“Les Boissonnas”, de Nicolas Bouvier

Lentement, mais sûrement, je suis en train d’arriver au bout de l’œuvre de Nicolas Bouvier; Les Boissonnas, ouvrage de commande sur une dynastie de photographes genevois, est un des derniers que je n’avais pas encore lus.

Le fait est que, pour un ouvrage de commande, il est écrit avec une quantité presque déraisonnable d’enthousiasme par un Nicolas Bouvier qui, à cette époque, a déjà la plupart de ses voyages derrière lui. On sent un peu le retour aux sources d’un auteur qui se replonge dans la Genève de son enfance et, à travers la famille d’un photographe qu’il a appris à connaître via son dernier représentant (en nom, tout au moins), Paul.

Dans ce bel ouvrage de deux cents pages, on suit la vie et les œuvres – nombreuses – de quatre générations de photographes, des tous débuts de la photographie avec Henri-Antoine à la photo contemporaine, devenue tout à la fois expression artistique abstraite et objet de consommation, en passant par Frédéric “Fred” Boissonnas, le grand nom de la dynastie. Ce n’est sans doute pas un hasard si Bouvier s’enthousiasme autant pour un personnage qui aura lui aussi beaucoup voyagé, notamment en Grèce.

Le deuxième effet kiss-cool du texte, c’est qu’il brosse un portrait de la Genève de la fin du XIXe siècle au début du XXe – portrait un peu en creux, d’ailleurs, tant les divers personnages de la famille Boissonnas semblent se démarquer du moule des austères calvinistes. On découvre des chanteurs invétérés, des blagueurs, des fêtards – toujours dans le respect de Dieu et de l’Église, cependant.

Le style de Bouvier est étonnamment alerte. Pas que l’auteur nous ait habitué à une prose ennuyeuse d’habitude, au contraire, mais on le sent spécialement facétieux. C’était déjà un peu le cas dans L’échappée belle et c’est un côté que je trouve presque plus développé. Thias, qui avait parlé de Les Boissonnas sur son blog, mettait cette caractéristique sur le compte d’un fanboyisme qui, il est vrai, est assez évident.

Étant moi-même assez fanboy de Nicolas Bouvier, je ne peux que recommander la lecture de cet ouvrage, plus particulièrement à ceux qui s’intéressent à la photographie, à l’histoire d’icelle, ainsi qu’à l’histoire de Genève au tournant du XXe siècle. Pour les rôlistes, ce serait même une inspiration assez intéressante pour Castle Falkenstein, Fred Boissonnas pouvant être assez aisément transformé en génial scientifique steampunk.

Le seul regret que je pourrais y faire, c’est l’absence d’illustrations; j’aurais bien aimé moi aussi pouvoir m’extasier sur les photographies des Boissonnas à la lecture de cet ouvrage.

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