L’homme de l’année: 1967, l’homme qui tua Che Guevara

Qui, dans la jungle bolivienne, a tué Ernesto “Che” Guevara, un beau jour de 1967? Ce quatrième tome de la série de bande dessinée L’homme de l’année tente de répondre à cette question à travers un angle très intéressant: celle d’une légende à la hauteur de celle du révolutionnaire argentin.

Le scénario de Wilfrid Lupano part sur la base d’un article paru dans un journal local, mentionnant le journal d’un ancien soldat bolivien, qui a participé à la capture et à l’exécution du Che et, bien plus tard, aurait été soigné d’une cataracte avancée par une clinique gratuite mise en place par des médecins cubains.

Partant de là, la bande dessinée imagine les derniers jours du révolutionnaire, pourchassé par l’armée bolivienne, capturé, sommairement interrogé et tout aussi sommairement exécuté par de très jeunes soldats enivrés par la victoire et un désir de vengeance.

Elle s’attache aussi à Mario, le soldat qui exécute le Che et ses derniers compagnons dans l’école d’un petit village perdu, qui est persuadé qu’une malédiction le poursuit, lui et ses camarades et qui découvre que l’homme qu’il a tué est devenu une légende, voire un saint.

On pourrait lui reprocher de faire l’impasse sur les côtés les plus sombres de “Che” Guevara au profit de l’icône, limite hagiographie, mais son propos est clairement ailleurs. Mario est le Judas de la figure christique du Che et doit vivre avec son crime (et sans doute beaucoup moins que trente deniers).

Le dessin de Gaël Séjourné (avec Jean Verney aux couleurs) est classique, mais efficace; il restitue les personnages et les décors de façon réaliste, pour renforcer le côté “histoire vécue” du récit.

C’est donc encore un récit solide, très humain que cette nouvelle mouture de L’homme de l’année. Trois nouveaux tomes sont déjà annoncés en 2014; s’ils tiennent le niveau des quatre de cette année, ça va être du tout bon.

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