Penser l’alternative à la publicité en ligne

Oui, je sais, j’insiste beaucoup sur le sujet – limite lourdingue – mais il se trouve que des articles récents sont venus me relancer sur la question de la publicité sur les sites web – et surtout de pourquoi ce n’est pas considéré par beaucoup d’acteurs du milieu comme une vraie question.

Dans un premier temps, on a eu l’annonce de Secret Media, un projet pour contrer les bloqueurs de pub avec des pubs encore plus furtives. Et, dans un deuxième temps, il y a un article d’Internet Actu qui s’interroge, au travers des réflexions d’Ethan Zuckermann, sur comment tuer la pub. J’ajouterais aussi une série d’échanges avec quelques acteurs du web autour de ces mêmes sujets, vu que j’ai décidé de systématiquement suggérer à ceux qui affichent des annonces anti-AdBlock d’utiliser Flattr.

Juste histoire d’être clair, je résume une fois encore mon point de vue: publicité = caca. Boulet le dessine mieux que moi, mais c’est l’idée. Ceci posé, la question de comment financer une activité en ligne et permettre à des gens d’en vivre se pose. Le vrai problème, c’est que la seule réponse semble être “mettre de la pub”.

De façon générale, j’ai de plus en plus l’impression que notre société est en train de crever d’une overdose de TINA, cette fameuse formule magique sinon créée, du moins popularisée par Margaret Thatcher: there is no alternative. En français, on pourrait parler de “pensée unique” si cette expression n’était pas galvaudée par un certain nombre de réacs et des conspirationnistes de tous bords.

Or, à force de s’entendre dire qu’il n’y a pas d’alternative, on finit par ne même plus voir celles qui existent déjà et et/ou qui essayent d’exister: micropaiements, financement participatif, mécénat, etc. Et non seulement ce sont des solutions qui existent, mais elles ont l’intérêt de ne pas être mutuellement exclusives – encore qu’on pourrait argumenter que trop d’options revient à la même chose que pas d’options.

Comme Ploum, je pense que les créateurs de contenus en ligne qui dépendent de la publicité se trompent lourdement de modèle économique. J’ai le noir soupçon que la publicité en ligne ne rapporte de quoi vivre qu’aux sites qui ont beaucoup de visiteurs et qui n’hésitent pas à tapisser leurs pages de publicités envahissantes et que le plus gros des créateurs vivote à peine ou coule dans les six mois.

J’aimerais bien qu’on me dise le contraire, mais, curieusement, je n’ai pas encore réussi à trouver de références objectives sur ce que rapporte réellement la publicité en ligne aux sites qui en déploient dans leurs pages.

Combien pourrait espérer gagner un blog comme le mien (avec 100-200 visiteurs uniques par jour) avec des bannières? Que rapportent réellement les publicités incluses dans les vidéos des youtubeurs? Combien faut-il de visiteurs et d’espaces publicitaires pour espérer faire vivre une équipe de trois équivalents plein-temps? Peut-être les chiffres sont-ils quelque part, mais je les cherche encore.

Comme si c’était un sujet honteux.

(Image par Tom Morris via Wikimedia Commons, sous licence Creative Commons, partage dans les mêmes conditions.)

Pour soutenir Blog à part / Erdorin:

Blog à part est un blog sans publicité. Son contenu est distribué sous licence Creative Commons (CC-BY).

Si vous souhaitez me soutenir, vous pouvez me faire des micro-dons sur Ko-Fi, sur Liberapay ou sur uTip. Je suis également présent sur Patreon et sur KissKissBankBank pour des soutiens sur la longue durée.

12 réflexions au sujet de “Penser l’alternative à la publicité en ligne”

  1. Sujet honteux, je ne pense pas. Probablement une information stratégique. Pas pour les petits blogueurs (ni même les “gros” francophones) mais pour les sites professionnels. Ce qui compose le chiffre d’affaire d’une entreprise me semble une information confidentielle et pas que pour des raisons fiscales.

    De plus, d’après ma brève expérience avec Google Adsense, il me semble qu’il y a une interdiction contractuelle de ne pas dévoiler les revenus obtenus via Google sous peine de résiliation du contrat.

    Répondre
      • Qu’est-ce que tu redoutes ? Moi je vois une simple question de pognon.

        Prenons par exemple ta position sur Flattr : depuis le début ou presque, tu utilises ce système de mécénat et tu en fais régulièrement la promotion notamment en publiant tes dépenses et tes revenus exacts ? Pourquoi donc ? Outre le fait de conseiller la lecture de tel ou tel article que tu as flattré, c’est aussi, il me semble, pour montrer une expérience positive de Flattr et encourager les producteurs de contenu de ta blogosphère à utiliser cette alternative. Flattr n’étant qu’à ses débuts, le “marché” étant encore en très très grande partie inexploité, cette promotion de l’outil ne peut que profiter à tout ceux qui y participent (et nuire à la pub).

        Mais dans le marché saturé de la publicité en ligne, tout nouvel arrivant ne peut que tenter de prospérer en tondant la laine sur le dos de ceux qui sont déjà sur place. Si un site (comme ceux tenus par un seul auto-entrepreneur) dévoile ses revenus et si ce qu’il révèle semble être une expérience positive, c’est un appel implicite à ce que d’autres personnes fassent de même au risque de voir apparaitre des sites clonant le thème si ce n’est le contenu de sites ayant démontré leur succès financier. Après, c’est sûr que le site déjà établi bénéficie d’un avantage, d’une expérience appréciable mais il n’est pas à l’abri de voir apparaitre, dans la foule des newbies cloneurs, quelqu’un de plus talentueux susceptible de lui voler la vedette et une partie de ses revenus publicitaires.

        Répondre
        • Ce que trouve très curieux, c’est que la publicité semble être la seule alternative, mais que personne ne le justifie autrement que par “c’est la seule alternative” ou “les autres ne fonctionnent pas”.

          Ce qui revient à ce que je dis dans l’article: la publicité en ligne est un mauvais modèle économique, qui ne profite qu’à un tout petit nombre de très gros sites, mais qui sert de miroir aux alouettes à d’autres acteurs, qui pensent arriver à en vivre.

          Répondre
  2. La seule autre solution est qu’une partie des contenus soient financés par la collectivité avec le dogme ” infopollueur = payeur”. Une taxe de 10% sur les revenus engendrés par les sites pornographiques ou par les sites de jeux en ligne au moins à l’échelle européenne permettrait de dégager des revenus qui pourraient ensuite être reversés aux créateurs de contenus via un organisme de financement indépendant des états ( association ou fondation).

    Sinon il y a aussi l’absence d’internet citoyen. Il serait peut être bon que les collectivités locales proposent un espace d’hébergement à leur citoyen ( au niveau intercommunal). Par exemple 1 giga pour un individu, 5 giga pour une association. C’est bien parce que cela n’a pas été pensé que les sociétés commerciales se sont engouffrées dans la brèche. Car pour un site perso sur des sujets culturels, scientifiques, sociaux, environnementaux ou autres…. ça me paraît plus sain que ce soit la collectivité locale qui héberge plutôt qu’une multinationale américaine. Et au niveau régionale on pourrait avoir des espaces pour l’hébergement de sites communautaires dont les administrateurs résident en région ainsi que penser à des espaces payants pour les entreprises locales. Au coté d’un hébergement privé il devrait exister un hébergement public.

    Répondre
    • L’idée est intéressante, mais comment définir ce qu’est de la pornographie? Ou même du jeu en ligne?

      Quant à l’idée d’hébergement public, je suis même pas sûr que ce soit une bonne idée, surtout après les révélations d’Edward Snowden et, en France, la nouvelle loi liberticide, dite “antiterroriste”.

      Répondre
  3. L’infopollution, c’est super subjectif quand même, du moins celle dont tu fais référence. Libre aux gens de considérer le porno ou le jeu en ligne, les seuls contenus intéressants proposés par le net et le reste (les blogs, et autres) du “bruit” qui profite du sujet des deux domaines précités.

    L’internet citoyen, c’est une idée qui me plait beaucoup mais je crains que ce ne soit une chimère dans les pays européens : c’est un élargissement du service public à une époque ou ce dernier est plus souvent dépecé au bénéfice du secteur privé.

    PS : “Les espoirs de l’imaginaire : Solenne Pourbaix” ? Fichtre, le monde est petit ^^ ! Mais j’ai pas accès à l’article en question, du moins en cliquant sur le lien ici présent.

    Répondre
  4. Mon hébergement est made in France (AlwaysData sur du OVH) et pas question que j’héberge mon site sur un hébergement aux mains des politiques…
    Et pourquoi taxer les sites pornos ? Ça sent presque le réac catho…
    L’industrie porno ramène pas mal de sous à l’état FR (renseigne-toi sur Marc Dorcel ou JAcquieEtMichel)…

    Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.