“Des Monts célestes aux sables rouges”, d’Ella Maillart

En 1932, Ella Maillart, jeune Suissesse assoiffée de grands espaces, parcourt l’Orient soviétique: Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan; elle écrit plus tard son récit de voyage, Des Monts célestes aux sables rouges. Un voyage dans les “marches” d’un empire d’un nouveau genre, tourné vers le progrès et la raison (officiellement, tout au moins), mais aussi dans les marches du XXe siècle, vers des modes de vie nomades qui remontent à des temps immémoriaux

Autant vous prévenir une fois de plus: comme annoncé dans mon billet sur L’échappée belle, du Ella Maillart, je vais en bouffer – et vous aussi, du coup! Si celui-ci est chronologiquement le deuxième, j’ai commencé par lui parce que le premier, Parmi la jeunesse russe, est épuisé. Mais à mon avis, pour se faire un idée de la vie d’exploratrice de la narratrice, il est probablement plus pertinent que ses activités sportives avec les jeunesses moscovites.

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Uranian: La Ciudad de los Sueños

Il semblerait qu’après les Scandinaves et l’Europe de l’est, ma nouvelle destination musicale de prédilection soit l’Espagne et l’Amérique latine, puisque Uranian est un groupe argentin. Cela dit, question exotisme, vous repasserez, car La Ciudad de los Sueños est entièrement instrumental.

Musicalement parlant, ce n’est pas très exotique non plus, car il s’agit là d’un métal progressif certes de très bonne facture, mais qui emprunte beaucoup aux inspirations habituelles du genre (comprenez: Dream Theater) et à d’autres champions du métal instrumental, comme les guitar-heroes des années 1980.

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Un mois de mars gris foncé

On aime ou on n’aime pas les Anonymous, ils ont un certain flair pour les actions spectaculaires. Une des dernières en date, à laquelle j’ai décidé de partiellement m’associer, est Black March, qui peut se résumer par un boycott de l’industrie des médias.

Si j’approuve l’idée générale – envoyer un signal aux grosses industries des médias – je ne compte pas aller aussi loin que le mot d’ordre: ne rien acheter, ne rien télécharger. D’une part parce que je n’y arriverai juste pas et, d’autre part, parce que je vois ici une bonne occasion d’explorer des circuits alternatifs et de faire profiter des éditeurs indépendants. Réellement indépendants, donc, pas “indépendants” au sens où Hollywood l’entend.

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La Horde de Barbarie X

La Horde de Barbarie, c’est la convention en bas de chez moi. Presque littéralement, d’ailleurs, puisqu’elle a lieu au Grand-Lancy, un bled à deux bornes en contrebas de là où j’habite, sur une ligne directe de bus, en plus. Tout ceci pour vous dire que je n’avais à peu près aucune excuse pour ne pas y aller, même si c’est techniquement ma troisième conv’ en autant de week-end, après Cannes et Bagneux.

Bon, par contre, ce n’est pas exactement le même calibre d’événement: La Horde, organisée par un des clubs genevois, squatte une (petite) salle communale, qu’elle partage entre deux stands et une vingtaine de tables, répartis entre rôlistes et amateurs de jeux de plateau. Gros défaut, du coup: on est un peu les uns sur les autres, même si, objectivement, la salle était un peu vide. Pénurie de MJ, de ce que j’ai compris.

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Eye 2 Eye: After All…

Je dissertais récemment sur comment trouver du bon rock progressif via sites et revues; ça ne fonctionne pas à tous les coups. Témoin ce After All… signé en 2009 par le groupe français de néo-prog Eye 2 Eye, encensé par la critique en son temps et qui traînait dans mon chariot Amazon depuis tout ce temps. À l’écoute, j’ai l’impression qu’on n’a pas acheté le même album; en fait, je me demande même pourquoi je l’ai acheté. Chez moi, c’est rare.

En fait, le gros défaut de cet album, c’est que j’ai l’impression d’y entendre un groupe de néo-prog débutant des années 1980, essayant laborieusement d’arriver au niveau de ses modèles de l’époque: Marillion ou Pendragon. La plupart de ces groupes avaient un peu tous le même défaut: un chanteur (au mieux) pas au top.

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Freaks’ Squeele 5: Nanorigines

Déjà cinq tomes avec ce Nanorigines et Freaks’ Squeele m’apparaît comme une de mes séries préférées, un délire construit à mi-chemin entre les univers de Harry Potter et d’In Nomine Satanis/Magna Veritas, le tout traité à la double sauce du manga shoujo et de l’humour décalé. Oui, je sais: dit comme ça, ça paraît assez indigeste.

On retrouve donc les trois protagonistes habituels de la série: Chance la démonette hyperactive, l’experte en kung fu et cheffe des Triades Xiong Mao, et Ombre de Loup, représentant les esprits de la nature. Dans ces épisodes, beaucoup moins orientés action que les précédents, ils vont enquêter sur le passé de leur école de héros, alors que l’école rivale tente de la faire fermer et que l’opinion publique la considère comme un repaire de criminels en devenir.

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Crippled Black Phoenix: (Mankind) The Crafty Ape

J’ai un disquaire, à La Citadelle, qui est souvent de bon conseil. Il connaît mon goût pour les bizarreries prog et post-rock, et, de temps en temps, il me propose des OVNI comme ce (Mankind) The Crafty Ape signé du groupe anglais Crippled Black Phoenix. Parfois, ça me plaît, mais dans le cas présent, ça me laisse surtout dubitatif.

Crippled Black Phoenix, c’est un peu comme si Pink Floyd s’était réincarné dans un groupe de post-rock, tendance stoner qui mord. Déjà, à la base, c’est plus un projet commun de plusieurs musiciens de la scène post-rock et psychédélique britannique et, si j’en crois leur biographie wikipédienne, c’est du concept abscons avec beaucoup de drogues, genre “ballades pour la fin des temps”.

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Écologie et civilisation avancée

C’est un tout petit billet très court signé Warren Ellis, dont le contenu peut se résumer à son titre: Any Sufficiently Advanced Civilization Is Indistinguishable From Nature. Traduit dans la langue de Barjavel, toute civilisation suffisamment avancée est indistinguable de l’état de nature. C’est le titre d’un article du site Next Nature, qui joue bien évidemment sur la troisième Loi de Clarke.

Je ne sais pas pour vous, mais c’est une idée que je trouve juste brillante pour la science-fiction du XXIe siècle, qui devrait précisément parler du XXIe siècle. Le paradigme dominant est d’imaginer des civilisations avancées dépendant d’une technologie ubiquitaire et, surtout, visible (voire agressivement visible). Et si, au contraire, on posait l’idée que cette même civilisation avancée a, au contraire, réussi à contrôler son impact environnemental sans sacrifier son confort et son développement social et technologique?

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Festival international des jeux de Cannes 2012

C’est devenu notre virée bi-annuelle dans le sud de la France : Isa et moi étions au Festival international des jeux de Cannes (FIJ pour les intimes) ce week-end. C’est aussi l’occasion d’aller dans un bled potentiellement plus chaud que Genève en hiver – surtout cet hiver-ci.

Contrairement à beaucoup de salons qui jouent dans la surenchère titrière, voire dans la mégalomanie profonde, le FIJ mérite bien son nom de festival international, et le « des jeux » n’est pas non plus là pour dire « le poker et la belote » (ou « le jeu de rôle et le grandeur nature »), mais bien tous les jeux, ou peu s’en faut.

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“Salut Delcano!”, de Raymond Milési

C’est au hasard de mes pérégrinations sur les stands de Zone franche que je suis tombé sur Salut Delcano!, de Raymond Milési: ce dernier présentait également un ouvrage sur San-Antonio. J’ai donc pris, un peu au pif, ce volume qui semble être le premier d’une série. Après l’avoir lu, je me dis que j’aurais dû prendre le deuxième dans la foulée; en même temps, mes deux sacs étaient déjà cubiques, je frôlais l’accident nucléaire avec la densité de papier que je trimbalais…

On va résumer: les aventures de Lomi Jon Delcano, agent spécial au service de la Confédération terrienne, sont une synthèse réussie entre la science-fiction que je lisais dans la collection Fleuve Noir Anticipation il y a trente ans et les San-Antonio que je lisais… ben tiens, à la même époque, en fait. C’est assez de la SF “à la papa”, avec des pistolasers et des vaisseaux hyperluminiques, des peuples plus ou moins barbares et des planètes monoclimatiques.

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“Pyongyang”, de Guy Delisle

Non, je n’avais jamais lu Pyongyang, le roman graphique de Guy Delisle, dessinateur québecois parti en Corée du nord pour superviser la production d’un dessin animé en 2001. Oui, j’ai un peu honte, mais un peu seulement: le monde est rempli de classique que je n’ai pas lu et, quand je ne serai plus là, ce sera toujours le cas, donc pourquoi s’en faire? Mais un peu quand même, parce que ça reste un bouquin impressionnant.

Au reste, vous aurez sans doute noté que je parle de “roman graphique”; c’est le terme sérieux pour parler de bande dessinée, pour éviter que votre interlocuteur croient que vous essayez de lui refiler en douce le dernier volumes des Blondes. Parce que si, techniquement, le format est celui de la bande dessinée, le propos est un carnet de voyage, donc largement autobiographique, d’un Occidental lambda parti travailler deux mois dans le pays le plus fermé du monde.

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Lacuna Coil: Dark Adrenaline

Lacuna Coil et moi, c’est compliqué. En ce moment, je suis en train d’écouter Dark Adrenaline et j’aime plutôt bien. Le souci est que, dans mon expérience, le métal semi-progressif, tendance nu-métal, à deux voix du groupe italien a tendance à me lasser assez vite. Pour être plus précis, à l’écoute, il me vient assez rapidement à l’esprit que ça tourne en rond.

Donc, pour le moment, Dark Adrenaline est encore dans la période “état de grâce” et je me prends de nouveau à bien apprécier l’album. À vrai dire, et ce malgré mes réserves sus-mentionnées, j’ai toujours bien aimé Lacuna Coil; je dois avouer avoir toujours eu un faible pour les duos vocaux mixtes, c’est pourquoi je suis une des rares personnes à apprécier la présence de Marko Hiettala sur les albums de Nightwish. Dans le cas présent, Cristina Scabbia et Andrea Ferro sont très efficace.

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« Rule 34 », de Charles Stross

Règle numéro 34: quel que soit le sujet, il en existe une version porno. Aucune exception. C’est une des multiples règles mémétiques à laquelle Liz Kavanaugh, inspectrice de la police écossaise dans les années 2020, est confrontée quotidiennement dans Rule 34, le dernier roman de Charles Stross.

À la suite des événements décrits dans Halting State, auquel Rule 34 fait suite quelques années plus tard, elle se retrouve sur une voie de garage, à la tête d’une brigade en sous-effectif qui est en charge de faire face aux mèmes dangereux et autres pratiques virales qui pourraient déborder dans le monde réel.

Autrefois promis à un brillant avenir, aujourd’hui forcée à regarder des peta-octets de vidéos de chats, de cascades jackassiennes et de perversions sexuelles rendues uniquement possible par la popularisation d’images de synthèse photoréalistes, elle se retrouve impliquée dans une enquête sur une série de “malheureux accidents” fatals à un nombre considérable de spammeurs. Et doit refaire équipe avec l’ex-superflic européen qui avait été partiellement responsable de sa disgrâce passée.

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Flyingdeadman : the forgotten t(h)ree

Les post-rockers de flyingdeadman, dont je vous avais déjà parlé précédemment (mais en les cataloguant belges alors qu’ils semblent français), reviennent avec the forgotten t(h)ree, un nouvel album – techniquement un EP, mais avec quarante-cinq minutes, ne chipotons pas – qu’ils ont eu la gentillesse de me signaler et qui partage pas mal de points communs avec d’autres groupes du même genre, notamment une haine tenace de la capitalisation.

De façon moins anecdotique, le post-rock instrumental de flyingdeadman est somme toute très classique, fait d’une grosse dose de textures guitaristiques, sur la base d’une rythmique solide, le tout souligné par quelques touches de claviers. Cela donne au final une musique qui oscille entre presque-ténèbres et une lumière diffuse, une ambiance crépusculaire et mélancolique.

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Zone franche Bagneux 2012

C’est sur les conseils d’Éric Nieudan qu’au milieu des frimas de saison, j’ai pris ma besace sous le bras, mon courage à deux mains et, ainsi encombré, j’ai pris le chemin de la riante cité de Bagneux, dans la banlieue sud de Paris, pour l’édition 2012 de Zone franche Bagneux (attention, site qui pique les yeux – de l’intérieur si vous êtes graphiste). Cette phrase vous montre d’ailleurs bien que, contrairement à nombre des personnes y rencontrées, je n’ai aucune chance de devenir un vrai auteur de science-fiction, mais passons.

Zone franche est une manifestation un peu différente des conventions et autres salons plus ludiques que je fréquente d’habitude, en ce qu’il s’agit d’une convention dédiée aux « cultures de l’imaginaire ». Vaste sujet. Dans les faits, on y retrouve surtout un grand nombre d’éditeurs spécialisés dans la science-fiction, la fantasy et/ou le fantastique (SFFF pour les initiés), une petite foule d’illustrateurs, quelques associations et une petite section rôlistes, animée principalement par le Grog et la FFJDR.

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Iron Sky en approche

Je vous ai déjà parlé de Iron Sky, ce projet finlandais barré de film de science-fiction à propos de Nazis qui reviennent, septante ans plus tard, de leur base cachée sur la lune. Si si, je vous en ai parlé, mais c’était bien il y a quatre ans de ça, donc je peux comprendre que vous ayez oublié. Moi-même, je l’avais un peu oublié, jusqu’à ce qu’arrive sur io9.com l’annonce que, non seulement le film est terminé, mais qu’il sera présenté ce dimanche à la Berlinale.

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Flattr: rapport pour janvier 2012

Je ne sais pas si c’est la tendance ou une sorte d’accident statistique, mais après un mois de décembre plutôt raisonnable malgré deux semaines de hiatus, 2012 commence pour moi en fanfare, avec presque cinq euros de revenus Flattr: €4.88 pour être précis. C’est presque un record, même si je suis très loin des revenus d’un Sebsauvage

Blog à part en lui-même a reçu un clic, plus l’habituel clic de Chassegnouf sur mon profil Flattr; ajoutez à cela deux clics pour des commentaires sur le blog Flattr (quand un des fondateurs du projet vous gratifie d’un clic, ça fait un petit quelque chose…).

Pour ce qui est de mes articles, Qui prend la première GARDE? a reçu deux clics, de même que Théorie de la théorisation (comme quoi, les sujets abscons à base de jeu de rôle et de black-métal, ça fonctionne aussi). Légèreté, an IIQui veut la peau de l’ordinateur universel? et La culture, ce n’est pas comme la confiture ont eu un clic chacun.

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“Mainstream”, de Frédéric Martel

En ces temps où on parle beaucoup de culture, surtout dans le cadre des différents accords censés “sauver les artistes”, mais écrits par les lobbyistes de l’industrie, la lecture d’un ouvrage comme Mainstream, de Frédéric Martel, est un salutaire rappel à la réalité.

Sous-titré “Enquête sur la guerre globale de la culture et des médias” et présenté sous la forme d’une enquête sur les cinq continents, cet ouvrage assez massif (560 pages de texte pour son édition de poche, chez Champs Flammarion) décrit les tenants et les aboutissants de la culture populaire, dite “mainstream” et, surtout, la lutte qui se déroule entre nouvelles et anciennes “grandes puissances” des contenus.

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