, ça permet aussi de voir quel est le poids de traditions et de pratiques passées – et souvent dépassées.

For All We Know

Le premier et éponyme album de For All We Know, projet solo du guitariste de Within Temptation Ruud Julie, est à classer dans la catégorie des jolies surprises de l’année. À vrai dire, si je ne l’avais pas reçu via mon “service de presse de seconde main” (coucou Denis!), je serais sans doute passé à côté. C’eût été dommage.

For All We Know propose un métal progressif léger ou un rock progressif lourd, c’est selon; on est assez loin du métal symphonique de Within Temptation et beaucoup plus proche de beaucoup de choses somme toute assez diverses, du métal pur au rock FM, en passant par différentes form de prog – néo ou métal. Par exemple, l’intro “Blind Me” et “Busy Being Somebody Else” rappellent une version modernisée d’Asia avec des pointes de métal progressif et des vocaux plus agressifs.

On note dans la liste des musiciens du groupe – réguliers ou invités – la présence des frères Gildenlöw, ce qui explique que l’album a (très) souvent de faux airs de Pain of Salvation. L’influence est surtout présente dans “When Angels Refuse to Fly”, “Embrace/Erase/Replace/Embrace” ou le très court “Keep Breathing”, qui aurait pu sortir d’une session de Be, mais on la retrouve de façon plus ou moins subtile un peu partout.

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Lazuli: 4603 battements

Quand je vous disais qu’il y avait du lourd dans mon pipe-line musical, ce n’était pas juste du bête teasing à deux balles. Parce que oui, pour moi, Lazuli, c’est du lourd ! Il a fallu moins de cinq ans pour que cette formation française devienne un incontournable du rock progressif et ces 4603 battements en sont autant de preuves incontestables.

Riverside : Memories in My Head

C’est un fait, sinon scientifique, du moins vérifiable : les bons albums sont toujours trop courts. Ce Memories in My Head de Riverside vérifie doublement cet adage, car non seulement c’est un excellent album, mais en plus il est réellement trop court : trente minutes.

Et comme on parle de Riverside, une des têtes de file du rock progressif contemporain, ces trente minutes se composent de trois morceaux de longueur à peu près égale. Probablement moins avant-gardistes que le précédent album Anno Domini High Definition, cet EP déroule néanmoins le savoir-faire Polonais dans leur style qui mélange le rock progressif traditionnel, des sonorités néo-prog à la Marillion et des instrumentations très métal.

Emmené par un Mariusz Duda au mieux de sa forme, ce qui marque surtout dans ces trois morceaux, ce sont les parties instrumentales somptueuses, comme la transition entre « Goodbye Sweet Innocence » et « Living in the Past » ou le final de ce même « Living in the Past ». Riverside est un groupe de monstres de virtuosité, mais qui ne laisse jamais ses individualités se mettre en travers des compositions.

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Memories of Machines : Warm Winter

Il faudra un jour que quelqu’un m’explique la différence fondamentale qui existe entre tous les groupes de la galaxie Steven Wilson. Parce que franchement, entre Porcupine Tree, No-Man, Insurgentes – voire même Blackfield – et le présent album Warm Winter de Memories of Machines, j’ai du mal à voir la différence. Ce n’est probablement pas un hasard si un des morceaux se nomme « Schoolyard Ghosts », titre d’un album de No-Man: Memories of Machines est avant tout le projet de Tim Bowness, de No-Man, et de Giancarlo Erra (Nosound).

C’est un reproche somme toute mineur, même si l’animal donne l’impression de monopoliser à lui tout seul toute la scène du rock progressif mélancolique et atmosphérique, que ce soit comme compositeur, interprète ou producteur. Du coup, de deux choses l’une : ou vous êtes fan du style et ce fort bien nommé Warm Winter va vous transporter une fois de plus, ou vous ne l’êtes pas et vous allez passer la journée à lancer hargneusement des fléchettes sur l’effigie du coupable.

Bien nommé, car ces mélodies douces-amères donnent l’impression de paysages hivernaux vu depuis la fenêtre d’un douillet cottage : ambiances glacées et harmonies dans les tons plus chaud, le tout dans un style qui rappelle un peu les morceaux acoustiques du Marillion de Steve Hogarth ou Sigur Rós – et bien sûr Porcupine Tree, mais cela va presque sans dire. La guest-list des musiciens est impressionnante, avec entre autres Robert Fripp, Peter Hammill, Jim Matheos, mais leur patte est à peine perceptible.

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Retour à Munich

Les trois signes de la vieillesse, c’est d’abord qu’on perd la mémoire et les deux autres, je les ai oubliés. Tout ceci pour dire – à part le fait qu’un quatrième signe est qu’on rit encore de ses blagues nulles – qu’hier je me suis retrouvé au centre de Munich, à chercher la boutique de comics dans laquelle j’avais rencontré Wendy et Richard Pini (les créateurs d’Elfquest) vers 1989-1990 et que je n’ai absolument rien reconnu.

C’était juste impressionnant et douloureux à la fois. Certes, je n’étais alors resté que quelques heures dans cette ville, arrivé le matin et reparti le soir – c’était l’époque bénie où je pouvais encore profiter de mes avantages de fils d’employé Swissair et payer environ 10% du prix des billets d’avion. Je vous passe sur le plan galère à base d’auto-stop sur une aire d’autoroute au milieu de la nuit.

Toujours est-il que, étant à Munich dans le cadre de la traditionnelle conférence sur l’Internet chrétien, j’ai voulu revoir à quoi ressemblait le coin et la réponse était “à rien de connu”. Je soupçonne que la boutique était dans le vieux centre commercial, entre la gare et Marienplatz, qui a été rasé il y a peu pour laisser la place actuellement à un trou et, plus tard, à un centre plus récent, mais je dis ça un peu pour me rassurer.

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Dungeon Crawl Stone Soup

Ma dernière excuse en date pour un manque de productivité massif s’appelle Dungeon Crawl Stone Soup. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un jeu d’exploration de donjon à la Rogue, en d’autres termes un “Rogue-like”. Vous connaissez la routine: créer un personnage, descendre dans un labyrinthe, y basher du monstre, ramasser du trésor et de l’équipement, monter de niveau, trouver l’artefact ultime et ressortir.

L’intérêt de cette énième variation est qu’une attention particulière a été portée à la conception et à l’ergonomie du jeu. La plupart des trucs inutiles ou chiants ont été purement et simplement retirés du jeu, comme la gestion de la lumière (ceux qui se sont retrouvé à court de torche dans Moria savent de quoi je parle), pas mal de trucs ont été simplifiés et il y a même un bouton pour explorer automatiquement le niveau.

Le jeu comporte également un grand nombre de classes et de races dans la grande tradition D&D et, plus intéressants, des dieux qui ont tous leur agenda et qui influent sur la manière de jouer: l’un déteste la magie, l’autre ne supporte pas les mutations, etc. Les niveaux sont aussi assez variés, avec quelques sous-donjons intéressants.

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Finn Arild Aasheim: Testament

Finn Arild Aasheim est un musicien norvégien de rock progressif dont le moins qu’on puisse dire est qu’il fait une fixation sur Genesis. Attention, pas le Genesis du Top-50: le vrai, le pur, celui qui perçait à peine dans les années 1970! D’ailleurs, c’est simple: le premier morceau de son nouvel album, Testament, s’appelle “Genesis”.

Du coup, voilà un Alias bien embêté. Pas que je voue une haine inextinguible aux premiers albums de ce groupe mythique, mais parce que les musiciens qui calquent à ce point la démarche artistique de leurs glorieux aînés me dérange toujours un tantinet. Il y a des fois où ça donne des trucs géniaux et d’autres où ça frôle le pathétique.

Cet album est un peu entre les deux. Le susnommé “Genesis”, avec plus de seize minutes au compteur (une exception dans un album où la durée moyenne tourne autour des quatre minutes), est plutôt bien foutu et constitue un bel hommage à l’esprit de l’époque, de même que “Water” qui lui fait suite. Je suis par contre beaucoup plus réservé sur des morceaux comme “All Right”,  “Carnival” ou “Robin” (principalement parce que je suis imperméable à la musique de Biteulse).

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