Godspeed You! Black Emperor: ‘Allelujah! Don’t Bend! Ascend!

Je dois avouer que, si j’aime bien le post-rock, je n’ai jamais été un grand fan d’un des plus illustres représentants du genre, Godspeed You! Black Emperor. Il faut un début à tout et, dans le cas présent, il s’agit du dernier album en date, sobrement intitulé ‘Allelujah! Don’t Bend! Ascend!.

Le collectif canadien, actif depuis plus de vingt ans (mais avec sept ans d’interruption entre 2003 et 2010), n’en est qu’à son quatrième album – cinq si on compte une cassette publiée en 1994 à 33 exemplaires… –, mais de l’avis des critiques, ce sont des albums qui marquent. Il faut aussi dire que c’est un groupe qui a essaimé en une multitude de projets divers.

Le post-rock de GY!BE (comme disent les gens hype) est plus du genre à tisser des ambiances pesantes sur des canevas de guitares. C’est une peu le pendant brutaliste et saturé d’un Sigur Rós (encore que je suppose que c’est plutôt l’inverse, Sigur Rós étant le pendant éthéré de GY!BE).

Construit sur quatre morceaux – vingt minutes, six minutes, et de nouveau vingt minutes et six minutes – Allelujah! Don’t Bend! Ascend! attaque par un “Mladic” sombre et torturé, aux accents orientalisants d’où surnage un violon et, en guise de final, des percussions alpestres; sans doute le meilleur et le plus intense des morceaux de l’album. Il enchaîne sur “Their Helicopters Sing”, planant et minimaliste.

“We Drift Like Worried Fire” commence tout en douceur et monte en puissance, passant par une plage inquiétante avant de se terminer en apothéose et de doucement redescendre, le temps de céder la place à “Strung Like lights At Thee Printemps Érable”, un dernier moment atmosphérique qui dérive comme les dernières bouffées d’un brouillard malsain.

Il y a un côté angoissant dans les ambiances de cet album: les violons, très présents tout au long des morceaux, y sont sans doute pour quelque chose. Les sons discordants qui parsèment les compositions, également. Il y a surtout un réel travail de composition, comme une bande-son d’un film qu’on ne pourrait pas voir, un film en noir-blanc aux tons sépias, comme la pochette. La bande-son des Documents interdits, en quelque sorte.

Il faut aimer le style et faire l’effort de rentrer dedans: la musique de Godspeed You! Black Emperor n’est pas facile d’accès et elle comporte pas mal d’éléments qui en rebuteraient plus d’un. À mon avis, l’effort est largement récompensé par un album remarquablement dense et prenant.

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