Devin Townsend: Empath

Ceux qui connaissent Devin Townsend savent qu’il est ce que l’on appelle vulgairement un artiste éclectique, capable de faire du metal surexcité, de l’ambiante planante, ou du prog façon space-opera clownesque. En général, c’est sur trois albums différents, mais ce n’est pas le cas de ce Empath.

Si vous ne connaissez pas Devin Townsend, d’abord honte sur vous! Ensuite, sachez que c’est donc un guitariste-chanteur compositeur canadien qui bricole des trucs depuis bien vingt-cinq ans. D’abord dans de multiples projets, puis en solo sous divers variantes de son nom.

Musicalement, il est surtout connu pour faire un metal progressif très barré, hypercréatif et souvent (auto-)parodique, avec des éclats de voix cartoonesques qui collent bien à son look de The Mask sans le maquillage vert.

Empath, c’est donc son dernier projet: un monstre d’une heure et quart, comptant dix pistes – dont la dernière, “Singularity” est divisée en six tableaux. Les morceaux tutoient souvent la barre des six minutes, jusqu’à onze pour “Borderlands” et vingt-trois pour “Singularity”.

Une des caractéristiques de Devin Townsend, c’est qu’il fait rarement dans la demi-mesure. Son style, c’est plutôt la démesure, doublée voire triplée si nécessaire. Et, de ce point de vue, Empath est probablement le plus Devin Townsend de tous les albums de Devin Townsend.

Il annonce d’ailleurs franchement la couleur avec l’hallucinant “Genesis”, dans la lignée des ziltoïderies, qui déboule droit derrière la paisible intro “Castaway”. Suit le très symphonique “Spirits Will Collide” et à peu près tout l’album est comme ça: un enchaînement invraisemblable de délires musicaux sur une heure et quinze minutes!

À peu près n’importe qui, avec un matériau de base, ne pourrait produire qu’un gloubiboulga imbitable et surproduit. Et, très honnêtement, je ne suis pas certain que Empath ne soit pas un gloubiboulga imbitable et surproduit. Seulement voilà: Devin Townsend n’est pas n’importe qui!

Il y a somme toute assez peu de “fausses notes” sur cet album et pas mal de vraies réussites. “Genesis” et “Spirits Will Collide”, déjà mentionnés, mais aussi le délirant “Why?” aux accents de comédie musicale ou le mini-epic “Borderlands”. Je mettrais juste un bémol sur “Singularity”, qui n’est pas mauvais en soi mais un poil trop inégal.

À noter que, comme d’habitude, Devin Townsend s’est entouré d’une blinde de musiciens de talent. On citera le batteur Morgan Ågren (Kaipa), l’inévitable Anneke van Giersbergen et même Steve Vai venu gratouiller de la corde sur “Here Comes the Sun”. Un certain nombre de ces musiciens ont d’ailleurs bossé avec Frank Zappa.

Les ceusses qui connaissent l’animal ne seront pas plus surpris que ça par Empath. Sinon peut-être par le fait que Devin Townsend y concentre quasiment tous les styles avec lesquels il a joué ces vingt dernières années. Ceux qui ne le connaissent pas risque d’être quelque part désarçonnés par le côté ultrariche – limite indigeste – de l’ensemble.

Dans l’ensemble, ça reste un album très impressionnant: un monstre certes, mais qui qui ne manque pas d’atouts.

Bonus: la vidéo de “Genesis”

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4 réflexions au sujet de “Devin Townsend: Empath”

  1. A noter que c’est Steve Vai qui avait révélé Devin Townsend au “grand public” (façon de parler) en le prenant comme chanteur principal sur l’album “Sex & Religion” en 1993.

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  2. J’ai la chronique d’un album mythique du monsieur déjà planifiée pour je ne sais plus quand…C’est sur que l’on est toujours surpris par le génie/folie de Devin Townsend. Parfois on passe à côté mais ça ne laisse pas indifférent.

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