Rotting Christ: Rituals

Parmi les groupes que j’évite de mentionner au bureau, Rotting Christ, dont le nouvel album, Rituals, vient de sortir, figure en assez bonne place. Je vous laisse deviner pourquoi je publie cet article un samedi – et j’ai été gentil, je ne l’ai pas fait le samedi de Pâques.

Rotting Christ est un groupe grec qui donne dans le heavy-metal sataniste, quelque part entre black-metal et métal symphonique: c’est de la musique plombée, épique, bourrinne. On ne Satan pas à ce que soit le genre de truc que j’aime, et pourtant si. Le truc, c’est que même si c’est brutal, bourrin et tout ce que vous voulez, Rituals reste quand même pas mal mélodique et, surtout, très épique.

Bon, je ne pousserai pas la mauvaise foi jusqu’à utiliser l’épithète qui commence par un P et qui rime avec “progressif”: c’est de la grosse bataille rangée entre légions romaines et hordes germaniques, croisés et païens, la Loi et le Chaos, épées en pales d’hélicoptère et haches couvertes de runes, et un ou deux Dieux Anciens en prime, tout le tremblement. Un truc de barbare, quoi; parfois je me sens un peu barbare. Même si, en vrai, je suis plutôt Babar.

Bref, Rituals, c’est un album avec onze titres entre quatre et six minutes et un peu moins de cinquante minutes. Ça peut paraître court, mais le format est adapté au genre: on n’est pas là pour faire des fioritures, mais pour poutrer des tronches par paquet de douze. Au reste, au bout d’un moment, je trouve que l’album ronronne un peu – même si c’est le genre de ronron qui évoque le tigre qui aurait avalé de travers le diesel d’un T-34.

Ce que je trouve impressionnant avec Rotting Christ, c’est que même quand ils sont en mode “tabassage en gros et demi-gros”, leur musique reste lisible. On n’est pas dans le domaine des thrasheux qui empilent un million de guitares et suffisamment de disto pour essorer l’espace-temps, l’ensemble n’est de loin pas dénué de mélodie.

Après, si on est allergique à la musique qui ferait passer l’uranium appauvri pour un aérogel ou aux invocations satanistes toutes les deux strophes, c’est clair que ça va plaire moyen. Mais bon, pour le premier point, c’est quelle partie de “heavy-metal” que vous ne comprenez pas et, pour le second, bienvenue dans le monde merveilleux du rock’n’roll, un peu comme de la magie, mais avec plus de guitares et de grosses caisses.

Pour ma part, j’assume; je n’écouterais pas ça en boucle pendant deux mois, mais le côté ultra-défoulant d’un “Elthe Kyrie”, des “Litanies de Satan” – inspiré du poème de Charles Baudelaire et avec Vorph, le chanteur de Samaël en invité – ou de “Tou Thanatou” m’amuse beaucoup. Le groupe se paye même le luxe (ou l’humour) de faire une reprise de leurs compatriotes babas d’Aphrodite’s Child.

Sans aller jusqu’à dire que Rotting Christ est un groupe à mettre entre toutes les oreilles, Rituals est un album nettement plus accessible que ce à quoi on pourrait s’attendre et je le trouve personnellement très sympa. À défaut de vous jeter dessus – à moins que vous ne soyiez déjà fans du genre – je vous conseille d’y jeter une oreille, ce qui est d’autant plus facile que le groupe a mis l’intégralité de l’album en ligne.

Ce serait bien le diable si vous n’y trouviez pas un truc sympa ou deux.

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