Atto IV: Shattered Lines

Il y a rock progressif italien et rock progressif italien. Pour être précis, il existe un sous-genre du rock progressif, le rock progressivo italiano; Atto IV (prononcez “atto quatro”) est un groupe de rock progressif italien qui, si j’en juge par leur tout nouvel album Shattered Lines, fait plutôt dans le néo-prog moderne, le genre de musique avec de l’énergie par mégajoules, des compositions complexes et souvent déjantées. À moins, bien entendu, que je n’aie absolument rien compris au rock progressivo italiano, ce qui ne m’étonnerait qu’à moitié.

Mais foin des étiquettes, quid de la musique? Par “néo-prog moderne”, j’entend un rock progressif en apparence simplifié, qui n’a pas peur de donner dans les mélodies accrocheuses et qui, surtout, a découvert que depuis Marillion, il y a eu des groupes comme Dream Theater ou Porcupine Tree et que c’était vachement bien. Du coup, on a droit à des soli de guitares agressives et de claviers débridés et, surtout, des compositions que n’hésitent que rarement à passer la barre des cinq minutes.

Le truc intéressant avec Atto IV, c’est que les morceaux sont souvent des compositions complexes en tableaux multiples, mais avec une bonne cohérence. Témoin “Bad Dream”, qui arrive en deuxième position sur l’album et entraîne l’auditeur dans un tumulte onirique, certes, mais surtout énergique. En fait, le groupe aligne souvent des sonorités classiques, mais en les accommodant à sa sauce. L’intro de “Ecce Homo” a déjà été entendue maintes fois, mais son traitement est original et ne sert en plus que d’intro à cinq minutes passablement déjantées, rappelant des groupes comme Cairo ou même Van der Graaf Generator.

Je suis moins enthousiaste avec “A Second”, bombardé “single” de l’album et qui me rappelle un peu trop certains groupes semi-professionnels des années 1990 avec une composition pas tellement maîtrisée, des claviers qui sentent le vieux et des vocaux qui tombent un peu comme autant de cheveux sur la soupe. C’est aussi le défaut des morceaux longs: huit minutes à ce régime, c’est très long; heureusement qu’il y a là des ponts instrumentaux d’excellente facture.

En fait (et comme souvent dans le prog), la voix de Valerio Rizzotti, qui assure également les guitares, est un peu le point faible du groupe: on a l’impression qu’il est constamment au bord de l’apoplexie. C’est dommage, parce qu’il assure niveau guitares et ses petits camarades sont plutôt doués également: des titres comme “In Crisis” ou le fort bien nommé instrumental “Final Rush” méritent largement le détour. Mais bon, péchés de jeunesse que ces peccadilles: Atto IV, qui signe avec Shattered Lines son deuxième album, a encore le temps d’affiner son style. Dans l’intervalle, on a avec cet album largement de quoi se régaler.

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