La légende de “Little Boost”

Je vous préviens tout de suite: La légende de “Little Boost” est une bande dessinée anecdotique qui a tout du plaisir coupable. Déjà parce qu’elle est écrite et dessinée par ‘Fane, qui avait repris le Joe Bar’s Team et qui, avec ce nouvel album, reste un peu dans le même créneau (avec Juan à l’encrage et Leprince aux couleurs). Ensuite, parce que l’accroche de départ — Absynthe et Lagribouille, un scénariste et son dessinateur, se retrouvent dans leur propre bande dessinée, qui se déroule au Far-West — est une excuse pour un grand numéro de nawak décalé.

Les Anglo-saxons ont une expression, breaking the fourth wall, qui désigne lorsque les personnages d’une histoire s’adressent directement au public et/ou jouent avec les codes de leur média. Dans le cas de La légende de “Little Boost”, le “quatrième mur” en question passe à la moulinette atomique et est rendu à ses composants primaires. Les deux protagonistes (et leurs adversaires) savent qu’ils sont dans une bande dessinée et doivent user et abuser des codes pour s’en sortir, risquant à toutes les pages une balle perdue, une chute de cheval, le scalpage ou une gamelle à moto.

Entre sa situation de départ absurde, les péripéties rocambolesque, le constant décalage entre les deux protagonistes et leur environnement, ainsi que les situations kaamelottesques (les interactions entre le Marshall et son sergent — qui rappelle étonnamment un certain caporal Blutch), on rit beaucoup à la lecture de cet album. Et puis bon, pour ma part, l’idée de sillonner l’Ouest Sauvage à bord d’une Triumph Spitfire, c’est une peu comme se balader dans un univers med-fan avec un char russe, ça a un petit côté jouissif.

Bon, d’accord, un gros côté jouissif…

Le dessin, très inspiré de l’école franco-belge en général et de Franquin en particulier, colle parfaitement au côté loufoque de la bédé, sans pour autant faire trop style-genre nostalgique dépassé. Ça reste une bande dessinée contemporaine, dans son thème et son traitement.

L’air de rien, sans aller jusqu’à affirmer que le scénario est maîtrisé, l’auteur parvient à retomber sur ses pattes de façon presque crédible. L’ensemble me fait sérieusement penser à une partie de jeu de rôle où les joueurs seraient constamment à la limite de décrochage et finissent, par une ultime pirouette, à se tirer de leur mouise sans trop savoir comment.

On trouvera, à la fin de l’album, les quatre planches originale, vieilles de quinze ans, qui ont donné naissance à cette Légende de “Little Boost”. On ne trouvera par contre pas de page 13; normal, l’éditeur s’appelle 12bis.

Des malades, je vous dis!

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