Des bulles et des frontières

Thias vient de poster sur son blog une impressionnante tartine intitulée Des bulles dans le multivers, dans laquelle il compare les organisations en général et les univers de jeu de rôle à des bulles.

La partie intéressante se trouve à l’interface, à la surface de la bulle. Dans une organisation, les processus créatifs, les changements ont en général lieu à l’interface avec d’autres organisations. C’est là que se font toutes les interactions, que ce soit les échanges ou la compétition.

Je n’aime pas trop la métaphore de la bulle (principalement parece que la plupart des interactions qui impliquent une bulle se résolvent souvent en un “pop” définitif), mais je ne peux qu’aquiescer sur le concept plus général: les interactions les plus intéressantes dans un univers donné se déroulent le plus souvent en périphérie, là où un univers (au sens large) en rencontre un autre.

Toute la question de l’impact des interactions sur ce qui se passe plus au centre est également, à mon avis, primordiale. Mais il ne faut pas négliger l’inertie inhérente de toute civilisation: les choses évoluent plus vite en périphérie justement parce que cette périphérie est en contact avec ce qu’il y a au-delà, mais au fur et à mesure qu’on se rapproche du centre, les raisons d’évoluer vont probablement s’atténuer jusqu’à devenir nulle ou très faibles.

Mais c’est vrai que, de façon générale, les créateurs d’univers (moi-même compris) ont parfois un peu de mal à appréhender l’impact de certains aspects. Par exemple, dans l’univers de Tigres Volants, comment le système bancaire terrien peut-il gérer le fait qu’il existe des peuples dont l’espérance de vie se mesure en siècles, voire en millénaires? Et, d’un autre côté, comment ces peuples réagissent-ils face à des contacts qui ont le temps de vivre en une vie entière le temps qu’eux arrivent à âge adulte?

Même les univers médiévaux-fantastiques ont parfois du mal à appréhender l’impact de la magie et de l’existence de créatures monstrueuses sur la société. On se rabat un peu trop facilement vers le classique TGCM: ta gueule, c’est magique! C’est dommage, parce qu’on se prive ainsi d’une complexité, certes, mais aussi d’une richesse incomparable. Je soupçonne qu’une des raisons qui font que je n’aime plus le med-fan est que, justement, l’abus de TGCM m’a donné l’impression d’univers en carton-pâte.

(Pour être très honnête, les univers de science-fiction ont aussi tendance à invoquer un TGCx, avec un x égal à Q pour quantique, N pour nanotechnologique, H pour hyperspatial, etc. Il y aurait des choses à dire sur Tigres Volants là-dessus…)

(Image: Coffee Bubbles par Salimfsadhley via Wikimedia Commons, sous licence Creative Commons, partage dans les mêmes conditions.)

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6 réflexions au sujet de “Des bulles et des frontières”

  1. Je soupçonne qu’une des raisons qui font que je n’aime plus le med-fan est que, justement, l’abus de TGCM m’a donné l’impression d’univers en carton-pâte.

    Ca serais plausible si tu ne détestais pas Ars Magica autant que ça.

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    • @Fulgan
      Il faut utiliser du HTML, il ne prend pas le BBCode (mais je vais voir s’il y a un plugin pour ça).

      Quant au TGCM et Ars Magica, le maître mot est “univers” med-fan.

      EDIT: le BBCode devrait maintenant fonctionner dans les commentaires.

      EDIT2: En fait, je l’ai viré pour le moment: il active le BBCode mais flingue le HTML, même déjà installé. Donc, plus tard.

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  2. Cela me fait toujours sourire de réaliser que des choses qui me semblent toujours évidentes font l’objet soudain de prises de consciences, que j’oserai dire tardives. En fait, cela devrait me faire bizarre…

    … mais c’est vrai que dès que je vois des gens imaginer un univers, ma grande question qui devient une constante est: “est-ce que toi, MJ/Joueur/Créateur de ton monde, tu as conscience de ce qu’implique les plus effrayantes/magiques/mystérieuses données de ton univers?”

    Pour Tigres Volants, les exemples ont vite abondés, et je m’en suis fort souvent servi dans mes scénarios: le clonage et la technologie de copie de la mémoire impliquent à elle deux des tas de choses, en vrac, les clones en armées – et la génétique qui permet de faire des super-clones, voir de vrais bons et beaux mutants super-soldat-ubermunschs rayez les mentions inutiles, le remodelage yahou yahou de la conscience, de la mémoire et de la cognition de qui on veut -tiens, et si je piquais un souvenir ici pour aller l’implanter là?

    Et là, je ne soulève que quelques points, parce que si je devais faire TOUTE la liste, ce serait pas fini…

    Oui, je l’ai faite aussi avec D&D, des joueurs et meneurs de jeu m’ont déjà menaçé de m’égorger en place publique après emploi particulièrement taquin des paradoxes et contre-sens d’une magie auquelle ses concepteurs n’ont accordés que peu de temps de réflexion de fond.

    Alors, là, j’en profite pour rappeler que c’est un point qui pour moi est mportant, et que j’ai déjà critiqué, concernant TV, et le refus de son auteur d’essayer de chercher les tenants et les aboutissants des contenus assez déments de son univers, en les écrivant. Après, je vais pas la ramener trop, hein, parce que j’aurais pu essayer de le rédiger moi-même pour en faire des dossiers complets, ce que je n’ai pas fais…

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      • C’est un peu une de mes plus grosses préoccupations, vu la technologie assez folle de cet univers, et j’en chie, mais cela reste ma principale priorité, puisque le but de cet univers et de transcrire un monde de hard-science proche d’un jeu sauce “transhuman/cyberpunk”.

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