Nightwish: Imaginaerum

C’est peu de dire qu’Imaginaerum, le nouvel album de Nightwish, était attendu! Sans aller jusqu’à dire que c’était l’album le plus attendu de l’année, la compétition étant sévère sur ce point, il est aisément dans le trio de tête. Allait-il être à la hauteur des attentes générées par l’excellent Dark Passion Play? Allait-il être plus prog? Plus symphonique? Plus folk?

À toutes ces question, la réponse est “oui”. Il est plus. Plus tout, en fait, à part peut-être “plus métal”. En un sens, c’est logique: Dark Passion Play donnait déjà dans un style hyperbolique et, à mon avis, c’est même ce qui faisait, sinon l’originalité, du moins la spécificité de ce “nouveau” Nightwish. Imaginaerum continue sur cette lancée en en remettant une couche.

Car le moins qu’on puisse dire, c’est que notre joyeuse bande de Finlandais ne fait pas dans la demi-mesure. Ou alors beaucoup de demi-mesures: une demi-mesure de métal, une demi-mesure de folk, une demi-mesure de symphonique, une demi-mesure de Danny Elfmann et une demi-mesure de Hans Zimmer; ce qui nous fait un total de deux mesures et demie, arrondissons à trois pour faire bonne mesure et ça vous donne, non pas un hybride à 33%, mais un album à 300%.

Pour dire simple, cet album tabasse. Certes, il commence doucement avec sa petite comptine finlandaise “Taikatalvi”, mais dès “Storytime”, un morceau à la “Bye Bye Beautiful” (en un chouïa moins pêchu), les choses sérieuses commencent. “Ghost River” enchaîne sur ce qui est sans doute le morceau le plus métal de l’album, riche en contrastes avec le duo Marco Hietala/Anette Olson et les chœurs enfantins.

“Slow, Love, Slow” calme un instant le jeu, avant que le fort curieusement nommé “I Want My Tears Back” ne déboule sur fonds de violons folk; puissant, malgré un refrain limite ridicule. Et nous voici dans un film de Tim Burton avec “Scaretale”, un des plus longs morceaux de l’album avec plus de sept minutes – à noter qu’Imaginaerum compte somme toute peu de très longs morceaux – et une ambiance de fête foraine grotesque. L’ambiance continue avec un instrumental, “Arabesque”, épique à souhait.

“Turn Loose the Mermaids” apporte un peu de calme dans un style qui rappelle “For the Heart I Once Had”, avec ses accents folk – contrairement au suivant, “Rest Calm”, qui ne l’est pas vraiment et s’appuie sur un fond très très symphonique. “The Crow, The Owl and The Dove” est un autre interlude calme, avant “The Last Ride of the Day”, plus Nightwish que Nightwish avec son intro chorale si typique.

Déjà onze morceaux et il reste encore vingt minutes de musique, à commencer par la pièce de résistance: “Song of Myself” et ses treize minutes. C’est un peu le cœur d’Imaginaerum – qui, au passage, s’avère être un concept-album sur un homme à la fin de sa vie qui s’imagine encore jeune dans ses rêves –, du pur métal symphonique, taillé dans la masse, agrémenté de dialogues. L’album se conclut par le morceau titre, purement instrumental et symphonique, là encore empruntant au style de Danny Elfman.

On pourrait résumer Imaginaerum en disant “more of the same”, mais dans le cas présent, c’est “a lot more of the same”. Nightwish reprend certes la recette de son précédent album, mais l’enrichit massivement; si Nightwish était iranien, les États-Unis l’auraient déjà bombardé pour violations d’accords nucléaires. Un peu tout le monde est au top, Anette Olson semble avoir trouvé sa place au sein du groupe; c’est de la grosse machine qui tourne rond, le côté “concept-album” renforce l’impression de cohérence de l’ensemble.

Du coup, si vous n’aimiez pas Dark Passion Play (oui, c’est vous que je regarde, les fans transis de Tarja!), vous n’allez sans doute pas aimer Imaginaerum; mais c’est pas grave: vous avez des goûts de chiotte, ce n’est pas forcément de votre faute… Ça ne m’empêchera ni de dormir, ni d’aimer cet album.

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4 réflexions au sujet de “Nightwish: Imaginaerum”

  1. “Anette Olson semble avoir trouvé sa place au sein du groupe; c’est de la grosse machine qui tourne rond”

    Totalement d’accord pour Anette ! J’ai fini ma crise tarjatiste grâce à cet album. Par contre le côté grosse machine m’a moyennement plu, c’est du Nightwish tranquille, mais sans prise de risque, et j’aurais bien aimé quelque chose de plus innovant quand même.

    Si je ne le prendrai pas pour moi, je le garde en idée cadeau, car il constitue une bonne porte d’entrée dans l’univers Nightwish. Pour m’sieur sapin qui l’écoutera en pensant à ses frères du Grand Nord !

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