RPGaDay 2018 – semaine 3

Cet article est le numéro 4 d'une série de 6 intitulée RPGaDay 2018

Troisième semaine du défi RPGaDay 2018, avec une nouvelle fournée de sept questions qui oscillent entre l’anecdotique et le profond. Version TL;DR, le principe du défi est de répondre à 31 questions – une par jour – sur le jeu de rôle.

13. Comment votre manière de jouer a-t-elle évolué ?

En tant que joueur, c’est assez simple: quand j’ai commencé à jouer, les parties de JDR étaient assez facilement des courses à la puissance: monter en niveau, récupérer des objets magiques, bricoler des combos imparables avec des sorts (merci les règles mal branlées!).

Je dirais qu’il m’a quand même fallu une dizaine d’années avant de commencer à vouloir faire des personnages plus intéressants, plus cools que des simples machines à optimiser le flinguage de monstres – des moissonneuses-batteuses à pex, si on veut.

En tant que meneur de jeu, c’est plus le côté “sortir du scénario scripté” qui a été difficile. C’est difficile, mais c’est aussi capital face à des joueurs qui, de toute manière, n’en feront qu’à leur tête. Et, quand vous avez de la chance, c’est inconsciemment.

Avoir quelques petites astuces qui permettent de transformer un scénario linéaire en quelque chose de plus ouvert – comme les trames adaptatives ou les fronts – c’est se permettre de la flexibilité.

Un autre point qui est probablement capital dans l’évolution d’un rôliste, c’est sans doute aussi d’arriver à sortir de la logique “le MJ/les PJ, voilà l’ennemi!”

14. Décrivez-nous comment un échec a-t-il pu devenir quelque chose d’incroyable.

J’ai déjà dû en parler mille douze fois – et Axelle aussi, vu que c’était son personnage – mais l’histoire de Kyoshi Kerenski, l’un des deux personnages de Erdorin est probablement l’exemple le plus marquant.

Donc, au départ, nous avons dans l’univers de Tigres Volants une jeune détective privée, originaire de Copacabana et arcaniste, qui enquête avec d’autres sur une secte qui mélange allègrement furries et BDSM – oui, c’était Thias le déhemme, comment avez-vous deviné?

Elle coince une des adeptes de la secte et tente de lire dans son esprit. Échec critique au jet de lecture des pensées – et un échec critique en arcanes, c’est Mal. Le déhemme lui demande un jet sous sa caractéristique Empathie: réussite critique. Puis un jet de santé mentale: échec critique.

La jeune détective timide et coincée a disparu pendant 24 heures, avant de réapparaître en fursuit complète et en laisse de l’adepte en question. Leur deux esprits avaient fusionné et il a fallu bien deux ans – et une épopée sur Olympus – pour qu’elles récupèrent un semblant d’intégrité

Dans l’intervalle, Kyoshi a connu une amnésie partielle d’au moins un an, pendant laquelle elle a été une star du porno à la carrière météoritique et égérie des nuits BDSM parisiennes au sein de la diaspora japonaise.

Ça se passe parfois comme ça, à Tigres Volants!

15. Décrivez-nous une expérience de jeu délicate qui vous a plu.

J’ai souvent eu des expériences de jeu assez bluffantes avec des jeunes joueurs néophytes – par “jeune”, j’entends “moins de seize ans”.

Une des premières de ce genre a eu lieu une des rares fois où j’ai maîtrisé à Elfquest. C’était pendant un des stages Rêves de jeux de l’ami Jean-Pierre Boillon.

Je me suis retrouvé avec trois joueurs, dans la grande salle d’un manoir du XVIIIe siècle éclairé chichement à la bougie; aucun ne connaissait la BD et une précédente tentative de jouer à ce jeu s’était soldée par un désastre. En plus, un des joueurs était d’une part le benjamin du stage (douze ou treize ans, je crois) et, en plus, pas super-coopératif à la table, disons-nous.

J’ai réussi à improviser un scénario ambiance/survival autour de l’âme d’un elfe assassiné il y a longtemps. De plus, l’histoire tournait beaucoup autour de la musique et j’ai eu le coup de chance d’avoir un changement d’ambiance angoissant pile au moment où le morceau que j’écoutais (je crois que c’était l’album Poland de Tangerine Dream) changeait lui aussi.

Les joueurs ont marché à fond dans l’ambiance et ça a été un de mes meilleurs souvenirs de partie.

16. Quels sont vos projets pour votre prochaine partie ?

Au moment où j’écris cette réponse, j’ai l’ambition de faire jouer un multi-table Freaks’ Squeele à RPGers. Je ne sais pas si on va finalement y arriver ou si ça va fonctionner, mais c’est l’idée.

Sinon, ça va être des plus classiques parties de démonstration du jeu dans les diverses conventions de l’automne (à Salins-les-Bains, OctoGônes et autres).

Je ne désespère pas réunir une fois de plus mes joueurs du “canal habituel” pour continuer la campagne Freaks’ Squeele.

17. Quel est le plus beau compliment que l’on vous a fait durant une partie ?

“J’achète!”

Sinon, lors d’une fameuse partie de Tigres Volants à la CJDRA – pendant laquelle on n’a au final pas joué du tout, d’ailleurs – un des joueurs à ma table a dit “ça fait une demi-heure qu’on discute de la ville et on a déjà l’impression que ça fait vingt ans qu’on y vit.”

À la réflexion, ce n’était peut-être pas un compliment…

18. Visuellement, qu’est ce qui vous inspire pour vos parties de jeu ?

On en parlait récemment sur les réseaux sociaux, mais j’ai l’impression qu’inconsciemment, les grands artistes de la SF des années 1980 – Chris Foss, Roger Dean, Syd Mead – ont beaucoup formaté mon imaginaire visuel. Aujourd’hui, j’avoue que l’art de Simon Stålenhag – lui aussi inspiré de cette période, mais différemment – m’impressionne énormément.

Je pense cependant que ce sont surtout les BD et quelques séries télé – plus rarement des films – dans lesquelles je trouve le plus clair de mes inspirations. J’en ai fait récemment la liste pour Tigres Volants/Erdorin.

19. Quelle musique sublime vos sessions de jeu ?

Question classique. Ma réponse habituelle: aucune. Je ne mets jamais de musique pendant mes sessions de jeu.

Fut un temps où je venais en convention avec mon ghettoblasterrécemment parti vers la Grande Benne de Recyclage dans le Ciel – et où je me faisais consciencieusement une liste de lecture pour mes parties. J’ai fini par m’apercevoir que j’étais le seul à y prêter attention et que, au final, c’était plus une distraction qu’autre chose.

Alors certes, comme l’a prouvé la réponse à la question 15 ci-dessus, il y a des fois où ça peut sublimer une partie. Mais je ne suis vraiment pas amateur de l’exercice. Par contre, la musique est souvent un soutien pour mon écriture.

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