Héberger son oasis

Pour ce troisième billet sur le thème de L’Oasis – nom que j’ai donné, en plein accord avec moi-même, au concept de communauté de créatrices et créateurs décentralisés, concept qui a désormais une page rien qu’à lui – il est temps de passer aux choses pratiques. Du coup, je vais vous parler hébergement.

(Bon, je préviens: on va parler de trucs probablement très basiques pour pas mal de monde. C’est une sorte de tuto. Et je ne suis pas très doué pour ces trucs-là, ça va être genre “Alias explique le monde à ceux qui le connaissent déjà.” Si c’est votre cas, allez prendre un café ou une bière, ça risque de prendre un moment.)

En effet, le concept de base de L’Oasis, c’est que les créateurs partent sur un site rien qu’à eux, loin des plateformes centralisées – l’oasis en lui-même, donc. L’idée, c’est donc d’avoir un site 1) indépendant et 2) sur lequel on a un maximum de contrôle.

Alors, certes, on peut créer un site ou un blog sur des plateformes spécialisés, comme WordPress.com, Blogspot, Framasites ou autres, mais là encore, on abandonne une partie du contrôle aux entreprises qui contrôlent ces plateformes. En fait, tout est une question de qui contrôle quoi et, dans ce domaine, il y a assez peu de solutions parfaites.

Dans un premier temps, je recommande de prendre un hébergement. Suivant votre fournisseur d’accès à Internet (FAI), il est possible que vous en ayiez déjà un. Après, il faut voir dans quelles conditions: ces hébergements “gratuits”, inclus dans le prix de l’abonnement, sont souvent blindés de limitations.

Si vous voulez un espace raisonnablement sérieux, sur un serveur mutualisé, avec un espace disque raisonnable, comptez de l’ordre de €50-100 par an. Bien évidemment, les hébergements impliquent des conditions d’utilisation qui peuvent être plus ou moins draconiennes. Par exemple, il est rare de trouver des hébergeurs qui acceptent de faire office de serveur vidéo – pas sans un supplément de prix.

Si on veut (presque) tout contrôler, il y a toujours l’option auto-hébergement. On transforme un ordi en serveur, on le connecte sur Internet et on installe son bazar dessus. En théorie, c’est l’idéal (pour peu qu’on ait un FAI qui accepte ce genre de facétie; ce n’est pas automatique).

Dans les faits, ça nécessite pas mal de connaissances pointues, histoire de ne pas avoir une machine ouverte à tous les vents et/ou un bazar avec la stabilité d’une bouteille de nitroglycérine dans un mélangeur à peinture. Ce n’est pas forcément une mauvaise idée, mais mieux vaut savoir ce qu’on fait et ne pas avoir peur de mettre les mains dans le cambouis (numérique, mais ça tache pareil).

Une fois que vous avez un hébergement, il faut mettre des trucs dessus. Oui, du contenu, mais pas tout de suite. Parce que, voyez-vous, le web, c’est pas un truc simple. Même au début

En général, la façon la plus simple de mettre du contenu sur Internet, c’est avec un système de gestion de contenu, plus connu sous son acronyme anglais, CMS. Un CMS, en très résumé, c’est un programme qui gère tout le bazar de mettre du contenu sur Internet: construire le code, gérer les liens entre les articles, les menus, etc.

Des CMS, il y a en a littéralement des trouzaines. J’en citerai personnellement deux: WordPress et Plume. Le premier, parce que c’est à mon avis le meilleur compromis entre facilité d’utilisation, extensibilité et puissance, et le second parce qu’il utilise le protocole ActivityPub et qu’il permet donc de faire des fédérations de blogs.

Bon, en vrai, je n’ai jamais testé Plume; l’auteur Yann Kervan m’en a parlé sur Mastodon et c’est plutôt prometteur. Je soupçonne que la technologie est encore un peu jeune, mais ça vaut la peine de garder un œil dessus.

WordPress est à la base un moteur de blog. Depuis le temps, il est devenu bien plus polyvalent, mais à la base il garde un principe très “bloguien”: des articles (posts) affichés dans l’ordre chronologie inverse sur la page principale, et des pages, qui sont plus des informations “statiques” (“moi, ma vie, mon œuvre”).

Selon ses concepteurs, le programme s’installe en cinq minutes. D’expérience, c’est un peu optimiste, mais juste un peu. Et, suivant les hébergeurs, vous avez même des versions pré-installées qui n’attendent que quelques clics pour être prêtes à l’emploi.

Cerise sur le gâteau: il existe pas mal d’outils pour récupérer du contenu sur d’autres sites et les rebalancer directement dans un WordPress tout neuf. Suivant le format initial, ce n’est pas du 100% non plus, mais ça évite de passer par le milliard de copier-coller habituel.

Une fois que vous avez votre site, vous pouvez le personnaliser avec des thèmes (des options d’apparence, en gros) et des plug-ins (qui rajoutent des fonctionnalités). N’hésitez pas à prévoir un système de backup; pour ma part, j’ai carrément craqué pour Vaultpress, à $100 par an, mais ça vaut la tranquillité d’esprit (et, bonus, ça facilite vraiment la vie quand on change d’hébergement).

Ne vous reste plus qu’à peupler vos pages, mais je vous fais confiance: une (petite) biographie, des liens vers les hébergements extérieurs de vos créations, des actualités. Et hop! C’est une affaire qui roule!

Prochainement, je vous parlerai des RSS et de pourquoi c’est le meilleur ami que vous ne connaissez sans doute pas encore.

(Source chaude non loin de l’Oasis de Siwa. Photo: Stéphane Gallay CC-BY)

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8 réflexions au sujet de “Héberger son oasis”

  1. Jusque là j’ai tout bon, hébergement, CMS (WordPress et mon mien beaucoup plus sûr).
    Pour la sauvegarde, là j’avoue, je fais à l’ancienne, export de la base très régulièrement, et FTP pour le code. Budget total 30€ pour le blog et le webzine, et j’ai même un RSS (pourrit certes), mais j’en ai un.

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    • Quand tu sais ce que tu fais, à l’ancienne fonctionne très bien. Mais perso, avec genre 3 500 articles et pages, sans compter les médias et les commentaires, je me dis que €100 par an, c’est pas cher la tranquillité de l’âme.

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  2. Petit joueur, 1300 chroniques, 8000 actualités, 70 interviews, 100 live reports, et je ne parle pas du blog 😎

    C’est vite fait en réalité, le code ne bouge pas trop, la base si, donc un dump de base par semaine, au pire j’en perds une, et le code à chaque changement.

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  3. Grav, plume, pluxml,. …des solutions légères mais comme tu le dis, ça dépend ce que l’on prévoit de faire en suite, du suivi espéré. …

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    • grav a l’avantage (à moins que ce ne soit aussi le cas des autres, que je ne connais pas) d’avoir des fichiers physiques de tous les articles. le backup est très facile.

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