« Métaquine® », de François Rouiller

Dans un avenir proche, mais mal défini, la Métaquine® est la drogue-miracle, qui booste la productivité des cadres dynamiques, soigne les cyber-addicts, régénère les victimes d’AVC et calme les élèves turbulents. Trop beau pour être de vrai? C’est là tout l’enjeu du roman de François Rouiller.

Je me dois de préciser que, sans être un ami, François Rouiller est quelqu’un avec qui j’ai déjà partagé le pain (enfin, la pizza) et le vin lors d’un Mercredi de la SF. En effet, c’est un auteur – et aussi illustrateur – suisse. Il y a donc possibilité de subjectivité. En même temps, c’est mon blog; vous avez l’habitude.

Métaquine est un roman plutôt intimidant: deux volumes – Indications et Contre-indications – plus de sept cents pages et une galerie de personnages qui se répondent au cours des chapitres. Littéralement: la dernière phrase d’un chapitre se retrouve au début du suivant – plus ou moins.

On trouve Régis, écolier dissipé et imaginatif, qui vit avec son beau-père, Henri, et sa mère, Aurélia – cette dernière, cyber-addict au dernier degré, ne sort plus de son fauteuil. Leur voisine, Sophie, est une neurobiologiste à la retraite, qui va contacter Clothilde, une militante anti-Métaquine. Sans oublier Curtis, le cadre de Globantis, la compagnie qui produit la Métaquine.

Et, comme contexte, on a un monde en apparence similaire au nôtre, mais quelques pas dans l’avenir. Et, surtout, un monde où les frontières entre le réal et le virtuel – et entre les individus – s’estompent peu à peu.

Je mentirais si je disais que je m’étais ennuyé à la lecture de Métaquine. Au contraire: le côté page-turner fonctionne très bien et les sauts entre les personnages sont bien moins dérangeants qu’on pourrait le croire.

Il y a également beaucoup d’excellentes idées dans cette histoire et le mélange entre le banal et le bizarre est bien dosé. À dire vrai, on y est plus proche du fantastique que de la science-fiction.

Je mentirais également si j’affirmais que je sors enthousiaste de cette lecture. Il y a des longueurs – notamment sur la fin – et certaines des idées auraient mérité d’être poussées plus loin. Je ne veux pas trop révéler d’éléments de l’intrigue, mais il y a deux ou trois fois où j’ai été un peu déçu par la tournure des événements.

Mais, comme dans tout roman de science-fiction, François Rouiller met le doigt sur plusieurs dysfonctionnements de notre société. On lit, en filigrane, l’effondrement qui vient; on constate l’application aveugle de solutions technocratiques à des problèmes sociaux; on est témoin de la corruption des grandes firmes et des grands partis.

Oh, bien sûr, il y a des éléments qui sont un peu caricaturaux, à commencer par le nom de la corporation, Globantis, qui fera sans doute rire les lecteurs helvètes. Mais ça fait aussi partie du côté fantastique – un peu conte, quelque part – de l’histoire.

J’aurais aimé être plus enthousiaste sur Métaquine; en l’état, c’est un bon bouquin, à l’écriture enlevée, qui a comme défauts d’être un peu long, avec un potentiel pas toujours exploité au mieux. Les rôlistes et les amateurs d’anticipation y trouveront néanmoins une belle brochette d’idées amusantes.

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