Aucan au Queen Kong Club de Neuchâtel

Aucan au Queen Kong Club, Neuchâtel, 7 février 2010

C’est plus ou moins sur un coup de tête que j’avais décidé d’aller voir Aucan en concert à Neuchâtel : en même temps que je découvrais le premier album éponyme du groupe, j’apprenais qu’il passait à Neuch’ dans le week-end de mon anniversaire. À cette époque, mon Plan Génial était de convaincre mes potes de faire une expédition groupée.

En fait, c’est juste Isa et moi qui avons fait le voyage. Je soupçonne que le math-rock bizarroïde teinté d’éléctro d’Aucan, la distance et l’heure indue du concert ont quelque peu refroidi l’enthousiasme de l’assistance. Tant pis pour eux : ils ne savent pas ce qu’ils ont manqué !

Confidence pour confidence, je ne suis pas très sûr non plus de savoir ce que j’ai vu.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre et le peu d’attentes a été battue en brèche par le concert. La musique d’Aucan, telle que je la connaissais avant le concert – je précise, parce que c’est important pour la suite – est du genre à défier les caractérisations faciles. Difficile également d’imaginer ce que peut donner cette accumulation de sons minimalistes, patiemment assemblés en des compositions complexes, en concert – surtout quand on sait qu’Aucan, c’est trois musiciens.

Queen Kong Club

Mais, avant de découvrir tout cela, il nous a fallu relever d’autres défis : Indiana Jones (et Jane) des temps modernes, nous nous en sommes allés pour Neuchâtel (facile, sauf quand on rate deux fois le train), trouver notre hôtel (facile, sauf quand on se perd) et trouver le Queen Kong Club (facile, sauf quand on n’a pas de plan). Bref, on est arrivés en retard. La bonne nouvelle, c’est qu’on n’était pas les seuls.

Le Queen Kong Club est l’une des multiples excroissances de la Case à Chocs, salle de concerts neuchâteloise bien connue, dont la salle principale était envahie ce soir-là par des yos à casquette venus assister à un événement hip-hop (très) quelconque. C’est une salle microscopique – plus petite que Satellite, c’est dire ! – dans laquelle s’agglutinaient quand même une centaine d’amateurs de musiques expérimentales.

Buvette au Queen Kong Club, Neuchâtel, 7 février 2010

Les bizarreries ont commencé avec Buvette, un Veveysan tout seul sur la scène devant une table remplie de bidules électroniques, pour un petit concert d’électro-rock sur fond de projections vidéos conceptuelles à concepts conceptuels. Comme ce n’est pas vraiment mon style de genre, je m’abstiendrai de faire plus de commentaires, sinon pour souligner le courage qu’il faut pour tenter ce genre d’aventure solo devant un public pas forcément acquis à la cause.

Après une pause pour démonter la batterie de synthés de Buvette, arrive Aucan. Ils sont trois, disposés en U : deux claviers, guitare en bandoulière, et un batteur. Il est immédiatement évident que ce dernier est l’élément clé du groupe. C’est somme toute assez classique : autant en studio, on peut jouer sur la production pour choisir de mettre en avant tel ou tel instrument, autant en concert, c’est celui qui cogne le plus fort qui gagne. Et là, il n’y a pas photo (enfin si, mais floues) : ce batteur est une furie qui s’impose comme la colonne vertébrale du groupe.

Est-ce là une conséquence de la prépondérance de la batterie? En concert, les morceaux d’Aucan prennent une dimension différente de la version studio: l’aspect méticuleusement construit laisse la place à un foisonnement énergétique qui frise le chaos, mais d’où parvient quand même à émerger la structure musicale. C’est très surprenant.

Aucan_14

La surprise est également venue du choix des morceaux : Aucan a décidé de ne jouer qu’une seul composition de leur premier album, le néanmoins remarquable « Tesla », pour se concentrer sur leur nouvel album DNA, sorti en primeur pour cette tournée (ils ont fini de l’enregistrer la semaine passée). Je n’ai pas encore écouté l’album, mais ce que j’en ai perçu pendant le concert donne l’impression de quelque chose de beaucoup plus expérimental.

Je soupçonne qu’Aucan est un groupe pour qui l’expérimentation est une raison d’être. Le fait qu’ils prennent le risque de concentrer leur performance en concert précisément sur un tout nouvel album, qui plus est très différent du précédent, est un signe. Déjà que leur premier était en grande partie fait d’expérimentations sonores, qu’est-ce que ça va être ?…

Le défaut est que, comme DNA est un EP et pas un album complet, ça a donné un concert court, à peine une heure, sans rappel. Ce qui, pour moi, est quand un peu décevant, à double titre : pas assez d’Aucan et pas assez du premier album (qui s’appelle aussi Aucan, d’ailleurs). Mais, compte tenu de la qualité de la prestation, c’est juste une petite déception : en concert, Aucan est un groupe qui mérite d’être vu et entendu, pour le mélange détonnant d’expérimentation et d’énergie que dégagent leurs compositions.

Reste pour nous la délicate tâche de survivre au dimanche après une longue journée et une très courte nuit…

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