“L’abeille et l’économiste”, de Yann Moulier Boutang

Je vous avais promis, dans un précédent article sur la « société pollen », plus de détails sur L’abeille et l’économiste, le livre de Yann Moulier Boutang qui en était à l’origine. Ayant fini par lire le bouquin en question, je ne suis pas sûr d’arriver à rendre le propos plus clair; c’est peut-être dû au fait que je l’ai lu dans un train bondé entre Milan et Genève, notez.

C’est assez frustrant: d’un côté, je soupçonne que le concept d’une économie basée sur les réseaux et les échanges d’idées est, sinon révolutionnaire, du moins intéressante, d’un autre ce livre ne fait pas grand-chose pour exposer clairement son idée première. À commencer par une première moitié quasi-exclusivement consacrée à l’actuelle crise financière, sa vie, son œuvre. Alors oui, c’est important, mais au point de remplir la moitié des pages? Un ou deux chapitres et une palanquée de références (que personne n’aurait lues) auraient suffi.

Il est cela dit fort possible que je ne sois pas le public-cible, mais je trouve qu’avec un tel titre, on ne voit pas beaucoup les abeilles. Ou alors, quand on les voit, on les voit trop. Une fois lancé, l’auteur abuse de sa métaphore – à comencer par l’interminable fable de l’avant-propos. Et c’est vraiment dommage, parce qu’au moment où on arrive à la substantifique moëlle, l’auteur semble comme à bout de souffle. Alors que, de mon point de vue, la vision de cette nouvelle économie aurait mérité une place centrale, elle arrive comme une conclusion, limite prophétique.

Au final, soit ce livre est trop court, soit il est trop long. Par rapport à mes attentes, il est surtout frustrant; j’espérais un projet d’avenir post-capitaliste, j’ai surtout eu droit à une histoire du capitalisme et une analyse de la crise de 2007. Pas inintéressante non plus, notez, mais ce n’est pas ce que je cherchais.

Pour le coup, je crois que je vais en rester là pour ce billet et vous reparler du projet lui-même dans un prochain article.

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7 réflexions au sujet de ““L’abeille et l’économiste”, de Yann Moulier Boutang”

  1. Personnellement, je peine à voir le côté avant-gardiste. J’ai pas lu le bouquin en question donc mon propos doit être relativisé, mais le principe d’une économie dématérialisée et basée sur les réseaux ca me donne l’impression d’un type qui invente l’eau tiède.
    Tout cela existe déjà et le renforcement de cette tendance ne fait pour les spécialistes (je pense aux principaux acteurs d’Avenir Suisse) aucun doute.

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    • Je vais faire une note plus longue sur le sujet quand j’en aurai le temps (et quand j’aurai remis mes idées dans le bon ordre), mais le concept général est que le système capitaliste actuel et la finance mondiale, sans même parler des impôts, ne sont pas adaptées pour gérer ce nouveau modèle.

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      • D’accord, alors j’avais pas compris ça comme ça. Et du coup c’est déjà vachement plus pertinent. On est d’accord ou pas, mais la question est légitime.

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  2. Peut-être que l’auteur manque d’idées, en fait, et qu’il noie cela sous un long avant-propos, une histoire de la crise financière actuelle par le menu et autres digressions.

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    • Ce que je soupçonne surtout, c’est qu’il a voulu enrober son propos dans un thème d’actualité et que ce dernier a phagocyté le propos initial.

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  3. Outre le fait que je partage le scepticisme général, je suis aussi un peu mal à l’aise avec la métaphore des abeilles: des insectes sociaux avec une organisation très statique, facile à parasiter (par l’homme ou d’autres insectes), qui pratiquent guerre et pillage entre ruches, n’acceptent les réfugiés que s’ils ont des ressources (nectar/pollen). Sans oublier le fait que c’est une espèce qui actuellement se dépérit. Clairement c’est là dessus que nous devrions calquer nos sociétés.

    On pourrait aussi proposer une économie inspirée du dodo ou du diable de Tasmanie…

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