Aesthesys: Alignments

Je vais être franc: dans un paysage post-rock passablement sclérosé, Achromata, le précédent album du groupe russe Aesthesys que j’avais découvert l’année passée, avait fait l’effet d’une bombe. Ils reviennent avec Alignments, un nouvel opus, et une question: sera-t-il au niveau?

Aesthesys est donc une formation originaire de Saint-Pétersbourg, en Fédération de Russie, qui propose un post-rock instrumental énergique et planant, dominé par un violon surnaturel. Pour cet opus, le groupe va également explorer d’autres horizons, notamment… la synthwave.

J’avoue: je ne l’avais pas vu venir.

Alignments est un album plutôt court: un peu moins de trois quarts d’heure réparti en dix pistes, qui ne dépassent que rarement les cinq minutes. Ce qui est un peu étonnant au vu de leur musique, qui semblerait taillée pour les epics à grand spectacle.

Il est fort possible que mon objectivité légendaire (entendez par là: personne ne l’a jamais vue) se fasse quelque peu moubourrée par la présence du violon, mais j’ai l’impression qu’Aesthesys est une des rares formations de post-rock qui s’efforce de sortir des sentiers battus.

Sur Alignments, album que le groupe désigne comme la « bande son officielle du soulèvement des IA », Aesthesys fusionne son post-rock avec des éléments synthwave pour donner naissance à des paysages musicaux familiers et néanmoins nouveaux, où l’organique du violon se mêle aux sonorités électroniques.

Le « rock progressif favori des robots et des réseaux neuronaux », comme ils disent.

Ainsi, si des pistes comme « Exodus », « Black Swans » ou « Transcendants » restent sur un créneau classique, ce n’est plus le cas de « 01101001 », « Hello World », du symphonique « Replicant Party » ou « Obey », où se mélangent les claviers eighties et les grosses guitares.

La seule réelle bizarrerie de cet album, c’est peut-être « Better Stranger », qui repompe sans vergogne l’intro de « Change », de Yes. Ce n’est pas mauvais, c’est juste que, quand on connaît l’original, c’est juste immanquable.

Malgré – ou peut-être à cause – de cette alliance contre-nature, Alignments donne une grande impression d’homogénéité et de maîtrise. Pour en revenir à ma question initiale, la réponse est globalement oui: certes, l’effet de surprise est passé, mais Aesthesys parvient à me surprendre de nouveau en allant là où je ne l’attendais pas. Je suis bluffé.

Tel que c’est parti, ça ne m’étonnerait pas qu’on tienne là le meilleur album post-rock de l’année. Je me dois de vous recommander chaudement Alignments, c’est une galette d’exception, à découvrir séance tenante sur Bandcamp!

Bonus: la vidéo complètement cintrée de « Replicant Party », mais il y en a beaucoup d’autres, tout aussi barges

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