Lady Blackbird

Si vous ne lisez pas le blog de Brand, c’est le moment de vous y mettre: l’animal poste peu, mais ses billets sont souvent plein de pépites. Notamment un de ses derniers qui, s’il traitait d’un jeu à la Alien(s), m’a mis sur la piste d’un petit jeu expérimental nommé Lady Blackbird.

En fait, il s’agit autant d’un jeu que d’un scénario, en seize pages, dont l’amorce est la suivante: Lady Blackbird fuit un mariage forcé en compagnie de sa garde du corps à bord de La Chouette, le vaisseaux éthérique du tristement célèbre contrebandier Cyrus Vance. À mi-chemin, ils sont intercepté par le croiseur impérial La Main du Chagrin et les personnages ont meilleur de temps de trouver un moyen de s’enfuir avant que le capitaine du croiseur ne reçoive de la capitale la télétransmission qui révèlera leur véritables identités.

L’ambiance est celle d’un univers de science-fiction steampunk et, en le lisant, j’ai eu l’impression de tomber sur le Graal des systèmes léger et adaptés à un style de jeu “pulp”, très narratif et dynamique.

Chaque personnage est défini par des Traits, qui sont des compétences génériques divisées en mots-clés (tags), ainsi que par des Clés, qui sont des buts, et des Secrets, qui sont des capacités spéciales.

La résolution des actions se fait en lançant autant de dés que le personnage a des Traits et de mots-clés qui s’appliquent à la situation, avec en plus la possibilité d’ajouter des dés d’un “pool”; chaque dé a une chance sur deux d’être une réussite et il faut aligner un certain nombre de réussites (en général trois) pour résoudre la situation.

Sans aller plus loin dans les détails, et malgré un premier test court pour cause de joueur fatigué, c’est un système qui tourne bien: un des traits de génie du jeu est de récompenser les échecs en permettant aux joueurs d’ajouter un dé à son pool (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de conséquences négatives).

Un autre aspect très intéressant (et vaguement déconcertant de prime abord) est la construction du scénario du point de vue du MJ: la trame est très vaguement décrite, quelques idées de rencontres et d’obstacles sont proposées et le tout est complété par des conseils pour mener une partie très narrative et dynamique. À vrai dire, la plus grosse partie des seize pages du document est composée des feuilles de personnages.

Je suis assez content de ce petit essai, principalement parce que mes joueurs n’ont pas eu de difficulté à entrer dans le jeu — malgré quelques hésitation initiales, qui sont plus probablement dues à des habitudes genevoises du style “on râle d’abord”. J’avais un peu peur que le côté “impro totale” pour le MJ soit un peu trop flagrante, mais ça passe plutôt bien.

Le seul défaut est que le côté minimaliste des règles atteint vite ses limites pour des choses telles que les actions de groupe: comment se faufiler discrètement dans les coursives du croiseur sans faire faire un jet à tout le monde? Pour ma part, dans ce cas, j’ai demandé un jet pour tout le groupe, avec une difficulté supplémentaire, en autorisant à chacun d’ajouter des dés de leur pool.

C’est pourquoi je recommande à tout le monde d’aller jeter un œil sur Lady Blackbird: c’est un jeu malin, rapide à lire, très facile à mettre en place. Ce n’est peut-être pas le meilleur jeu pour un MJ débutant, mais il est possible que la difficulté tienne plus aux mauvaises habitudes prises en plus de vingt ans de déhemmisation.

De plus, Lady Blackbird est non seulement gratuit, il est distribué sous licence Creative Commons NC-SA (sans utilisation commerciale et avec partage à l’identique) et a du coup donné naissance à pas mal de variantes que je vais explorer prochainement. Je suis même sûr qu’avec un peu de bricolage, ça pourrait faire un système alternatif intéressant pour Tigres Volants lite.

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5 réflexions au sujet de “Lady Blackbird”

  1. Très tentant. Peut-être pourrais-je enfin répondre à la demande de mes voisins qui veulent tâter du jeu de rôle. A moins que je ne finisse par rabattre sur un bon vieux Hurlements.

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  2. Tentée aussi, tiens, car à part ça, mon seul système de JDR rapide pour initation pure et dure n’employait même pas de dés…

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  3. Je dirais que le défaut majeur du système, c’est que c’est un jeu à brouettes de dés. Pour une action moyenne, le joueur lance facilement 6-8 dés et les actions à plus de dix dés ne sont pas rares.

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  4. À toutes fins utiles, il me semble que le système utilisé est celui de “The shadow of Yesterday”, un bon petit JDR de Nixon (zut! il n’est pas sur le GROG).

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