Ian Anderson: Homo Erraticus

Il y a deux catégories de gens qui liront cette chronique de Homo Erraticus: les prog-heads qui vont tout de suite reconnaître le nom de Ian Anderson et ceux chez qui toute cette histoire va passer au-dessus de la tête. Je précise juste, au cas où, que le monsieur est le chanteur-flûtiste de Jethro Tull, groupe légendaire des Temps Héroïques.

De ce point de vue, on peut voir Homo Erraticus non comme un projet accessoire du bonhomme, mais presque comme l’album de Jethro Tull que Jethro Tull n’a pas pu/voulu faire. Surtout qu’à l’écoute, il est difficile de ne pas reconnaître la patte de l’auteur, avec son phrasé si particulier de conteur un peu moqueur, voire un peu pervers, et ses piques musicales à la flûte traversière.

En quinze morceaux et un poil moins de cinquante-deux minutes, l’homme prouve qu’il n’est pas si erratique que cela et nous balance une belle leçon de prog-folk, à mi-chemin entre le rock progressif dinosaurien et la soirée dans un pub de la campagne anglaise: accordéon et violon contre guitare électrique et piano à queue.

La structure de l’album évoque immanquablement la querelle des anciens et des modernes, entre ses pistes titrées en latin et ses considérations sur les folies du monde contemporain. Il semble que ce soit la suite d’un concept commencé avec Thick as a Brick et Thick as a Brick 2 (à quarante ans d’écart) et centré autour du personnage fictif de Gerald Bostock.

Homo Erraticus est un album qui se déguste comme un grand cru. Certes, Ian Anderson n’a plus rien à prouver et on ne peut pas dire qu’il prend beaucoup de risques, mais c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes et celle-ci n’est ma foi pas dégueulasse.

N’étant pas un immense fan de Jethro Tull – j’aime bien, mais je ne cours pas après non plus – j’hésite un peu à recommander cet album à ceux qui le sont (immense fan, donc). Il y a toujours le risque de n’y entendre qu’un pastiche plus ou moins convaincant. Pour ma part, j’aime beaucoup cet album et je pense qu’il a toute sa place dans une discographie tullienne.

En bonus, la “vidéo” de “Enter the Uninvited”:

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