La complainte du codeur nul

En préambule, soyons clair ce billet est avant tout un cri de frustration en direction de personne en particulier. À la façon d’un fusil à canon scié chargé à la merde, ça va éclabousser de partout et ça ne va pas sentir bon, mais ça soulage. Un peu.

Pour tout dire, c’est à cause de mon blog. J’y reviendrai.

J’ai déjà dû vous dire une ou douze fois que je suis une pive en codage et que cette pivitude s’étend également à des choses telles que la gestion de serveurs. En fait, ce n’est pas tout à fait vrai: j’ai quelques connaissances sur le sujet. J’ai bricolé de l’Unix et même du VAX/VMS dans ma jeunesse et j’ai fait mes premières armes en HTML à l’époque où le tag IMG ne tournait que sur les navigateurs Netscape 0.x.

Comme on dit, j’en connais assez pour me faire pendre mais pas assez pour me sauver. C’est frustrant, parce que cela signifie également que j’en sais assez pour avoir envie de faire des choses, mais pas assez pour y arriver.

Pour en revenir au blog, ceux qui y accèdent autrement que par un flux RSS ont sans doute dû noter qu’il a une sale tête, ces temps-ci. La raison en est que… non, en fait, je n’en sais rien.

J’utilise un thème – Hueman – qui fonctionne plutôt bien en tant que tel, mais auquel j’ai adjoint un thème enfant pour pouvoir y rajouter deux ou trois fonctionnalités sans devoir me prendre la tête à chaque mise à jour.

En soi, rien de sorcier: la procédure est connue et classique dans le monde de WordPress et le thème est censé pouvoir gérer ce genre de blague sans bouger les oreilles. Sauf que, dans les faits, les navigateurs refusent de charger la feuille de style. D’où site moche.

Là où ça devient très frustrant, c’est qu’à peu près tous les suspects habituels sont mis hors de cause:

  1. Le thème de base fonctionne sans souci;
  2. Le thème enfant a été réalisé by the book, j’ai même carrément repris le modèle fourni par le développeur du thème;
  3. J’ai même testé le bazar en désactivant tout ce qui n’était pas absolument nécessaire;
  4. J’ai même flingué un certain nombre des plugins qui ont tendance à faire des choses ignobles, sans effet.

Ce qui me frustre vraiment, c’est que ce genre de plaisanterie – un bug ignoble qui apparaît alors que tout a été fait selon les règles – m’arrive régulièrement. En fait, à peu près à chaque fois que j’essaye de monter un truc tout seul, de mes blanches mains.

C’est un peu comme si l’univers de l’informatique essayait de me dire “étranger, ici on n’aime pas les étrangers.” Je lis souvent les adeptes du libre, de l’open-source, du host-your-own et autres dauber les utilisateurs d’Apple ou de Windows. Bien sûr, c’est propriétaire, tout fermé et opaque façon purée de goudron, sauce à l’encre, mais ça ne demande pas une table de logarithmes et un doctorat en mathématiques du chaos pour s’installer et fonctionner.

Je me demande s’il tous les informaticiens fous qui mâchent du C++ sous Vim au petit-déjeuner se rendent réellement compte de la difficulté pour le peuleu moyen (au hasard: moi) de mettre en place les solutions qu’ils proposent. Ça me rappelle un prof de math qui avait tendance à remplir trois tableaux de formule et de conclure “le reste, c’est trivial”.

Je soupçonne qu’un des problèmes, c’est également que le terme “configuration standard” est de facto un oxymore, qu’il n’y a pas deux serveurs configurés de la même manière et que la mise en place de logiciels est un exercice pratique dans l’observation de “l’effet papillon”: le moindre point-virgule mal placé a la capacité de mettre sur le toit la machine la plus sécurisée du monde.

J’ai l’impression que je me répète, mais si les grands pontes du logiciel libre – quel que soit le nom qu’on lui donne, même ça, ce n’est pas standard – mettaient autant de soin à avoir des systèmes qui se configurent suffisamment simplement pour que même un semi-branlo dans mon genre puisse le gérer, ça ferait sans doute plus pour leur cause que toutes les améliorations de fonctionnalités à base d’acronymes abscons.

Ça et la transmission des connaissances, aussi. Mais c’est sûr que ce sera plus facile si les procédures de configuration sont simplifiées.

(Photo: Fall 2011 Student Hackathon Coding by @matylda via Flickr, sous licence Creatice Commons, partage dans les mêmes conditions.)

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5 réflexions au sujet de “La complainte du codeur nul”

  1. Ce matin, je publie cet article et c’est tout cassé.

    Deux heures plus tard, tout fonctionne nickel.

    Comme quoi, râler, ça paye… 🙂

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  2. L’univers informatique n’aime personne, il n’y a pas d’initiés ou de non étrangers. La seule différence sont les capacités à diagnostiquer les problèmes et mettre les mains dans le cambouis, et à décider qu’une approche particulière est une perte de temps. Le fait que tu suives les règles ou non n’a réellement aucune importance pour lequel tu n’as pas de support, i.e. une personne sur qui te décharger du problème…

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  3. Il me semblait aussi que ton blog avait une sale bouille récemment 😉

    Mais je suis d’accord que rien n’est vraiment trivial et que, effectivement, il n’existe pas de “configuration standard”.

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  4. Je ne ferai pas l’apologie de “laisser l’informatique aux informaticiens” pour la simple et bonnes raisons qu’ils n’avaient qu’à pas dire “vous pouvez le faire vous-même”. A mon sens cela fut, est et restera la source de toutes les incompréhensions. On oublie trop souvent de dire que c’est vrai dans tous les métiers, et que les imbéciles qui font eux-mêmes leurs cheminées ou leur plafond suspendu alors qu’ils sont comptables, ils ont quand même plus de chance de foutre le feu chez eux ou de se manger une plaque de placo sur la figure que les autres. Au départ, il vaudrait mieux éviter de dire “faites le vous même, c’est facile”, mais plutôt, “faites-le vous même à vos risques et périls”. Ça serait déjà plus honnête.

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