Robert Reed: Sanctuary II

Je ne sais pas si ce sont mes goûts qui ont changé ou si les deux compositeurs oldfieldiens que sont Hanspeter Hess (The Healing Road) et Robert Reed ont décidé de me faire manger mon chapeau, mais après Birdbrain’s Travels du premier, le second a sorti un Sanctuary II très réussi.

Robert Reed est un multi-instrumentiste gallois – également ingé son et producteur sur cet album – qui a décidé de reprendre le flambeau de Mike Oldfield et créer des compositions dans le plus pur style des “Tubular Bells”, “Ommadawn” ou “Taurus II”. Quand je dis “plus pur style”, j’entends par là que Reed reprend quasiment verbatim les sonorités de ces albums et les réarrange à sa sauce.

Sur les deux pistes – classiquement intitulées “Part One” et “Part Two” et d’une durée dune vingtaine de minutes chacune – on va retrouver des éléments classiques, comme les guitares typiques, les chœurs façon world-music, quelques accents de folk celtique et des percussions, le tout en une multitude de couches.

Lorsque j’avais chroniqué le premier album, j’avais sérieusement râlé sur le côté copier-coller de l’exercice. Soyons objectif: sur celui-ci, c’est un peu pareil. Le fan de Mike Oldfield que je suis peut jouer au bingo avec les inspirations affichées. Mais la frontière entre l’hommage et le plagiat pur et simple est mince et l’esprit humain est ainsi fait que la marge d’erreur est au niveau de celle des sondages politiques en période d’élection.

Ainsi, je trouve Sanctuary II nettement plus réussi que son prédécesseur, sans pour autant pouvoir expliquer pourquoi. On a grosso-modo les mêmes recettes; peut-être que la production est meilleure, plus moderne, et que les compositions sont plus enlevées, plus orientées vers les morceaux les plus lumineux de la discographie oldfieldienne – notamment “Taurus II”.

Quelque part, cette période remonte désormais à plus de trente ans, voire plus de quarante, et c’est assez enthousiasmant de voir quelqu’un qui, aujourd’hui, reprend les mêmes concepts pour en faire quelque chose de plus contemporain. Néanmoins, il est clair que l’élève a du mal à se démarquer du maître et, aussi réussit soit-il, Sanctuary II est très bon dans son genre – un genre somme toute très limité.

Il faut laisser cela à Robert Reed: c’est un vrai musicien, il ne se contente pas d’arranger des bouts de pistes et sa virtuosité est impressionnante. Pour l’occasion, il s’est d’ailleurs adjoint les services de Simon Philips, qui fut le batteur de Mike Oldfield sur quelques-uns des albums de l’époque.

De même que Birdbrain’s Travels m’avait nettement plus enthousiasmé que Backdrop, Sanctuary II me plaît beaucoup plus que le premier opus. Mais c’est clairement une opinion qui va au-delà de la simple subjectivité et qui flirte avec l’irrationnel.

Je ne peux donc conseiller qu’une chose: si l’idée de composer, en 2016, du Mike Oldfield période 1972–1982 vous intrigue, allez jeter une oreille sur la page Bandcamp de l’album et faites-vous votre propre opinion. Honnêtement, je ne peux pas faire plus.

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