Faites-le mal vous-même!

Avant de parler de l’article ‘Host your own’ is cynical, de tante.blog, je dois dire que j’ai beaucoup de respect pour les gens qui font tout eux-mêmes, y compris – et, sans doute, surtout – dans le domaine de l’informatique. Principalement parce que moi, j’ai du mal, pour rester poli.

Par contre, j’ai beaucoup de mal avec le snobisme do-it-yourself, qui consiste à dire que ceux qui n’y arrivent sont des branlos ou des moutons. Principalement pour les mêmes raisons, d’ailleurs; personne n’aime se faire traiter de branlo ou de mouton.

On a beaucoup entendu les fondamentalistes de la solution auto-hébergée se gausser bruyamment des utilisateurs de Google Reader ou de Tumbler, après l’annonce de l’arrêt programmé du premier et du rachat du second par Yahoo!. Il existe des alternatives à ces services (commerciaux et fermés, ce qui est bêrk-caca).

C’est vrai. C’est aussi, soit non-trivial à installer, soit pénible à configurer, ou alors très incomplet par rapport aux fonctionnalités attendues (et on ne s’en rend compte qu’après avoir galéré des plombes pour installer le bazar). Parfois, c’est les trois ensemble; très rarement, tout se passe bien.

Mes expériences, dans ce domaine (comme la confection d’un hackintosh ou l’installation de WordPress et d’autres babioles sur mon serveur), s’apparentent souvent à 90% de frustration en sandwich entre 5% d’enthousiasme initial et 5% de satisfaction finale. Et je ne compte que ceux qui se sont résolus au final.

Alors bon, désolé: je peux vous convertir un logo vectoriel en vingt-sept formats différents, dont douze obsolètes, sans perte de qualité ou de couleurs ou vous mettre en page un jeu de rôle de plus de trois cents pages sans trop couiner. HTML et CSS je gère à peu près et j’arrive péniblement à comprendre PHP (surtout quand j’ai bu), mais me battre avec les configs Apache ou les fichiers .htaccess, désolé, mais ça je ne sais pas.

De façon générale, l’informatique n’est pas quelque chose de trivial. On peut croire le contraire, parce qu’elle est devenue ubiquitaire en une vingtaine d’années, mais tripoter Word ou Excel à longueur de journée, ce n’est pas “faire de l’informatique”, de la même façon qu’utiliser un toaster n’est pas faire de l’ingénierie électrique.

Certes, il existe des outils qui simplifient la programmation ou la configuration de serveurs, mais, pour faire une autre comparaison, c’est pas parce qu’on sait se servir de Word pour faire des zoulis rapports en deux colonnes, avec couverture couleur et encadrés, que l’on est un graphiste professionnel.

L’informatique, comme le graphisme, est un de ces métiers où l’apparition d’outils très puissants accessibles au grand public a rendue floue la frontière entre amateur et professionnel: n’importe qui peut faire du graphisme et en conséquence, n’importe qui est graphiste, de nos jours. Mais si la frontière est floue, elle est toujours existante.

La différence, c’est qu’il est rare qu’une catastrophe graphique ait d’autre résultat que des yeux qui piquent et une campagne de comm’ ratée; par contre, se gaufrer dans une configuration de serveur, c’est l’assurance d’avoir un site instable, planté – voire pire: ouvert à tous les vents et “zombifié” par un botnet.

Je ne sais pas si c’est une forme d’élitisme ou, au contraire, de l’humilité mal placée, mais autant le mouvement open-source/do-it-yourself/makers et assimilés m’intéresse et, d’une certaine façon, m’attire, autant cette attitude qui prétend que c’est la solution et que ceux qui ne l’utilisent pas sont des imbéciles est au final méprisante et me rebute. Et je soupçonne que je ne suis pas le seul.

Il y a une raison pour laquelle le commun des mortels n’utilise pas les alternatives open-source et/ou auto-hébergées à Google, Facebook, Apple ou Microsoft: dans la plupart des cas, elles sont ardues à mettre en place et/ou elles n’offrent pas les mêmes fonctionnalités. Il est temps que ceux qui les soutiennent à grands cris descendent de leur tour d’ivoire (même open-source et sortie d’une imprimante 3D) et s’attachent à les rendre plus accessibles s’ils veulent voir leur usage se répandre.

(Au passage, on notera, avec le titre de cet article, l’importance de la présence d’un trait d’union dans une phrase.)

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46 réflexions au sujet de “Faites-le mal vous-même!”

  1. Je ne suis pas sur d’avoir compris ton propos, j’ai beau relire le billet, je reste perplexe. La conclusion est claire, mais ma foi, c’est un peu une ritournelle de fond à chaque débat qui met en jeu du barbu ou de l’open source. 😉 Mais quel rapport avec la question initiale qui me semble être : faut-il mieux faire les choses nous-même, même si nos capacités à réussir sans compétences restent limitées (pas de compétence, obligé de jeter sous l’attribut avec un gros malus, ca c’est sur, la difficulté de 20 on aura du mal à réussir le jet, hum, je m’égare). Est-ce que finalement, ce n’est pas juste une question de métier, moi je ne pourrais jamais te dire si tu as rendu toutes les couleurs d’une impression parce que je n’ai pas l’oeil pour cela, et en revanche, je patauge assez souvent dans Apache pour me sentir d’attaque à faire des trucs chelou avec, sans être un sysadmin non plus. Mais je ne comprends rien à la sécurité informatique, et même si je voulais le faire moi-même, bah un jour je me ferai pirater, c’est certain. Plus on avance sur le chemin de la vie, et plus on paie les choix qu’on a fait avant, dans tout mais aussi en ce qui concerne la connaissance. On peut raisonnablement s’attaquer à des sujets connexes à nos connaissances actuelles, par contre vouloir monter un robot si on a jamais soudé un fil, c’est à peu près sur que ca sera la cata, à moins d’avoir le temps et l’envie d’apprendre une compétence correctement à partir de zéro.

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    • Pour moi, la question initiale, c’est que les aficionados de l’open-source et de l’auto-hébergement nous vendent leur came comme étant non seulement ce qui se fait de mieux, mais en plus comme un devoir moral.

      Or, de mon point de vue, ce n’est juste pas jouable, à moins d’avoir des connaissances de niveau professionnel dans le domaine en question – ou de vouloir sérieusement limiter ses capacités.

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  2. Il ne faut pas clouer tout l’open-source au pilori, certain logiciel sont bien plus simple à installer, configurer et utiliser que leur homologue commercial.

    C’est aussi une question de formation et de métier. Je connais des graphistes qui ne jurent que par Apple et Photoshop, des gestionnaire que par Microsoft (office), et comme 90% de mes productions finissent sur un serveur linux (apache/tomcat), il est logique que je le préfère pour ma part. Y compris à la maison.

    Pour le cas particulier de Google Reader, je peu te dire que même pour quelqu’un qui bosse dans le web, il sera difficile de trouver une solution qui fonctionne aussi bien (j’ai essayé). Il est simplement difficile pour un particulier d’avoir un hébergement aussi performant que celui de google …
    J’ai fini par m’inscrire sur “the old reader”.

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    • Bienvenue et merci pour ce commentaire!

      Désolé si je n’ai pas été très clair, mais mon but n’est pas de stigmatiser l’ensemble de la communauté open-source ni ses produits, juste l’attitude qui consiste à dire que c’est forcément mieux. Cela dit, si je reconnais volontiers qu’il en existe, je ne connais que très peu de produits open-source plus simples à utiliser et à configurer que leurs homologues commerciaux, à fonctionnalité équivalente.

      Mais oui, c’est une question de métier. Dans un monde parfait, tout le monde aurait chez soit un serveur LAMP configuré aux petits oignons et saurait le gérer et installer de nouvelles fonctionnalités. dans ce monde parfait, je n’aurais pas à écrire ce genre de billets; je pense que je me ferais un peu chier, d’ailleurs. 😉

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    • “Il ne faut pas clouer tout l’open-source au pilori, certain logiciel sont bien plus simple à installer, configurer et utiliser que leur homologue commercial.”

      Là, je me permet quand même de dire que, c’est c’est certainement vrais, il s’agit de cas très exceptionnels. Cela ne rend pas les logiciels OSS moins utiles, mais il faut bien avouer que la facilité de mise en service et de maintenance n’est en général qu’un point (très) mineur dans leur cahiers des charges.

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      • open source et propriétaire s’entremèlent, à commencer par mac qui propose le “meilleur” des systèmes d’exploitation en surcouche d’un openBSD. Sans l’open-source, Apple ne serait pas là. et sans Apple, BSD aurait peut être été abandonné. Installer un Ubuntu 13.04 aujourd’hui, c’est aussi simple que mac, et pour une expérience utilisateur pas si éloignée… Tu as dit dans un autre billet que les linuxiens allaient à leur perte parce qu’ils ne pensaient pas à l’utilisateur, l’évolution d’Ubuntu est centrée autour de l’utilisateur, des tablettes et aussi de solutions pour acheter de la musique ou des applications en ligne. Quant à LAMP, il représente 90% des hébergements de sites parce que justement c’est le plus simple à mettre en place, il faut beaucoup moins de connaissances que pour (bien) faire tourner un serveur microsoft ou java. Bien sur que si l’open source est de plus en plus adapté au grand public, et il y est d’autant plus quand il se croise avec le propriétaire. et au fait, un mac est livré avec apache et php installé en local prêt à fonctionner, alors faire tourner un script sur sa machine est carrément simple, sans aller chercher des solutions d’hébergement effectivement souvent absconses.
        Je pense que les gens qui veulent à tout prix mettre de l’open source partout ont raison, mais que le quidam voit à très court terme. Et d’ailleurs quand on voit les évolutions technologiques actuelles, linux n’arrête pas de gagner des parts de marché entre un windows 8 qui ne perce pas, et un mac qui utilise l’unice comme base de toute son architecture. Même si la ligne de commande n’a rien de grand public, c’est pourtant elle qui se répand le plus derrière les app stores et les environnements de bureau sophistiqués. Au niveau des mobiles, entre iOS, Android et bientôt Firefox OS, on nage là encore sur du boulot open source récupéré, parfois détourné parfois revendiqué, mais c’est toujours par le travail commun de développeurs bienveillants que ça avance aujourd’hui.

        En fait, je pense que la distinction que les non informaticiens font entre open source et commercial est erronée, et soumises à pas mal de préjugés. Par exemple les dernières applications de traitement audio/vidéo des app stores sont commercialisées, mais ne font que packager des développements open source pour que ce soit simple à utiliser. Ok, sans la couche commerciale, l’utilisateur final n’utiliserait peut être pas de l’open source, mais ce qui est sur c’est que le prix très bas des applications est du à l’utilisation de codes open source qui rend le temps de développement global très bas et donc très rentable.

        Je suis certain que la plupart des logiciels que vous utilisez utilisent des composants open source. Il n’y a que microsoft qui tient à faire bande à part dans une certaine mesure, et on ne peut pas dire que ca lui réussisse ces derniers temps.

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  3. Un truc qui m’a toujours frapé avec l’informatique est que la preste totalité est simple, extrêmement simple. Le vrais soucis, c’est qu’il y en a ennormément et que chaque système à ses propores conventions. C’est cette multiplicité, et non une complexité interne, qui rend “l’informatique” difficile d’accès.

    C’est aussi pour ça que, quand on maîtrise un (ou plusieurs) aspects ‘un système informatique, on a parfois de la peine à comprendre que d’autres que nous n’y arrivent pas. C’est de là que vient l’accusation classique: “Tu n’essaye pas de comprendre”. C’est d’ailleurs, en général, parfaitement exacte mais aussi incomplet: non seulement l’expérience ne s’acquière pas en 5 minutes mais l’investissement personnel ne vaut, en général, pas la peine. Pourquoi est-ce qu’un comptable perdrait du temps à essayer de comprendre comment installer un Linux avec Samba, Apache et autre si ce n’est par curiosité personnelle ?

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  4. Etant du métier depuis une grosse quinzaine d’années, dont 13 ans dans une société de service à travailler sur des technos très différentes les unes des autres, je confirme l’écart d’appréciation qu’il existe entre le monde du “libre” et le tout commercial. Et quel que soit le domaine, je suis convaincu par le fait que la majeure partie des informaticiens et des usagers de l’informatique (ce n’est pas du tout synonyme) sont avant tout des paresseux (et j’en fais partie).

    Les “génies” de l’informatique qui prodiguent l’usage de tel ou tel produit ou qui se vautrent avec délectation dans le do-it-yourself sont des passionnés. Il font de l’informatique comme tu écris du jeux de rôle et moi des romans. Je le sais parce que quand j’étais plus jeune, lors de mes études et dans mes premières années professionnelles, je suis rentré dans ce schéma et j’ai pensé comme ceux que tu décries.

    En fait, c’est une pure question d’état d’esprit et de centre d’intérêt. Un usager de l’informatique n’a pas à se préoccuper de ce que font les concepteurs. Ça serait même plutôt l’inverse, car les concepteurs ne sont pas censés travailler pour eux-mêmes (ou alors on appelle ça de la masturbation intellectuelle), mais bien pour ceux qui utiliseront leurs produits. Le fait que certains se plaignent qu’on ne sollicitent pas assez leurs créations ou leur mode d’utilisation est pour moi la démonstration d’une forme de frustration qui n’est pas sans rappeler celle de l’artiste dont les œuvres n’intéressent personne.

    Aujourd’hui, je ne travaille pratiquement plus que sur du backoffice (je n’ai donc pas les usagers sur le dos). J’ai cessé d’être un passionné d’informatique pour en être davantage un usager, et ma profession qui me prédispose à être un auto-maker en puissance n’est jamais qu’un gagne-pain. Dans ce que je fais pour moi, l’informatique est un outil et les produits que j’utilise sont généralement les plus simples et les plus faciles d’accès, parce que je n’ai pas de temps à perdre avec ça, et ce quitte à payer, car je ne suis pas attaché à ce point au monde du libre ou de l’open source, tout ce qui m’intéresse c’est un truc qui fonctionne. J’en suis là après des années de tergiversation sur des projets qui sont restés à l’état de squelette faute de temps pour m’y consacrer. Tout ce que j’ai voulu faire de mes mains existe maintenant. Alors à quoi bon ?

    Non, je n’apprécierai pas qu’on vienne me suriner avec ça, parce que je crois que la finalité de tout ce à quoi travail un concepteur ou un acharné du faites-le-vous-même dans l’informatique, ce n’est pas ce à quoi ça va servir, mais le juste le fait de le concevoir. C’est une forme d’expression artistique. Et si d’aventure cela a un jour un usage, ça deviendra un produit qu’on se procurera sans se demander pourquoi il existe.

    Ça fait un bail qu’on ne se pose pas ce genre de question avec un roman ou un jeux de rôle, on sait déjà à quoi ça sert 🙂

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    • c’est très intéressant, ton parallèle avec le roman ou le jeu de rôles. En fait dans tous les domaines culturels, je pense que l’offre dépasse largement la demande en termes de variété. et ca n’empêche effectivement pas les nouveaux écrivains/dessinateurs/musiciens de vouloir se faire connaître avec leurs créations.
      Par contre dans l’informatique, s’il y a déjà un logiciel pour faire une tâche, l’utilisateur va raler qu’on lui en propose un autre, parce que celui qu’il avait avant allait déjà très bien. Et le développeur de vouloir tout de même montrer que sa création est meilleure pour telle et telle raison.
      Si on devait arrêter de développer juste parce que inévitablement, quelques années plus tard, ce que vous développez sera développé par un autre (et peut être plus terminé que votre projet), il n’y aurait plus d’innovation en informatique 🙂 L’app store montre qu’on peut avoir par exemple dix logiciels de gestion de tâches qui répondent quasiment au même cahier des charges, mais certains sont plus appréciés que d’autres. C’est cela l’enjeu du développement, pas seulement commercial, mais sur l’ensemble du monde informatique proposé au monde ignorant de l’intérieur de la matrice. Et pour cela, l’open source est voué à manger tous les projets commerciaux, car ils peuvent être repris par d’autres éternellement alors qu’un produit commercial est plutôt condamné à une obsolescence programmée (ne marchera plus sur de nouveaux OS, sera passé de mode, ne sera plus compatible avec d’autres produits en interaction, etc).

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  5. Il y a quand même des logiciels libres qui sont pensés pour leur utilisateur. Par exemple Cocoa, un logiciel de gestion de bibliothèque est relativement simple à utiliser et on ne voit pas la différence avec les logiciels commerciaux en terme d’ergonomie.
    Certains sont bordeliques. Oui, Gimp, c’est bordelique, mais on s’y fait. Et une fois qu’on s’est adapté c’est aussi simple que Photoshop.
    Par contre il existe des usines à gaz imbuvables, si imbuvables que les installer est impossibles pour qui n’a pas une formation assez poussée en informatique. L’exemple de Ontopia, un logiciel pour construire des Ontologies est vraiment un cas d’école. Avant d’installer le logiciel il faut installer Java et plusieurs serveurs Apache. Et pour installer le serveur Tomcat (premier serveur Apache), il faut faire diverses bidouilles. Dans la formation que je suivais même l’étudiant qui a avait suivi une formation de développeur n’y était pas arrivé. C’est dire.

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    • “Il existe aussi des poissons volants, mais ils ne constituent pas la majorité de l’espèce.”

      Je n’ai jamais dit qu’il n’y en avait pas, juste qu’ils étaient très rare.

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  6. C’est marrant, parce que ça correspond pas mal à l’évolution que j’ai suivie ces dernières années, alors même que je bosse dans le milieu. Je tombais un peu dans le “faut tout installer et faire par toi même” il y a 3 ou 4 ans. Comme je n’ai pas envie de me farcir des heures d’administration par semaine, j’ai fini par adopter une règle : si le tutorial d’installation d’un logiciel ne marche pas du premier coup ou demande trop d’autres logiciels en pré-requis (du style, Apache Tomcat ou MySQL), et à moins d’en avoir vraiment, vraiment besoin ou d’avoir envie d’apprendre, je laisse tomber et je passe sur une alternative pré-installée si elle existe.

    Mais oui, pour la majorité des gens même ça, ça va les faire ch*er, et à raison!

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  7. C’est un fossé dont tu parles, un fossé affreusement commun. Dans l’informatique d’entreprise, il y a des spécialistes de la comptabilité qui aimerait un logiciel qui sache calculer un indice exotique quelconque et de l’autre un programmeur qui attend une spécification fonctionnelle et entre les deux un fossé qu’un analyste fonctionnel devrait combler.
    Mais le plus souvent le fossé se remplit à coups d’anathèmes, de patchs alambiqués et d’utilisateurs développant des rituels étranges pour obtenir le comportement espéré.

    Et donc à moins que les usagers de l’informatique fassent le pas ou les barbus le fassent, la situation restera la même. Sauf de temps en temps ou un ergonome interviendra dans un logiciel libre et d’un seul coup, d’un seul, la magie opère. Ou bien une personne ayant la patience nécessaire d’un côté comme de l’autre comble le fossé ou y jette un pont.

    Sur le plan de l’exemple, et parce que j’étais intervenue autour du sujet Google Reader, le domaine des agrégateurs de flux souffrait de lacunes côté open source qui sont en train de se combler, sans doute sous cette même impulsion à l’origine de la discussion. Côté professionnel, l’offre avait été réduite à néant par la prédation de Google Reader qui maintenant s’en va en laissant un vide. Le retour de l’offre commercial me chagrine car elle se fait rarement sur une tarification en espèces sonnantes et trébuchantes mais plutôt sous la forme d’un data-mining.
    Resterait que peut-être des demi-barbus pourrait offrir, en déployant et maintenant des solutions à base de logiciel libre, les services à leur proche et moins proches sur un modèle de financement du web qui se dessine petit à petit.

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  8. Je ne suis pas tout à fait de ton avis. Au risque de répéter ce qui a déjà été dit, je ne pense pas que mettre en place un serveur d’autohébergement simple soit si difficile que cela.

    Déjà, l’informatique en soi, est assez “logique” et “cohérente”, même si chaque logiciel a ses subtilités. Certes, il faut passer du temps avant de comprendre les subtilités de configuration, et cela peut faire un choc en débarquant d’un système inconnu. Sauter le pas est difficile (et présente des risques, notamment sur la sécurité du serveur), mais c’est comme pour apprendre à nager… si on ne se lance pas au moins une fois à l’eau, en se disant qu’on verra bien ce que ça donnera, on ne progresse pas.

    Le principal problème est double en réalité, je pense :
    – Les utilisateurs, de leur côté, cherche un service de même qualité que le service payant et ne veulent pas y passer du temps (ce qui se comprend tout à fait). Mais surtout, la plupart des utilisateurs veulent juste un truc fonctionnel et n’en ont rien à faire des histoires de vie privée et de sécurité des données. Tant que ça marche, ils sont heureux et tout va bien. Sans oublier que pour Madame Michu, distinguer “Internet” de “son ordinateur” et “Internet” de “web” n’est pas toujours acquis.
    – D’un autre côté, et même si ça s’améliore un peu avec les dernières solutions d’autohébergement, les logiciels open-source ont quand même tendance à être bricolés par des barbus, pour répondre à un besoin ponctuel qu’ils ont eu et en oubliant le côté user-friendly, car la solution développée en l’état leur convient.

    Dans un monde idéal, les FAI replaceraient les utilisateurs au coeur du réseau en fournissant un serveur minimal mis en place sur chaque box et prêt à l’emploi… mais personne n’a intérêt à le faire…

    Enfin, pour conclure sur le sujet abordé par cet article de fermeture de Google Reader, il y a eu de nombreuses solutions open-source développées dans la foulée de la fermeture, certaines étant relativement user-friendly (un seul fichier PHP à placer sur son serveur, une configuration en ligne, …) et l’avantage de l’open-source sur de tels projets (qui sont en général de petits projets par un développeur amateur) est le support fourni. Une fonctionnalité manque ? On contacte l’auteur et elle est bien souvent ajoutée dans la version suivante. Je ne connais pas Google reader mais j’utilise depuis quelques mois maintenant de telles solutions : cf http://sebsauvage.net/rhaa/index.php?2013/03/15/17/15/39-arretez-de-pleurer-google-reader-hebergez-un-lecteur-rss-chez-vous (même si l’article n’est pas très doux avec les utilisateurs de Google Reader). Le problème majeur, encore une fois, c’est qu’il n’existe pas de solutions préinstallées et user-friendly, un “ubuntu” des distributions serveur… et que les utilisateurs ne voient pas l’intérêt de payer pour un service fourni gratuitement par ailleurs.

    P.S. : note sur le DIY : certes le DIY a ses limites, et comme toi, je ne supporte pas les “extrêmistes” du DIY, mais le fait est que c’est un domaine passionnant que de nombreuses personnes rejettent uniquement car elles méconnaissent en quoi ça consiste. L’électronique, l’informatique sont des outils formidables, et à mon sens, comprendre comment fonctionne son ordinateur est un facteur de liberté considérable. Qu’on ne connaisse pas la physique du micro-onde ne nuit aucunement à son utilisation, qu’on ne connaisse pas le fonctionnement de base de l’ordinateur nous rend esclave de la machine, nous laissant face à des messages d’erreur qui semblent “sortir de nulle part”.

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    • Bienvenue et merci pour ton commentaire!

      Comme je le dis, ce sont des domaines qui me passionnent également, mais qui me sont souvent opaques et la combinaison de des deux éléments rend les “mais c’est super facile” particulièrement frustrants.

      Entre parenthèse, la solution que tu mentionnes pour Google Reader, KriSS, je l’ai également testée et, si c’est effectivement aussi simple à l’installation que Sebsauvage le dit, le produit final est très bare bones et ne correspond pas à ce que je cherchais.

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    • Alors pour l’héhergement prêt à l’emploi, Il existe des machines virtuelles avec Ubuntu server préinstallé. Donc télécharger Virtualbox, télécharger l’image, utiliser virtualbox pour lancer le serveur, ce sont des manipulations très simples.
      Comme je l’ai dit au-dessus, si tu as un mac et une connexion internet, il suffit de prendre n’importe quel script php et d’aller sur localhost/~monpseudo/ et c’est terminé.
      Evidemment l’utilisateur non informaticien lui va plutôt chercher une application à télécharger, et donc faire tourner un script en local ne va pas être son premier réflexe, mais avec un tuto s’il suit les étapes, c’est pas plus dur que de prendre une recette sur marmiton ou de changer les essuies glace de sa voiture. Parce que le DIY ne s’applique pas qu’à l’informatique, mais à toutes les activités humaines : manger, bricoler, s’habiller (même si globalement y’a plus grand monde à coudre), etc. Entre installer un logiciel qui fait tout, et suivre un tuto pour le faire soi même, est ce qu’il y a une différence plus grande qu’entre acheter un plat préparé ou suivre une recette ? D’ailleurs les livres de programmation informatique qui compilent les astuces s’appellent des livres de recettes (cookbook). C’est juste que les gens ont souvent pas envie de consacrer du temps à faire de l’informatique alors que pour manger ils y sont bien obligés.

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  9. @Alias : je te lis déjà depuis un moment, mais je n’avais encore jamais commenté. Je suis assez d’accord avec toi sur KriSS mais ce n’est pas le seul cité sur le lien que j’ai donné. Je ne les ai pas tous testés mais personnellement, j’utlise Leed. Il est un poil plus compliqué à installer (il faut une base de données en plus, et c’est tout) mais à l’utilisation il me semble très user-friendly. Et idleman, qui le code, est à l’écoute des retours.

    @fxguilloix: Certes, il existe des machines virtuelles. Mais ça nécessite quand même d’aller explorer les offres des différents hébergeurs, de savoir quoi chercher exactement, d’être près à payer pour un service qu’on peut avoir gratuitement… bref ça n’est quand même pas pour tout le monde. Ce n’est pas comme si chaque box pouvait le faire ou si on avait un hébergement tout près proposé, un peu comme ce qui existe avec des hébergeurs qui proposent des instances Owncloud.
    Sinon, entièrement d’accord avec toi sur le DIY qui est bien plus large. Je me suis intéressé aux lampes à LEDs Philips récemment (celles dont on peut régler la couleur via une télécommande tactile)… 100€ pièce ! Avec un peu de DIY, on peut faire un truc équivalent pour 2 fois moins cher environ (mais en y passant un peu de temps,… il faut quand même être un peu passionné =) ).

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    • “Certes, il existe des machines virtuelles. Mais ça nécessite quand même d’aller explorer les offres des différents hébergeurs, de savoir quoi chercher exactement, d’être près à payer pour un service qu’on peut avoir gratuitement…”

      VirtualBox est gratuit, multiOS. reste à trouver l’image qui va bien, sur un site qui mutualise les images virtuelles par exemple… dans les trois premiers liens google tu trouves. et comme LAMP est open source, c’est gratuit. Ok, je le sais parce que je le fais pour moi, mais j’ai l’a priori qu’il existe pas mal de tutos pour faire ça, dès que tu arrêtes de te dire que tu vas aller chercher un service extérieur et que ta machine peut très bien servir à faire tourner un service web puisqu’elle est connectée à internet (ce genre de bestiole consomme rarement son CPU de toute façon, à moins de faire tourner des jeux ou du traitement d’images).

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  10. Une remarque sur la frontière floue entre pro et amateur : comme tu dis, les outils les plus puissants sont dispos pour les amateurs. Dans tout ce qui est logiciel, Photoshop, serveurs, langages… les pros et les amateurs ne sont donc plus séparés que par le temps, la motivation, et le talent. J’ajoute que comme c’est un domaine qui progresse très vite, l’expérience du pro au fil de sa carrière fait moins la différence par rapport à l’autodidacte pur.

    Pas étonnant que le DIY devienne un mantra : c’est comme ça que beaucoup ont commencé, et, avec le temps et l’envie, tout le monde peut le faire.

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  11. « la facilité de mise en service et de maintenance n’est en général qu’un point (très) mineur dans leur cahiers des charges. »

    Par expérience, je sais qu’on peut faire le reproche à pas mal de logiciels proprio. Le vrai problème est : est-ce que les concepteurs se préoccupent vraiment de ses utilisateurs ?

    La réponse peut être non aussi bien pour des développeurs autistes et élitistes que pour une multinationale qui vend du service aux directions et pas aux utilisateurs ni aux techniciens qui vont gérer ça (ex : SAP).

    Et la réponse peut être oui quand les développeurs de libre sont plus là pour résoudre des problèmes que pour montrer leur virtuosité technique, et que l’entreprise tient faire un bon produit utile autant qu’à gagner de l’argent (Ce qui sépare souvent les deux est justement le besoin de vivre en faisant un minimum de fric.)

    Ne pas oublier non plus que le public de beaucoup d’outils n’est PAS l’utilisateur non technique. Perl, vi, sont des outils super et puissants pour un public technique. Ne pas se plaindre que le non-initié soit paumé au départ.

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  12. Avant propos: je ne sais pas quelle phrase choisir pour me décrire:
    _ je fais parti des libristes barbus et je ne suis pas d’accord avec les propos de cet article ;
    _ je fais parti des libristes barbus donc je ne suis pas d’accord avec les propos de cet article ;
    _ je fais parti des libristes barbus parce que je ne suis pas d’accord avec les propos de cet articles.
    Sans doute les 3. D’avance, oui, je crois que les logiciels libres sont mieux par nature (cf obscurantisme) et le DIY encore mieux parce qu’il implique la connaissance associée.

    Avertissement : si vous voyez du FUD ou du mépris, reprenez la lecture au début. Je sais que le blogueur est Genevois au moins d’adoption.

    Quand je lis (en gros) «si tu veux que j’utilise ton soft, t’as vachement intérêt à l’adapter à mon usage». J’ai envie de dire (pareil, en gros) «et pis 10 balles et un mars aussi?». Avec les logiciels «privateurs», on paie (ou est sensé payer) entre autres des développeurs qui analysent des besoins et tentent d’y répondre. Il n’y a pas du tout la même logique derrière les logiciels libres. Bien sur, ils essayent de donner une solution à un problème, mais l’utilisateur n’est pas un donneur d’ordre.

    Pour commencer, je vais prendre 2 exemples qui me hérissent particulièrement le poil.

    1. Quand les gens se plaignent de Gimp (par rapport Photoshop), je note qu’en général :
    _ ces braves gens n’ont jamais acquis de licence PS leur permettant d’utiliser ledit logiciel ;
    _ ils pourraient faire le même rendu mais pas de la même façon (oh mon dieu ! Il faut apprendre un nouveau logiciel !!) ;
    _ PS et GIMP sont trop complets pour l’usage de ces personnes (un peu comme si je prenais un tank pour casser une noix).
    _ le taux de conversion de plaintif à contributeur est proche de 0.

    2. Certains arguent que «ce qu’on trouve sur wikipédia est faux» régulièrement assaisonné de, au choix, {parfois,souvent,tout le temps}.
    Oui, tout le monde peut éditer cette encyclopédie universelle et gratuite (Diderot et d’Alembert priez pour nous). J’ai beau être un barbu convaincu; je ne vis pas chez les bisounours. Bien entendu, il y a des gens assez bêtes ou vils (le «ou» français n’est pas exclusif) pour faire des modifications mensongères par amusement ou à desseins de désinformation. Mais le but de wikipedia reste la recherche d’une vérité consensuelle (au plus proche de la Vérité). S’il n’y a pas de comité de relecture, en tant qu’utilisateur, on a accès à l’historique, à la page de discussion et on est toujours en droit (=même si l’info semble vraie) de demander une référence (au prix modique de 2 clics et de 11 malheureux caractères ajoutés, le fameux {{refnec}} [1]). Le constat est le même : «participer ? Ça ne viendrait même pas à l’esprit. Non je préfère râler».

    Avec un tendance lourde d’uniformisation, le système nous a formé à être de bons petits consommateurs bien gentils et à acheter pour être et avoir un genre de pouvoir; prendre tel quel ce qu’on nous vend et point barre. En particulier en France, on pousse à se conformer à un carcan étriqué par opposition aux USA (ou à l’idée qu’on s’en fait) qui pousse à «think out of the box». Mais de nos jours, quand on détourne ce qu’on nous donne pour un autre usage, on devient un «dangereux pirate», un marginal.

    Mais dans le «monde libre» (propaganda !), ce n’est plus le même modèle. Il s’agit vraiment pour chacun de se saisir des sujets (tous!) et de se les approprier dans un élan civique et humaniste (carrément). «La technologie est autant un outil de libération que d’asservissement» (Bernard Benhamou, dans l’excellente «contre-histoire des internets» d’Arte [2]), ce n’est que l’usage qui tranchera lequel des deux.
    J’ajoute que contrairement à l’idée reçue, la technologie ne rend rien plus simple ou plus facile tant que l’utilisateur ne la maîtrise pas. Je crois que peu se risqueraient à utiliser une tronçonneuse ou des explosifs sans être parfaitement certain de ce qu’il fait. Pourquoi devrait-il en être autrement ?

    D’avance, j’objecte à ceux qui diraient «mais je n’ai pas le temps» ou «je suis trop pour apprendre» qu’un jour lire et compter étaient réservés à une élite, qu’un jour seuls les hommes blancs avaient des droits, qu’un jour seuls les personnes médiatiques avaient une expression publique (et donc une influence),…
    Aujourd’hui encore, ces privilèges ne sont toujours que partiellement révolus parce que «ce n’est pas si grave», qu’«on peut avoir confiance» et surtout qu’«il n’y vraiment, mais vraiment, rien du tout qu’on puisse faire pour changer ça». Ça se saurait si la connaissance pouvait changer quoique ce soit après tout.

    Pourtant, ce qui est en jeu maintenant va bien au delà de cette nécessité de formation. Ce n’est rien de moins que la liberté (libre-arbitre inclus) et de la démocratie qui sont dans la balance car l’informatique est devenue universelle et n’est plus uniquement l’apanage de scientifiques boutonneux asociaux. Alors pour préserver ou gagner cette si chère liberté et ne pas se faire bouffer par le système, on doit passer par une prise de conscience massive et que tous participent. Nous sommes à l’aube d’un truc potentiellement énorme, l’ancien monde (états, multinationales,etc.) résiste avec force pour ne pas rendre au peuple ce que ce dernier lui a prêté.

    Mais pour en revenir aux logiciels dont je me suis un peu éloigné afin d’esquisser le futur. Bien sûr, certains pourraient dire «mais quand même ils pourraient rajouter ceci ou cela, c’est pas si compliqué» alias (!= Alias) le grand Yaqua Fautqu’on et son chapeau rond.
    Peut-être que c’est plus compliqué qu’il n’y parait. Peut être aussi qu’au global il y a autant d’avis pour une fonctionnalité (ou apparence) que po’r son opposée. Peut-être que d’autres développements sont prioritaires comme d’autres fonctionnalités ou des corrections de bugs.
    Peut-être surtout qu’il est temps de participer en ne se disant pas que «fais ch**r ! Il faut en plus que je me coltine du boulot» mais «quelle chance ! 99% du travail a déjà été fait et mis à ma disposition».
    Il n’y a jamais trop de mains pour porter des projets communautaires. Les logiciels libres vivent grâce à une communauté dans laquelle on entre dès qu’on les utilise. En plus, souvent libre = gratuit (pas toujours), c’est un juste retour que de participer à l’amélioration, en particulier quand on a une idée ou une critique.

    «Il y a une raison pour laquelle le commun des mortels n’utilise pas les alternatives open-source et/ou auto-hébergées à Google, Facebook, Apple ou Microsoft». Oui, mais ce n’est pas celle qui est donné dans la suite. Il ne faut pas avoir peur des mouches pour balayer d’un revers de main sans trembler des genoux le grégarisme et la paresse. J’ajouterai à ce mélange une once de résistance au changement, une pincée d’autopersuasion d’incapacité personnelle, un soupçon d’ingratitude et une louche du confort d’une position de critique qui ne participe pas. Parfois, on peut y voir aussi cette idée que «si j’ai déjà eu la main sans rien faire, je peux bien demander le bras» (pour que d’autres l’améliorer à notre place). Il y a également beaucoup de méconnaissance du prix réels des applications de ces «Google, Facebook, Apple ou Microsoft». Il ne faut pas non plus prendre ce constat pour une vindicte ou de la condescendance, mais au pire comme un dépit ou au mieux comme un point de départ. On a été (et est) dressé pour être comme ça. Mais il n’y a rien d’irrémédiable, il suffit de choisir de prendre la pilule rouge.

    Autrefois, ne pas lire la notice de son grille-pain n’avait pas de conséquence bien graves. Aujourd’hui, tous les objets deviennent connectés en permanence, alors l’inoffensif toaster et tout ce qui contient de l’électronique auront de plus en plus des capacités de :
    _ moucharder nos moindre faits et gestes (cf [3]) ;
    _ mettre en place une nouvelle forme de censure par les entreprises (cf Apple 1984 vs Apple 2008+, indexation par google (ce qui ne l’est pas n’existe pas et appelle ça du darknet pour faire peur), …) ;
    _ mettre en place une nouvelle forme de censure par les états (cf internet by Hosni Moubarak, cf [4]) ;
    _ nous abrutir pour mieux garder le pouvoir, le vrai.
    C’est bien là qu’il faut une reprise en main citoyenne généralisée, pour empêcher ça. Le «making» sert aussi à limiter ce genre de dérive, après tout on est jamais mieux servi que par soi-même.

    Il reste la grosse difficulté pour beaucoup : acquérir et maintenir de complètes connaissances et compétences informatiques (bureautique, système, fonctionnement des réseaux (et l’indissociable concept de neutralité), programmation, …). Je ne nie pas que sans base de départ, c’est long.
    Mais pour l’instant, on a eu une chance exceptionnelle : on dispose encore d’un outil universel d’échange malheureusement en voie de minitélisation (cf [5]). Pour l’instant donc, on peut encore faire plein de chose comme chercher ou proposer du savoir et de l’aide (le «ou» français n’est toujours pas exclusif). Acquérir la connaissance en vaut la peine, car ça ouvre la porte à plein de vecteur de liberté comme l’«open data» utile, l’autogestion (et pas qu’en informatique mais grâce à elle),…
    Mais avant le réconfort, il y a l’effort. Bref, voila le prix pour ne pas donner carte blanche à des géants ou des états qui ont chacun leurs propres velléités lointaines du service des citoyens (cf [6] et [7]).

    À nous de jouer !

    [1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Aide:R%C3%A9f%C3%A9rence_n%C3%A9cessaire
    [2] http://lesinternets.arte.tv/
    {3] http://sebsauvage.net/rhaa/?2010/08/25/09/19/17-apple-le-nouveau-big-brother
    [4] http://blog.fdn.fr/?post/2011/01/28/Censure-de-l-internet-en-%C3%89gypte-%3A-une-humble-action-de-FDN
    [5] http://www.fdn.fr/minitel.avi
    [6] http://www.wired.com/opinion/2012/11/feudal-security/
    [7] http://www.washingtonpost.com/investigations/us-intelligence-mining-data-from-nine-us-internet-companies-in-broad-secret-program/2013/06/06/3a0c0da8-cebf-11e2-8845-d970ccb04497_story.html

    Répondre
    • Bienvenue et merci pour la (grosse) réponse: ça aurait presque mérité un vrai article de blog pour elle toute seule.

      Alors, vous allez rire, mais je suis d’accord avec beaucoup de vos arguments.

      Mais.

      Mais je pense que ça ne suffit pas de dire “on peut le faire, les outils sont là.” Dans un monde parfait, ça suffirait, mais on n’est pas dans un monde parfait.

      Le monde du libre doit autant faire un pas dans la direction de la masse bêlante que cette dernière, dans la direction du libre. Simplement parce que sinon, ça n’aura pas lieu.

      Répondre
    • je suis d’accord avec vous, mais comme vous dites, parce qu’à un moment donné, j’ai choisi la pilule rouge (et que j’ai un entourage plus méfiant que la moyenne). En politique, c’est tout à fait similaire, on peut croire que le simulacre de vote auquel on a droit est une démocratie, ou vouloir une vraie démocratie. Et comme en politique, on peut être surpris de voir que finalement très peu de gens veulent ouvrir les yeux ou changer leur état de mouton consommateur.
      Les gens n’ont pas le temps parce qu’ils occupent leur temps à ce qu’ils croient être le plus important, et pas à gagner leur liberté. Le revenu de base leur permettrait par exemple de ne plus aller bosser juste pour subsister, et peut être d’avoir du temps pour reprendre contrôle sur ce qu’ils mangent sur ce qu’ils utilisent comme outil (informatique ou pas), mais ils doivent plutôt mettre toute leur énergie à bosser sans envie pour essayer de subvenir à leurs besoins. Pour entrer dans la société que vous préconisez, il faudrait déjà une prise de conscience politique globale avant tout choix informatique.

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      • Merci pour la bienvenue, mais je suis un multirécidiviste, j’étais déjà venu me proposer (en tant que développeur) à l’époque de la GARDE (qui est aujourd’hui morte et jetée à la fausse commune des bonnes idées ?).

        Je vous réponds à tous les deux.

        @Alias
        Je ne disais pas «on peut le faire, les outils sont là». Je dis que maîtriser l’outil, au vu de son omniprésence croissante, relève de l’obligation de principe et du devoir civique.
        Je ne suis pas d’accord sur «le monde libre […] libre.», mais la conclusion est juste. Le «monde libre» fait déjà énormément d’efforts vers la masse bêlante. Ne serait-ce que par tous les logiciels proposés et souvent gratuits. En réalité, ce qui manque à l’utilisateur tient plus de l’appropriation du logiciel que du «bouh les vilains devs veulent pas s’adapter» (et je l’ai dit, sans base, c’est long à dompter).
        Mais il y a également des assos (April, Aful, Quadrature, fdn, …) qui montent au créneau avec des moyens dérisoires pour défendre nos droits, dans l’indifférence quasi-générale.

        Par contre, il reste un travail de pédagogie pour expliquer à la majorité (des gens) que ce n’est pas uniquement de la technique bien que ce soit le point de départ. Ce n’est pas simple car, dans l’ensemble, elle est apathique, réfractaire au changement et inconsciente des enjeux.

        Les bougres n’ont pas tort car on leur enseigne (pas toujours en ces mots) que les «simples d’esprit sont heureux car le royaume des cieux leur appartient». Seulement, au delà de ces belles promesses, il faut passer par un asservissement bien réel ici bas. Cependant il n’y a pas que des mensonges dans ce bouquin de fiction (ou dans les autres du même tonneau), car on peut y lire en français dans le texte «et cognoscetis veritatem, et veritas liberabit vos», l’aveu : la libération vient par la connaissance.

        @fxguillois
        Non, ce n’est pas au politique de prendre conscience mais bien aux peuples (au peuple ?). Croire que le pouvoir en place va de son propre chef lancer une transition qui le rendra obsolète est encore plus utopiste que de croire que cette transition peut avoir lieu depuis la base.

        Et ce n’est qu’un problème de ne pas avoir le temps, c’est plutôt de la myopie (ils voient mal au loin). À tous les niveaux, on est tellement englué par le traitement des affaires courantes (rien à voir avec E. coli) que réfléchir à des projets à moyens et longs terme est un projet à moyen ou long terme (cf. calendes grecques). En plus, après une journée de servitude, tout le monde est tellement heureux d’abreuver le système par son «temps de cerveau disponible©» en débranchant celui-ci. Tout le monde, enfin presque, un petit village mondial tente encore à résister à l’envahisseur…

        ps : je ne sais pas pour la Suisse, mais en France le fait de modérer à priori les commentaires change complètement les responsabilités (hébergeur irresponsable → éditeur responsable). voir http://maitre-eolas.fr/post/2008/03/24/905-blogueurs-et-responsabilite-reloaded

        Répondre
        • Si j’avais de la mémoire, ça se saurait. 🙂

          Cela dit, pour en revenir à la pédagogie dans le domaine du monde du libre, je crains que le problème du devoir civique, c’est qu’il s’efface souvent devant la fainéantise. Oui, je parle d’expérience.

          Il faut voir un truc, c’est qu’une partie non négligeable des solutions commerciales apportent un vrai plus en terme d’ergonomie. Avec elles, c’est facile. Il ne faut jamais sous-estimer l’attrait de la facilité.

          Répondre
          • l’ironie, c’est que parfois (et c’est en augmentation) les solutions commerciales ne sont que des frontends pour des logiciels libres. Mais en général, le gain d’ergnonomie entraîne une perte soit de fonctionnalités, de liberté ou de vie privée. Comme écrit dans un autre article : «if you don’t pay for it, you are not the customer; you’re the product being sold». Mais en fait, même quand on paie…

            La fainéantise : «J’ai un rêve. Le rêve qu’un jour cette nation se lève. mais moi je me couche parce que j’ai la flemme.»
            Nan franchement, ça ne peut pas être un argument (enfin ça ne devrait pas pouvoir).

            Il faut voir un truc, c’est qu’une part non négligeable (pour ne pas dire majoritaire) des utilisateurs des logiciels libres sont des «parasites» (= profitent sans contribuer — ne pas y voir une insulte). Qu’est ce que ça serait si chacun mettait la main à la pâte !

            Répondre
            • “Qu’est ce que ça serait si chacun mettait la main à la pâte !” Un gros bordel 🙂

              L’argument de la fainéantise n’est hélas pas un argument, mais un fait. C’est pénible, mais il faut vivre avec.

              Répondre
            • En plus du gros bordel, il y aurait un foisonnement dans les projets qui amènerait la facilité relative que beaucoup espèrent visiblement.
              J’ai mis relative parce quelque chose qui fonctionne «directement sorti du carton» ou avec une jolie interface n’en est pas forcément plus facile. En général, la complexité vient avec le nombre de possibilités offertes par le soft. Du coup, à moins d’en limiter le nombre, je vois mal comment on peut rendre ça simple…
              Je vais prendre un exemple, j’ai dû (oui, life is a bitch) bosser sur mac et je devais réaliser un programme automatique qui vérifie la présence de soft (et leur version) en les installant le cas échéant. Ben franchement, dès qu’on a plus d’interface graphique, la fameuse simplicité macOS fait bien rigoler. Sous windows, c’est du même tonneau du reste (msconfig, regedit & co). Comme quoi, la simplicité, c’est un truc relatif.

              Par contre, comme amélioration généralisable, il y a bien un truc qui est souvent ni glamour ni complet ni multilingue : la doc. Mais c’est pas évident à faire une bonne doc et pour le coup, ça n’a pas grand rapport avec la programmation.
              Est-ce qu’il vaut mieux détailler par fonctionnalité (=unicité de l’info) puis les agglomérer jusqu’à différents cas d’utilisation ou partir de ces cas et détailler quitte à éparpiller les explications d’une fonctionnalité précise.
              Voila, et ce n’est qu’une question.

              Pendant le développement, il y a énormément de trucs à faire rien qu’au niveau de la prog(ajout de nouveautés, maintien de cohérence (style) dans l’ensemble du projet), chasse aux bugs, refactorisation, découplage, doc du code, gestion du versionnement, de l’équipe et du reste, relecture, …) que, parfois, la doc en pâtit. Mais c’est notamment là où on aimerait voir les râleurs s’investir. Ne pas oublier, les développeurs de logiciels libres ne sont de loin pas tous employés par des firmes pour ça et n’ont que 24h chaque jour.

              Oui, un fait mais le problème est surtout qu’en poursuivant comme ça, on sera tous dans des états de police avant d’avoir le temps de…

              Derrière ce super effet de style, il y a malheureusement une vérité et c’est ça qui est triste et rageant. En plus, je vois (avec mes oreilles) de plus en plus de gens se vanter d’être nul en <matières au choix». C’en est devenu une fierté. Dans quelle dimension a-t-on basculé ? j’ai loupé un truc.

              Par hasard, je suis tombé sur un podcast qui abordait aussi le sujet du libre. https://soundcloud.com/studio404 la #8
              leur argument : le non-marketing.
              Au global, il y a quelques points intéressants ( progressivement beau est devenu supérieux à fonctionnel), d'autres ressemblants à notre discussion et pas mal de bullshit aussi ( des fions du genre «après avoir installer linux, j'ai jamais booté dessus» {ndr : wah bravo !} , un soi-disant «yalta MS-Linux» dont les conclusions seraient linux = serveur et Win = client {ndr : Valve (Steam) doit pas être au courrant}, qui représente linux au yalta ?, …)

              Parfois je me pose la question suivante, sachant que :
              _ les gens ne changent pas ,
              _ les gens déjà convaincu du bien fonder des logiciels libres contribuent déjà ;
              _ les gens pas convaincu veulent avoir des outils «beaux» et «simples» sans avoir ni à réfléchir, ni à s'investir.
              Est-ce que finalement, les premiers qui essayent de convaincre les seconds de leur erreur n'est pas une hérésie et une perte de temps ? D’un autre côté, vu les dérives actuelles des multinationales et des gouvernements, est-ce malgré tout nécessaire ?

              voila bon sujet de philo pour les français qui ont leurs épreuves la semaine pro.

              ps : au fait, faire remarquer qu’un «-» peut changer le sens d'une phrase, c'est bien. Mais écrire »Il est tant que ceux qui […] ça l'est moins.

              pps : je n’utilise pas (le moins possible) de smiley ou de «lol», ça ne veut pas dire que je n’ai pas d’humour mais si les gens veulent des sous-titres qu'ils engagent un traducteur.

              Répondre
              • Pour résumer, il ne faut pas jeter le chaton avec la litière sale (c’est plus rigolo et plus geek que de parler de bébé et d’eau du bain): je n’ai rien, dans l’absolu, contre les logiciels libres, juste contre l’attitude “bah c’est trivial” qui me rappelle un prof d’algèbre que j’ai beaucoup détesté (pas qu’il fût antipathique, mais sa pédagogie était à chier).

                De même, si j’utilise principalement des logiciels et environnements “fermés” (Apple, suite Office, Creative Suite Adobe), ce n’est pas pour autant que je suis aveugle aux problèmes que cela pose.

                Ce que j’aimerais, c’est que le principal argument qu’aligne certains aficionados du libre ne soit pas “les autres sont caca”. C’est peut-être vrai et il y aura sans doute un point de rupture à partir duquel la crapitude et les restrictions des solutions commerciales rendront les solutions libres réellement attirantes (même moi je suis en train de considérer de passer à LibreOffice et je regarde avec une certaine inquiétude la nouvelle offre cloud d’Adobe), mais ça n’est pas très positif pour ces dernières.

                (Ah, et merci pour avoir remarqué la faute; c’est corrigé.)

    • Ben Ali → Hosni Moubarak
      nul n’est exempt de coquilles
      (si mon commentaire erroné est corrigeable et corrigé, ce commentaire peut être supprimé).

      Répondre
        • Je voulais juste rajouter que suite à cette discussion et à l’affaire du Prisme, je suis repassé à Ubuntu. J’avais quitté linux en plein désoeuvrement sur la multiplication des environnements de bureau (gnome 3, mate, cinnamon, E17, etc.), et je me retrouve avec un Unity beaucoup plus mature avec un app store qui tient la route, et surtout une communauté qui comme on le disait plus haut, s’est bougé pour rendre l’approche libre séduisante même pour un mac user. de Geary à Quot liber en passant par chronopete (énorme clone de time machine), l’expérience utilisateur est devenu quasiment aussi bonne que sur mac. et j’ai pas encore lancé une ligne de commande. par contre j’ai déjà trié mes photos mieux qu’avec gemini / iphoto.

          Franchement, les sceptiques, installez la dernière ubuntu, je pense que vous aurez du mal à lui reprocher quelque chose (à part les linuxiens qui se plaignent de l’environnement de bureau :)).

          Répondre
          • Ça fait un petit moment (genre quinze ans) que Linux me tente, mais je ne suis pas super-enthousiaste à laisser de côté tous mes outils Adobe de graphiste, ne serait-ce que pour des questions de compatibilité.

            Lorsque je changerai de machine (sans doute l’année prochaine), j’essayerai peut-être de me faire un dual-boot Ubuntu/Mac OS X.

            Répondre
            • ton ordi de travail est le même que ton ordi perso ? là j’ai un multiboot windows/linux, windows ne me servant que pour les jeux notamment les MMO qui ne sont jamais nativement proposés sur linux (même si certains sont aisés à faire tourner dessus). Pour Adobe, j’ai pas trop de solutions, au boulot, je fais du photoshop en machine virtuelle, ca marche, mais c’est acceptable parce que je ne fais pas des utilisations quotidiennes. regarde peut être dans la bibliothèque de crossover où ils en sont du lancement des produits adobe sous linux, sinon peut être que par adobe cloud, on verra arriver adobe plus vite sur linux ?
              mais ubuntu se lance en live cd, ou s’installe sur une petite partition (c’est un peu plus compliqué sur mac, boot camp a besoin d’un peu d’aide). si c’est juste pour essayer… un gravage d’iso et hop, tu peux tester.

              Répondre
              • Ça dépend de ce que tu entends par “ordinateur de travail”. J’ai une machine Windows au bureau, mais j’ai aussi Adobe CS chez moi.

                Et puis j’aimerais éviter Adobe Cloud, qui me paraît vraiment être un Mauvais Plan.

            • Le double boot, c’est pas une bonne idée en fait. On fait joujou avec Linux, et puis quand il y a du boulot sérieux, on revient sous Windows, et on y reste parce qu’il est là. Bref, on ne prend pas le temps de bien connaître son nouvel environnement.

              Le mieux ? Soit 2 machines, soit une machine virtuelle dans une autre. On reste en permanence sous Linux, et on ne lance les applications Windows que l’on n’a pas encre remplacées dans la VMs, uniquement quand on en a besoin, et seulement celles-là.

              Répondre
              • pas d’accord. mais parce que j’utilise windows plus occasionnellement que linux. et c’est quand même le but. Quand l’ordi démarre, grub le lance par défaut sur linux. après si jamais j’ai besoin de windows, je lui indique, mais le cycle imposé par grub met linux au centre de l’activité de l’ordinateur, c’est certain que pour un windows user, ca va vite être énervant.
                La VM pour bosser, bof bof. pas assez de perf, une résolution souvent insatisfaisante, et au final le même résultat, comme ca te saoule, tu la lances de moins en moins, puis plus du tout. au moins le multiboot te rappelle que tu as un os à utiliser. par contre c’est très bien pour tester, installer des softs et voir si ca correspond à l’usage qu’on veut en faire, etc.
                Le must c’est deux machines. surtout avec un mac, c’est mieux. faut avouer que linux est quand même plus facile à installer depuis un windows que depuis un mac. Là j’ai plus progressivement passé mes données du mac vers le linux avec toujours time machine qui tourne et qui backupe les supressions progressives.

              • Je préférerais éviter les deux machines. Pour le moment, j’ai un desktop et un laptop, mais je pense passer à laptop+dock et tablette.

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