La frontière grise entre le partage de culture et le foutage de gueule

De façon générale et pour des raisons aussi pragmatiques qu’éthiques, je suis plutôt pour le partage des biens culturels. J’ai tendance à penser que même son pendant jugé illégal par les lois de nos pays a un impact bien moindre sur les ventes que certaines grosses industries semi-obsolètes voudraient bien nous le faire croire – et même une certaine utilité dans la propagation de certaines œuvres mal connues.

Il y a tout de même des fois où la chose m’énerve. Il y a quelques temps, un des habitués des Salons de la Cour d’Obéron, forum rôliste dont je fais partie de façon modérément soutenue et où je compte quelques amis, a posté un lien vers des sites proposant au téléchargement des jeux anciens selon le principe de l’abandonware.

Pour résumer, la philosophie de l’abandonware consiste à décréter de façon unilatérale qu’après un certain laps de temps sans activité de l’éditeur, un jeu est considéré comme “abandonné” et à le partager gratuitement. La légalité de la chose est douteuse, mais certains éditeurs de logiciels jouent le jeu – si je puis dire – et proposent d’eux-mêmes leurs anciens jeux en téléchargement gratuit, voire en ouvrent carrément le code source (comme id Software avec Quake III).

Pour en revenir aux jeux de rôle en abandonware, le problème majeur vient de l’attitude d’un certain nombre des sites, qui mettent en ligne des jeux récents (5-6 ans) et en plus n’assument même pas leur statut en demandant explicitement à leurs membres de ne pas faire de liens vers le GROG ou les sites des éditeurs pour éviter de se faire repérer. Tiens donc? Ce ne serait donc pas légal, ce qu’ils feraient?

Entendons-nous bien: dans l’absolu, l’idée d’avoir des sites qui archivent des jeux réellement anciens et réellement introuvables est à mon avis une bonne chose. De plus, nous vivions dans une civilisation de plus en plus numérisée et il est complètement illusoire de penser que même des ouvrages jamais composés sur ordinateur ne vont pas, tôt ou tard, se retrouver sur la vitre d’un scanner et dans un document PDF plus ou moins propre.

Ce que je trouve déplorable, c’est l’absence chez certains, au mieux de connaissance du marché du jeu de rôle (du genre à croire qu’un éditeur amortit un jeu en une année; ha! ha!), au pire de scrupules. Bon, soyons honnête: au moins, ceux qui font cela ne cherchent en général pas à se faire des thunes dessus. Insérez ici blague habituelle sur l’argent et le jeu de rôle.

Amis “abandonwaristes”, de deux choses l’une:

  • faites (ou essayez de faire) un travail d’archiviste semi-légal et limitez-vous, comme pour les logiciels, à des ouvrages parus il y a plus de dix ans – et, tant que faire se peut, contactez les auteurs;
  • ou assumez complètement la pirate-attitude, sans tentative de  justification à deux balles.

Pour finir, je ne mets pas ici de liens sur les sites incriminés. Je les ai et, si j’ai pourtant une grosse envie de dénoncer les cuistres, je ne le ferai pas pour le moment, dans l’attente de réactions de la part d’autres auteurs qui, eux, ont eu leurs œuvres ainsi copiées. Ça n’étonnera pas grand-monde: à part moi et une poignée de fêlés de la même eau, Tigres Volants n’intéresse personne, pas même les pirates.

(Images: D20 © Kirk LauDrapeau pirate © Scott Vandehey, tous deux sous licence Creative Commons non-commerciale share-alike; image finale par votre serviteur, également sous licence Creative Commons non-commerciale share-alike.)

Pour soutenir Blog à part / Erdorin:

Blog à part est un blog sans publicité. Son contenu est distribué sous licence Creative Commons (CC-BY).

Si vous souhaitez me soutenir, vous pouvez me faire des micro-dons sur Ko-Fi, sur Liberapay ou sur uTip. Je suis également présent sur Patreon et sur KissKissBankBank pour des soutiens sur la longue durée.

57 réflexions au sujet de “La frontière grise entre le partage de culture et le foutage de gueule”

  1. Le ton de l’article est raisonnable, argumenté, mais il y manque quelques points de détail, je vais donc jouer l’avocat du diable :
    Un fichier téléchargé, c’est très loin d’être équivalent à une vente ratée.
    En tant que pirate, je passe aux aveux :
    – j’ai téléchargé Wilderness of Mirrors de John Wick. Ce qui m’a ensuite donné envie de précommander le pack papier+pdf de Houses of the Blooded, puis le pdf de Blood & Honor. J’attends maintenant qu’il fasse un lot de son Big book of little games, 5$/pdf, c’est trop cher.
    – j’ai téléchargé des brouettes de White Wolf. J’en ai acheté tellement que j’ai réussi à oublier que je les avais.
    – j’ai téléchargé le jdr Dresden Files, puis je l’ai acheté.
    – j’ai téléchargé The One Ring cette année. J’attends la sortie de la VF pour l’acheter.
    – à l’annonce de la traduction de ICONS par John Doe, je l’ai téléchargé. Je n’ai rien trouvé d’intéressant, et supprimé le fichier.

    Mon statut Mithril chez ludikbazar donne une idée de mon budget jdr…

    Pour conclure, les études sur le téléchargement de musique indiquent que les téléchargeurs sont aussi les plus gros acheteurs. J’ai le sentiment d’être dans cette catégorie pour le jdr. Et donc de faire vivre mon hobby, dans la limite de mes possibilités.

    PS: ça se voit, que je suis partisan de la démarche de Cory Doctorow ?

    Répondre
    • Encore une fois, ce n’est pas le piratage qui m’ennuie et je suis tout à fait d’accord avec toi sur l’impact du téléchargement illégal (ou semi-légal) sur les ventes.

      Ce qui m’agace profondément, c’est l’hypocrisie de certains sites et des sorties du genre:

      Ah oui, un détail technique, évitez de mettre un lien vers un site extérieur, genre le Grog, les liens, par définitions ca marche dans les deux sens et personne n’a envie que les admins de sites de jdr puis les éditeurs viennent se fâcher ici. (…)
      On va donc volontairement éviter les scans de trucs récents, avec comme point de mire 1 an de délais.

      Un an de délai? WTF?

      Répondre
  2. Deux réactions de base:
    – tu as quand même une réaction un peu “not in my backyard”, du genre tant qu’on copie ce que je copie ça va, mais si on me copie là ça va plus
    – j’ai bien conscience que le business du jdr n’est *pas* le grand capital et là c’est l’équivalent de faire de la concurrence à un vendeur de limonade qui veut se payer son vélo
    – ces gens là sont soit des incultes soit des porcs: la règle est simple pour ce genre de trucs; si le produit est encore en vente, c’est pas du abandonware. Tant qu’il y a du stock etc, ça se fait pas, c’est tout. Et j’avais même envoyé un exemplaire de presse d’Habeas Corpus quand il a été épuisé au site qui scannait les supps INS/MV, pour te dire 🙂

    Répondre
    • Je ne vois pas en quoi ma réaction est NIMBY. Je me fiche qu’on me copie, à la limite je trouverais ça flatteur.

      Encore une fois, ce que je dénonce, c’est l’hypocrisie des sites qui piratent mais qui n’assument pas, se retranchant derrière une éthique “archivage” qui est soit de la pure malhonnêteté intellectuelle, soit traduit d’une méconnaissance crasse du milieu des éditeurs de jeu de rôle.

      Répondre
  3. Cela dit, je suis d’accord avec Alias, il y a d’abord une question d’attitude, soit on gère réellement de l’abandonware, on est dans une zone grise, légalement parlant, mais on respecte sinon les règles, au moins la politesse de basse. Soit c’est du piratage, et on ne se cache pas derrière une éthique à deux balles. Il faut choisir dans quel cour on joue…

    Répondre
  4. L’idée de la propriété notamment intellectuelle n’est apparue que pour asservir l’homme, son environnement et justifier sa propre bêtise.
    Se battre pour maintenir ce qui a jeté l’humanité dans le gouffre, c’est démontrer une fois de plus l’idiotie sans limite de l’humain.
    Serrez bien vos petits Jdrs dans vos mimines d’auteurs, ça peut toujours servir lors de l’incinération.

    Répondre
    • Mouais, c’est pas tout à fait ça tu sais ? A la base, la propriété intellectuelle a été revendiquée par des auteurs qui en avaient marre de se faire voler leur travail par les acteurs, metteurs en scènes et propriétaires de salles de théâtres. Dans le contexte, c’est une revendication tout à fait légitime. Maintenant, je suis le premier à affirmer qu’actuellement les personnes à qui étaient destinées cette protection n’en sont plus réellement les bénéficiaires, et que la propriété intellectuelle est devenue instrumentale dans l’exploitation des créateurs par les Majors.

      Mais là, on parle de jeu de rôle. Tout le monde est dans le même panier, les auteurs, les joueurs et les éditeurs, tous, on tire à la même corde, et il n’y a pas d’asservissement ou de contre-révolution paternaliste, seulement des gens qui aime le jdr, qui à la limite mettent à disposition des scans d’incunables et de pièces de collection, mais qui respectent le travail des créateurs.

      Du coup, Yot, c’est un peu con de chier dans la soupe comme tu le fais : on reproche l’attitude avant le principe, et ton attitude, ma foi, fait peu de cas des principes.

      Répondre
      • C’est un peu con de venir mettre son grain de sel, ça je te l’accorde, c’est désobligeant.
        Mais cibler des mecs qui partagent des jdrs par amour du jdr, (car c’est le cas ils ne gagnent rien) alors que les rolistes sont des collectionneurs ompulsifs qui ne lisent même pas les pdfs qu’ils ont, ne les joueront quasiment jamais et achèteront en dur ce qu’ils ont préféré ça me semble pour le coup très con.
        De mon côté je boycotterais à l’avenir les éditeurs et auteurs qui lancent de telles poursuites.

        Répondre
        • Bon, le problème reste toujours le même : y’a des pubs payantes et la philosophie/présentation du site est assez faux-derche pour énerver du monde. Après, c’est une question de sensibilité, et si tu préfère boycotter, ou te retenir de respirer, ou ne plus manger que des produits frais, ou ne plus parler pendant deux ans, ou ne plus voter, ou ne plus ne plus etc, c’est ton choix, ta décision et ton problème.

          Mais tu fais bien le troll je trouve. C’est presque amusant, je te félicite.

          Répondre
    • Pro communiste? Partagons tous, toutes nos oeuvres, nos terrains, nos foyers et nos amis?

      La propriété intellectuelle doit avoir un juste milieu, des cas pathétiques ont en trouvera toujours comme dans tous les domaines. Mais après, je vois pas encore un auteur qui publique quelque chose doit le rendre forcement et ouvertement accessible à tout le monde et gratuitement. Pourquoi ne devrait-il pas aussi gagner sa vie ou arrondir (ou plus) son fin de mois avec ses projets?

      Et oui je fais du téléchargement et oui je continue à acheter quand j’aime. Donc je ne suis même pas une anti-pirate et je n’ai rien à vendre.

      Répondre
      • Il y a un certain nombre d’auteurs qui publient sous Creative Commons et qui vendent quand même des tonnes de bouquin. Cory Doctorow, par exemple.

        Dans le domaine du jeu de rôle, il y a également Eclipse Phase sous licence CC qui fonctionne pas mal..

        Répondre
  5. L’histoire semble avoir pris des proportions conséquentes sur la page Facebook de Game Fever. La discussion a été supprimée depuis. J’aimerai bien revenir sur le sujet quand l’émotion sera retombée.

    Répondre
  6. On notera que, sur huit commentateurs de premier rang, trois donnent clairement l’impression de ne pas avoir lu l’article.

    Pourquoi ne suis-je pas étonné?

    Répondre
    • peut-être que l’article n’est en lui-même pas très intéressant, mais qu’il touche à des questions de fonds

      Répondre
      • où vois-tu un lapsus?
        Cet article est uniquement une réaction, on y juge des intentions, les moralistes en agitant quelques principes. On s’offusque pour des pacotilles. On tire sur des ambulances.
        Il y a surtout un microcosme qui se la raconte, et pour qui dénoncer permet de se justifier en tant qu’auteur de qq chose.
        Même si au bout, il y a deux, trois gamins qui iront en taule pour des choses aussi futiles que de …. l’abandonware.

        Répondre
        • Le lapsus est dans “fonds“; c’est parfois bête, l’orthographe, mais une lettre mal placée fait changer le sens d’une phrase. Mais bref.

          Je me répète (je radote, l’âge sans doute), mais mon problème n’est pas l’abandoware, mais l’attitude de quelques personnes pour qui, d’une part, un jeu qui a plus d’un an serait considéré comme “abandonné” et, d’autre part, se parent d’arguments pseudo-légaux tout en disant “chut, n’en parlez surtout pas, ça fâche des gens!”

          Ben du coup, oui, ça fâche des gens. Ça fâche des auteurs qui pensent que ça leur fait du tort, ça fâche des éditeurs qui se demandent encore pourquoi ils devraient se faire chier à écrire et/ou produire des jeux que personne n’achèteront s’ils se retrouvent gratuitement en ligne un an après leur sortie et ça fâche des vieux cons dans mon genre qui aiment encore moins les pirates de gouttière qui n’assument pas.

          Parce que, soyons clair sur ce point: je pense sincèrement que auteurs et éditeurs ont sur ce coup tort ou, pour être plus précis, peur pour pas grand-chose. Je peux me tromper, mais j’attends de voir des chiffres sérieux montrant une corrélation entre la présence d’un jeu sur un site de warez ou autre et un impact sur ces ventes. Mais je n’aime pas qu’on me prenne pour un imbécile.

          Maintenant, après 22 commentaires et pas loin de 300 visites en trois jours, je trouve que pour un billet peu intéressant sur le blog d’un auteur semi-branlo, il se défend plutôt pas mal.

          Répondre
          • Je crois avoir compris mais :
            – “pirate” sous-entends un gain financier, quel est-il? On suppose donc un manque à gagner, mais il n’est pas réel.
            Pour les cds il a été démontré que le public achète ce qu’il découvre en MP3, et que les diminutions de vente sont imputables à la crise (organisée).

            – Que signifie alors “assumer”? Et que faudrait-il faire pour “assumer” selon toi?

            Répondre
            • Comme je l’ai expliqué, assumer, c’est soit faire un vrai travail d’archiviste sur des jeux hors circuit depuis des années (dix ans me paraît une bonne durée), soit faire du warez pur et dur sans chercher à se justifier.

              Répondre
              • Là tu parles de modalités.
                Dans le langage commun assumer ce que l’on fait revient à en supporter les conséquences.Non?

  7. Plutôt qu’un délai en année, le principe devrait être “on met en ligne si c’est introuvable autrement que d’occase”. Les victimes étant du coup ceux qui vendent d’occase bien plus cher que neuf tel jeu devenu introuvable.

    Répondre
  8. Ce qui me chagrine dans toute cette histoire, c’est le manque de respect des auteurs, illustrateurs, et PAOistes de ce genre de sites. C’est beaucoup de travail d’écrire, d’illustrer et de mettre en page un jeux de rôle. Autant je trouverais louable la mise à disposition gratuite avec leur assentiment de leur oeuvre, autant le contraire m’indigne par l’irrespect qu’il montre pour ces personnes et leur travail.

    Répondre
  9. Tous les auteurs ne sont pas ennuyés, et loin de là.
    Ceux qui se prononcent sont ceux que ça ennuie, cela ne signifie en rien qu’ils sont représentatifs des auteurs et encore moins que le manque à gagner est réel.

    Quant à la mise en ligne avec consentement des auteurs, il suffit qu’un gribouilleur de mickey soit en désaccord pour que ça ne puisse être réalisé (cf : mise en ligne de INS/MV avec l’accord de CROC, et pourtant…). Donc irréaliste.

    Chacun a sa petite idée de comment il faudrait procéder pour partager ce type de fichier, c’est anecdotique. Et d’autres le font. Pour moi ce sont des amoureux du jdr, qui prennent de réels risques, je respecte cette prise de risque sans appât du gain et sans dommages autres que fantasmés.

    Répondre
    • Euh, non. Les personnes qui mettent en ligne des fichiers ne prennent statistiquement aucun risque. À tout le moins, rien de comparable avec ce qu’un éditeur investit dans un produit qu’il n’est pas sûr de rentabiliser.

      Je suis d’accord que l’impact réel du téléchargement sur les ventes est très discutable, principalement parce qu’impossible à prouver, mais ça ne veut pas dire que l’impact du téléchargement n’est pas réel. Les éditeurs ont peur de voir leurs produits numérisés et mis en ligne deux jours après leur sortie. C’est sans doute du fantasme, mais ça ne change rien.

      Et je ne pense pas qu’un illustrateur puisse empêcher réellement la mise en ligne d’un jeu. Il suffit pour cela de retravailler le fichier pour effacer l’illustration. L’affaire de trente secondes, chrono.

      En fait, tes arguments illustrent assez bien mon propos originels. Ils sont le reflet de quelqu’un qui ne connaît pas le milieu et qui essaye de justifier ce qui n’est rien d’autre que des sites de warez version rôliste par un argumentaire moral qui ne tient pas la route.

      Répondre
      • sauf que pour quelqu’un qui connaît le milieu :
        – tu ne communiques aucun chiffre démontrant un manque à gagner
        – tu ne considères pas le risque à mettre en ligne de manière illégale un contenu, pourtant c’est une posture clairement “assumée”.
        – tu dis ignorer qu’un illustrateur/auteur peut mettre en jeu la parution libre d’une oeuvre à laquelle il a participé. L’exemple de INS/MV est à ce titre pourtant démonstratif. Tu dois recontacter tous les participants à l’oeuvre, pour avoir leur autorisation.

        Je vois ici qu’il y a consolidation d’un bloc auteur/victime qu’il faut “respecter” versus les méchants pirates qui doivent “assumer” . Cela révèle les besoins de certains egos qui utilisent des arguments ne reposant sur rien de concret, uniquement des spéculations.

        Répondre
        • Je ne communique aucun chiffre de manque à gagner parce qu’il n’en n’existe pas. Mon argument n’est pas que le téléchargement fait perdre des ventes, mais que la peur du téléchargement fait hésiter des éditeurs et là, du coup, le manque à gagner est chez les auteurs, les illustrateurs, les graphistes, etc. Et là, j’ai lu récemment (= cette semaine) un exemple concret.

          Le risque de la mise en ligne est à peu près nul. Je n’ai pas trouvé de chiffres précis sur la condamnation de “pirates”, mais je doute qu’elle soit comparable aux 15-25% des internautes qui ont avoué avoir téléchargé illégalement des contenus.

          Quant à l’histoire de INS/MV, j’aimerais bien avoir une référence quelconque, parce que de mon point de vue d’auteur qui pense sérieusement à mettre son jeu en ligne sous licence CC dans un avenir proche, je sais que si un artiste me dit “non, je ne veux pas”, j’enlève l’illustration et c’est réglé.

          Répondre
        • – les chiffres sont, de par leurs sources, impossibles à obtenir, ou à tout le moins à vérifier. Par ailleurs ce n’est pas la question à la base, là où il y a réaction sur les motivations, tu veux absolument calculer un manque à gagner. On parle principe, tu parles thunes, qui pour moi est le modèle parfait de ce qui a jeté l’humanité dans le gouffre pour reprendre tes termes.
          – Si on fait le ratio sites illégaux existant vs sites effectivement punis légalement, et celui éditeurs de jdr existants vs éditeurs jdr ayant mis la clé sous la porte, je pense que l’on obtiendra des chiffres assez intéressants.

          Concernant les arguments qui se reposent sur rien de concret, excuse moi mais les sites pirates se posent là. Tout comme le fait d’arguer que le petit milieu du jdr est comparable à des industries comme le cinéma ou la musique, qui ne tient même plus de la spéculation mais bel et bien de l’ignorance crasse ou de la mauvaise foi pures et simples.

          Enfin, pour te donner du grain à moudre et jouer sur le même terrain que toi, je pense que niveau ego tu n’as rien à envier à ces pauvres petits auteurs/victimes…

          Répondre
    • Mais euh… Y avait pas des pub sur ces sites de “partage” (partage est un terme qui me fait bien marrer dans ce cas, parce qu’en général il implique que chacun ait droit à un petit morceau) ?
      Ça relativise un peu le discours du pirate courageux qui fait ça par amour du JdR et non appât du gain… (et aimer un JdR pour moi, c’est pas le désosser pour le passer au scanner)

      Répondre
      • Il ne faut pas tout mélanger, ça n’est pas parce que tu mets de la pub sur ton site, comme le font d’ailleurs tous les sites, qu’il y a un lien avec ce qui y est proposé.
        Pour faire du fric avec de la pub, c’est pas un site de jdr qu’il faut faire mais un site de boules. Donc faire passer ces mecs pour des pirates c’est ridicule.
        Quant au discours, je trouve qu’il y en a beaucoup plus de la part de certain qui ne font rien et qui tirent sur des ambulances (jalousie?).

        Répondre
        • Si ça ne rapporte rien, pourquoi en mettre?

          À part si l’hébergeur ne laisse pas le choix, ce qui est souvent le cas chez les hébergeurs gratuits.

          Répondre
        • Bah moi, je fais pas rien : j’écris des JdR. Professionnellement. 🙂 Donc la jalousie, elle est pas trop de mon côté.

          Répondre
  10. Oulà, pour un débat de niche, les commentaires jusqu’à présent me rappellent fortement les débats autour d’hadopi, aussi stériles que nombreux. Stériles parce que chacun est persuadé d’être le justicier qui pourfend l’autre camp. Je ne me retrouve que dans les propos d’Acritarche, qui pointe les fourmis du système, les oubliés, ceux qui ne sont censés rien perdre et qui pourtant ont le plus la haine.

    Que yot soit un parfait hypocrite (au moins dans ce post, je ne le connais pas d’ailleurs) ne change rien à la responsabilité des éditeurs dans cette affaire, ultra conservateurs et centrés sur leur travail difficile avec les réseaux de diffusion : ca fait des années qu’ils refusent de proposer des alternatives de téléchargement légales. Alors que tous les jeux américains peu ou prou ont leur pendant virtuel, les jeux français se doivent être achetés qu’en librairie spécialisée. Pour avoir négocié plusieurs fois avec des éditeurs sur des initiatives virtuelles, je pense sincèrement que les éditeurs ne font pas ce qu’il faut pour que ca s’améliore. Encore récemment, je demandais aux Ludopathes devant leurs bugs manifestes de leur boutique et de leur site de syndiquer leur ressource, on m’a promis une nouvelle boutique flambante neuve, avec toujours aucun vrai développeur derrière. Alors que le savoir faire avait été proposé il y a déjà des années, avec indie-rpg, mais qu’aucun éditeur n’a joué le jeu.

    Du coup, dire que les initiatives de publication illégale de jeu effraient les éditeurs et donc menacent les auteurs, c’est agiter l’épouvantail : les éditeurs sont effrayés par leur propre manque de compétences à gérer internet, de même que les majors et les autres professionnels de distribution de contenu à propriété intellectuelle.

    Aujourd’hui, à chaque fois qu’on cherche un ancien jeu et qu’on aimerait bien acheter son pdf, on est obligés de faire les forums pour trouver le bouquin d’occasion. et ca ne marche pas si bien que ca, parce que le stock de Ludikbazar est de plus en plus dépareillé. Je ne suis donc pas étonné de voir que certains joueurs, qui ne connaissent pas les sueurs et les efforts à produire pour publier un jeu de rôles, décident de combler cette pénurie.

    Et sur le fond de l’article comme on dit, je suis d’accord avec Alias : y’a beaucoup de foutage de gueule. De tous les côtés. Heureusement Alias lui est raccord avec ses idées, partisan des CC et avec une large part de son jeu dispo gratuitement. Celui qui s’intéresse aux tigres volants peut parfaitement ronger son frein en lisant le contenu gratuit, et ça c’est bien. ce qui est encore mieux, c’est que le jeu est toujours présent en boutique 🙂

    Répondre
    • Le souci avec la vente en PDF, c’est que les éditeurs se mettent les boutiques de JdR à dos en pratiquant ça.
      On a vu le cas récemment avec Black Book Editions, qui a fait grincer pas mal de dents chez les vendeurs “durs” en vendant des PDF de gammes tjs en vente.
      La solution reste de mettre à dispo en PDF des jeux épuisés – ce que font pas mal d’éditeurs : entre John Doe, le 7ème Cercle, Oriflam…

      Répondre
      • Oui, c’est l’argument rabâché à chaque fois. Déjà, c’est un argument en partie fallacieux, parce que chaque éditeur a des gammes de plus de 5 ans qui ne sont plus vraiment en boutique et qui pourraient être proposées en PDF (qui devraient ?). C’est vrai que pour ceux qui font des traductions, on ne repaie pas forcément les droits pour garder la main dessus, mais c’est pas compliqué de retirer un pdf de la vente. Et surtout, Comme ca a été dit plus haut, aux boutiques de prouver que ca affecte les ventes. Je n’ai pas rencontré beaucoup de boutiques qui aujourd’hui ont un fonds de commerce qui repose sur le jeu de rôles, la grande majorité le font à côté des figurines et des jeux de plateau, voire plus comme le jeu vidéo ou les mangas. Certes, ils font des sacrifices pour proposer du jeu de rôles, mais ils sont de moins en moins achalandés pour des raisons économiques : de toute façon, le passionné trouve de moins en moins ce qu’il cherche en allant en boutique dès qu’il ne prend pas les gammes en cours, donc il va sur internet. Donc il va acheter sur une boutique en ligne, au mieux, ou pirater. Donc de toute façon ca ne concerne pas les boutiques, qui eux ont laissé échapper le client.

        Et sur les éditeurs de langue anglaise, prenons par exemple Cubicle 7, tu as quasiment tout le temps le bundle PDF + livre proposé, le pdf est parfois même offert pour les acheteurs papier. Et je ne crois pas qu’ils soient moins lus que d’autres éditeurs, bien au contraire, après faut savoir si on veut faire plaisir à ses clients ou aux boutiques.

        Répondre
    • Je trouve que la grosse hypocrisie, c’est qu’il y a énormément de JDRA dont on connaît la qualité incontestable, et qu’on ne me dise pas qu’ils ont moins sué pour les réaliser que les jdr pro.
      Alors certains auteurs qui auraient pu rester JDRA toute leur vie, et qui ont juste eu le coup de bol ou le besoin de passer en pro, décrètent qu’il faut respecter leur travail, ça me semble foutrement hypocrite et foutage de gueule.

      Répondre
      • De base, tous les auteurs de jeux, amateurs ou pro, ont droit au respect de leur travail.

        Et, entre parenthèses, le coup de bol ou le besoin ne dispense pas de bosser pour avoir un bon jeu au final (ça, plus une bonne quantité de pognon, aussi).

        Répondre
        • Sans souhaiter balancer de grosses lampées de Napalm, je trouve que votre échange sur ce point met le doigt sur une nuance intéressante :

          La différence entre :
          – respect du travail d’un auteur et
          – respect pour sa décision de monétiser son travail.

          Je pense qu’on peut respecter l’un sans respecter l’autre, et je dirais même qu’il n’a pas d’à priori moral à avoir sur la position de chacun.

          Répondre
      • Arf mon pauvre, je comprends mieux. 🙂
        Tu n’as pas eu ce “coup de bol” visiblement, alors tu ressasses ton aigreur. C’est pas grave va, ça va passer.

        Par contre, je capte pas pourquoi on devrait pas respecter le boulot pro’ pasque des amateurs en font autant à côté. Mon cousin informaticien me répare mon PC gratos, donc toutes les boites d’informatique doivent devenir bénévoles ? Juste lol quoi…

        Répondre
        • Le “respect” comme le fait “d’assumer”, qui ne signifient rien et pourtant servent d’argumentaire c’est du procès d’intention et par une minorité de personne en rien représentative de la masse des auteurs de jdrs qui ne leur ont rien demandé.
          Apparemment le fait d’avoir vendu du jdr, rend certains auteurs capables de poser la morale.

          Répondre
          • Pour moi, assumer signifie ne pas chercher des justifications pseudo-morales bidon à ce qui est foncièrement un acte illégal. C’est une question d’honnêteté intellectuelle.

            Quant au respect, cela signifie ne pas prendre pour un imbécile quelqu’un qui a une opinion différente de la mienne. Encore une fois, je sais: c’est dur. Mais il faut faire un effort, sinon on ne débat pas, on trolle.

            Répondre
          • Ah parce que toi, tu sais ce que la “masse des auteurs” en pense, de tout ça ?
            Désolé, mais tous ceux que je fréquente sont plutôt contre l’idée qu’on vole leur travail en se drapant derrière de grands principes libertaires, de la part de gens qui ont jamais rien produit de leurs dix doigts.
            D’autant que je doute qu’on voit beaucoup ces ‘corsaires de la culture’ aux manifestations de RESF ou être bénévoles aux Restos du Coeur : télécharger et revendiquer ça comme acte politique, sûr que c’est plus confortable.

            Répondre
            • Non mais à la différence de toi je ne fais pas comme si je savais et que ça me donnait le droit de.

              Tu doutes que les “corsaires”(que tu définis donc comme tel) puissent faire autre chose (donc maintenant ce sont en plus des fainéants). Encore une fois ça procède des mêmes supputations stériles et je me doute bien que tu ne peux les partager qu’avec des gens qui ont élevé cette activité au rang d’art.

              Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.