En avant vers le progrès: jouer avec Eureka

Si vous avez lu mon précédent billet sur Eureka (la série télé) et/ou si vous avez vu la série elle-même, vous avez sans doute pensé comme moi que ça pourrait faire un contexte amusant pour du jeu de rôle. Des savants fous, des expériences avec de la technologie très avancée, de l’espionnage, des conflits d’égo, une communauté “idéale” et, au milieu un personnage un peu perdu, mais qui résout les énigmes et sauve le monde en mettant les mains dans le cambouis. Autant dire un personnage-joueur (PJ pour les intimes).

Fondamentalement, pour le meneur de jeu, la formule est assez simple: un des scientifiques fait une connerie (volontairement ou non), l’expérience échappe à son contrôle et menace de raser la ville (au minimum); les PJ doivent comprendre ce qui a merdé et empêcher la catastrophe. Ajoutez par-dessus des relations parfois difficiles entre PJ et PNJ: des scientifiques à l’égo démesuré et assez peu de sens des réalités, calfeutrés depuis leur plus jeune âge dans la communauté (ou dans des milieux académiques, ce qui parfois revient au même), des PJ plutôt orientés action, avec une bonne couche d’administratif en prime.

Eureka dans Tigres Volants

On peut bien évidemment utiliser le contexte contemporain, comme pour la série, mais je verrais assez bien une telle idée transposée dans l’univers de Tigres Volants. Et, tant qu’à faire, en Fédération des hautes-terres, histoire de simplifier les choses. Nous avons donc une ville perdue dans le désert australien (appelons-là Wallawallabamba pour faire simple), qui abrite une communauté des meilleurs scientifiques de la nation. Les Highlanders étant très sérieux sur la question de la méritocratie, cela implique également un certain nombre de caractères assez peu conforme avec l’orthodoxie idéologique, ce qui implique en retour une surveillance accrue des services concernés.

Cela implique également des querelles byzantines entre ministères, comités, commissions, officines et autres départements gouvernementaux, privés ou mixtes. L’armée en est aussi, bien évidemment, ce qui ne facilite aucunement les choses. Au milieu de tout cela, les personnages se retrouvent parachutés au sein d’un service chargé de gérer ce petit monde, du point de vue de la sécurité, mais aussi de la liaison entre les différents acteurs institutionnels. Rien que.

Des PJ au-dessus de tout soupçon

Du coup, les personnages doivent être, sinon des citoyens highlanders, du moins suffisamment irréprochables pour être admis à Wallawallabamba: le projet est à mi-chemin entre ultra-top-secret et “même Gabriel Fore ne sait pas tout” (c’est une image: Gabriel Fore sait tout!). Ce qui ne veut pas dire que certains d’entre eux ne puissent pas être des agents infiltrés d’une puissance étrangère, juste qu’ils ont une très bonne couverture. Et, de toute façon, s’ils n’ont pas dès le départ un agenda caché, ils vont assez rapidement se retrouvés impliqués dans les luttes intestines.

Parce que gérer les catastrophes – que ce soit la variante bipède génial, mais asocial, ou les plans “personne n’a vu ma bombe à antimatière?” (je passe sur les problèmes à base de champs de Tzegorine, c’est vraiment trop facile) – n’est que le début des emmerdes. Beaucoup de monde est intéressé par ce qui se passe à Wallawallabamba, d’abord parce que la technologie qui y est développée a une ou deux générations d’avance sur tout ce qui se fait ailleurs, mais également parce que l’endroit est un nid à idées subversives.

Beaucoup des scientifiques qui travaillent sur les champs de Tzegorine sont bouddhistes zen pratiquants, les physiciens venant des grandes écoles de l’ancien Califat sont souvent porteurs des idées de l’Islam impérial, les bio-ingénieurs africains sont souvent des Arcanistes, héritiers des secrets des Royaumes sorciers, sans parler de la diaspora japonaise, des Sibéro-soviétiques, des Scandinaves pro-européens ou des descendants des gringos américains. Ou des extra-terrestres: Wallawallabamba compte une petite colonie d’Eyldar et (surtout) d’Atlani de clans alliés à la Fédération, voire même un ou deux chamans Talvarids.

La science avance (dans tous les sens)

Une telle “campagne” (qui sera probablement plus proche d’une série de scénarios avec un contexte commun plutôt qu’une réelle campagne avec une trame persistante, même s’il y a bien sûr possibilité) est prévue pour avoir un ton très décalé, pas vraiment sérieux. Il ne faut pas hésiter à y aller plein pot avec des inventions réellement outrancières, mais avec toujours des “petits” défauts rédhibitoires: le téléporteur qui ne fonctionne que sur la matière organique (i.e pas les vêtements), la nanotechnologie qui est un peu trop enthousiaste, les androïdes buggés.

Il est aussi possible de rajouter à un tel contexte une composante plus mystique en allant piocher dans la série-soeur d’EurekaWarehouse 13. Après tout, selon la première loi de Clark, toute technologie suffisamment avancée étant indistinguable de la magie, l’inverse est également vrai et tout artéfact magique n’est rien qu’autre qu’une technologie encore inconnue. De plus, il serait étonnant qu’un centre comme Wallawallabamba n’ait pas son pôle de recherche sur les Arcanes.

Pour varier les plaisirs, on peut imaginer que la ville a son pendant orbital, la station “Wallawallabamba South”, avec recherches en microgravité et technologies de vaisseaux spatiaux ultra-rapides, ce qui permettrait aux PJ d’aller faire les zozos sur certaines des colonies highlanders (et hop! un petit tour sur Alt pour aller récupérer ou restituer un artefact talvarid). Prévoir également, dans ce cas, des ennuis avec le reste de la faune galactique, Karlan en tête.

D’autres Eureka

Bien évidemment, si je parle ici de Tigres Volants, c’est parce qu’il s’agit du premier exemple qui – fatalement – me vienne à l’esprit. On peut également poser un Eureka à l’époque victorienne (avec plein de steampunk), dans l’entre-deux-guerres (pour laBrigade chimérique, peut-être) ou même au XVIIe siècle (davincipunk!). Le concept original est assez facilement adaptable à différentes périodes, tant qu’on a quelque chose qui ressemble à du progrès scientifique (même avec du médiéval-fantastique en transformant l’endroit en institut de magie).

Alors rangez vos certitudes et accrochez-vous à vos baskets, parce que si vous vous demandez où sont vos voitures volantes, j’ai une petite idée sur le sujet…

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