Cydemind: Erosion

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler d’un album en avant-première. Ceux qui me connaissent depuis un moment connaissent certaines de mes petites faiblesses. Ainsi, quand le promoteur Jon Asher (par qui j’avais déjà découvert Jupiter Hollow) me propose d’écouter en avant-première Cydemind, un groupe canadien qui combine metal progressif et violon, je saute sur Erosion, titre de l’album.

Groupe fondé à Montréal autour du violoniste Olivier Allard, Cydemind me rappelle beaucoup Mark Wood et son album Voodoo Violince, que j’avais acheté au début des années 1990, à l’époque où je raffolais des guitar-heroes (et assimilés). On trouve également de grosses influences Kansas dans ce groupe, ce qui n’étonnera personne (en gros, quand on parle de violon, c’est ça ou UK).

Erosion est un album de six pistes, avec plusieurs compositions à rallonge, dont l’epic-titre de vingt-sept minutes qui conclut un album de plus d’une heure. En général, je me méfie des formats longs pour des morceaux instrumentaux, surtout sur le modèle guitar-hero, qui ont souvent tendance à virer à la démonstration masturbatoire, façon “la guitare comme sport de vitesse”.

Or, Cydemind réussit ici à éviter l’écueil – le plus souvent en tout cas. Déjà, parce qu’en tapant dans le metal progressif, le groupe peut se permettre de composer des tableaux et construire quelque chose d’un peu plus éloquent qu’un solo de vingt-sept minutes, mais également parce que le groupe se permet quelques passages dans des styles peu courants.

Ça se remarque dès “What Remains”, le morceau qui introduit l’album et qui contient une rythmique pas piquée des vers, lorgnant vers le jazz. En même temps, ce genre d’influence n’est pas rare chez les guitar-heroes (genre Joe Satriani), non plus que dans le metal progressif.

La suite de l’album oscille entre des influences connues et ces mêmes influences mélangées à des trucs plus bizarres, souvent à plusieurs dans le même morceau, le tout souligné par la sonorité du violon, en elle-même pas super-courante dans ce style. Des pistes comme “Derecho” – plus de treize minutes au compteur – enquillent des ambiances très variées.

On a également droit à un morceau comme “Stream Capture”, qui évoque les musiques de films de Joe Hisaishi (notamment sur les longs-métrages de Hayao Miyazaki). Malgré un tel mélange, le groupe parvient à garder une identité musicale. Ce n’était pas évident, mais là encore, la présence du violon est une ligne conductrice qui s’impose.

Alors bon, il y a quelques faiblesses dans cet Erosion. Le combo “instrumental + solos” peut parfois fatiguer et certaines des influences de Cydemind se font parfois un peu trop présentes. Néanmoins, pour un premier “vrai” album, c’est non seulement du solide – avec des musiciens qui assurent et une production bien carrée – mais en plus très plaisant.

Personnellement, sans aller jusqu’à dire que c’est un candidat au titre d’album de l’année, c’est un outsider sérieux et un groupe à suivre. L’album est disponible à partir du 26 mai sur Bandcamp et je vous encourage à y jeter une oreille.

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