Filtrez votre Internet vous-même

Ah, Internet! Ce lieu merveilleux où une infinité de singes tapent sur une infinité de machines à écrire, tout en lisant une infinité d’écrans (et lancent aussi des infinités de caca)! Évidemment, le rapport signal-bruit n’est pas optimal, c’est pourquoi j’ai tendance à filtrer.

“Filtrer Internet” n’a pas très bonne presse, ces temps-ci. Principalement parce que les initiatives étatiques ont tendance à rentrer dans la catégorie “ils ne veulent que notre bien” (mais ils ne l’auront pas) et, de plus, ressemblent furieusement à un gaspillage d’argent public pour mettre en place des solutions qui rassurent le pékin sans avoir une once d’efficacité.

On peut aussi constater qu’à force de filtrer, on se retrouve avec les seuls contenus que l’on aime et avec lesquels on est d’accord, ce qui n’est pas exactement la meilleure option si on veut avoir une information équilibrée. Rien n’est simple.

Cela dit, tout le monde le fait. Ce qui est assez heureux: personne n’a envie de se fader tout, tout le temps. Personne n’en a sans doute les capacités, d’ailleurs. On filtre déjà en faisant le choix de ce que l’on visite, regarde, écoute; Internet, c’est le domaine du contenu choisi, pas du contenu subi. En théorie.

Dans les faits, il y a déjà un type de contenu qui rentre dans la seconde catégorie: les pubs. Bonne nouvelle: ça se bloque. Pendant longtemps, j’ai été un inconditionnel de AdBlock (pas-Plus); depuis peu, je suis passé à uBlock Origins, qui a l’intérêt d’être moins gourmand en ressources (et toujours développé; j’ai l’impression qu’AdBlock est un peu en stase).

(On peut chouiner sur la question morale du blocage des pubs, mais je me suis déjà exprimé là-dessus. En résumé, je suis prêt à payer pour du contenu, mais si les sites ne me laissent pas d’autre choix, ce n’est pas à moi de supporter les coûts de leur modèle économique foireux.)

Une autre approche dont je suis un inconditionnel, c’est l’usage des RSS. Au lieu de passer la moitié de mon temps à passer de site en site dans l’attente de nouveaux contenus, j’ai un lecteur qui centralise les flux de mes sites préférés et qui m’envoie, sinon le contenu, du moins un extrait d’icelui qui me permet d’apprécier si l’article m’intéresse ou non.

Évidemment, de plus en plus, la pratique veut que l’on passe par les réseaux sociaux. Oui, ça veut dire Facebook, mais pas que. Je lis souvent des statuts emplis de désespoir sur le contenu affligeant partagés par certains – dont je fais sans doute partie, le contenu affligeant étant une de mes spécialités. Eh bien vous allez rire: ça se filtre aussi.

Facebook a plusieurs outils qui permettent de cacher les contenus partagés selon plusieurs critères. D’abord, si c’est une app, on peut bloquer l’app en question, ce qui est très pratique pour la myriade d’invitations à des jeux plus ou moins foireux.

Ensuite, on peut bloquer par source: le groupe ou la page Facebook ou le site d’0ù vient le lien, à l’aide de la petite flèche en haut à droite du contenu partagé; ça ne fonctionne pas toujours, mais c’est raisonnablement efficace. Au pire, il y a l’option nucléaire, qui consiste à bloquer l’utilisateur – à réserver seulement aux gros lourds irrécupérables.

C’est une option qui permet de réduire considérablement la quantité de contenus poucraves; malheureusement, c’est aussi une mesure qui ressemble un peu au tonneau des Danaïdes: l’infinité de singes et son infinité de machines à écrire a tendance à produire également une infinité de merde sur une infinité de groupes différents, mais c’est un début.

Pas tous les réseaux sociaux ont cette option, hélas. L’autre réseau sur lequel je suis très actif – le même pas mort Google+ – ne fonctionne pas comme ça. La bonne nouvelle, c’est que les contenus ont nettement moins tendance à donner dans le nawak. Peut-être parce qu’il y a moins de monde, peut-être aussi parce que son système de “cercles” est en lui-même un filtre efficace.

Twitter non plus n’a pas beaucoup d’outils de ce genre; c’est peut-être là que le rapport signal-bruit est le plus difficile à gérer, vu que le seul filtre qui existe réellement, c’est de faire taire l’utilisateur, ce qui est un peu brutal. Ou alors en utilisant des app tierces, comme Tweetdeck ou Hootsuite, et encore.

Dans l’absolu, la meilleure solution pour filtrer, ce serait de réduire les sources au maximum. C’est souvent plus facile à dire qu’à faire, surtout quand on a accumulé plusieurs années d’habitudes; ça s’appelle de la discipline et ce n’est pas vraiment mon truc. Du coup, avec quelques outils de filtrage, l’information devient plus facilement gérable.

(Image via Pixabay, sous licence Creative Commons Zero)

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4 réflexions au sujet de “Filtrez votre Internet vous-même”

  1. Je m’aperçois que j’ai écrit plus ou moins la même chose au départ. ( http://iceblog.free.fr/index.php?article143/stop-pub-il-faut-evoluer ) tout en imaginant ce qu’il pourrait en être à l’avenir. Bref il va falloir choisir entre la passivité et le suivisme qui conduira, comme The Verge le pense, à une mort lente. Ou bien considérer que le système va se réinventer, qu’après les flux RSS et grace à un internet plus libre, des solutions émergeront par les utilisateurs “avertis”….avant qu’un jour cela soit mangé par la machine.

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    • Pour ce qui est de la pub, on est – sans surprise – sur la même longueur d’onde. Mais c’est vrai qu’à travers la pub, il y a également l’aspect de la “consommation de l’information”, plus ou moins filtré.

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  2. Autant le concept du RSS est inconnu (et incompréhensible ?) du grand public, autant dans le monde pro, on utilise ça parfois sans le savoir avec par exemple Netvibes !
    Sauf que les gens ne savent pas comment marche Netvibes 😉
    Et ça permet d’avoir une veille professionnelle assez simple.

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    • Je ne suis pas certain que ce soit aussi “inconnu du grand public” que cela; je soupçonne que plus de gens que l’on pense utilisent cette technologie – mais certainement moins que l’on aimerait.

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