« Semper Lupa », de Meddy Ligner

Et si l’Empire romain ne s’était jamais effondré? Si Roma Æterna avait réellement été éternelle? Les douze nouvelles de ce Semper Lupa, recueil signé Meddy Ligner, tentent de répondre à cette question et forment une fresque indépendante.

Avec Semper Lupa, on est dans le domaine de l’uchronie. Le point de divergence? Il apparaît sans doute dans cette première nouvelle où, au temps de l’empereur Auguste, un légionnaire romain en poste à Jérusalem tue un jeune garçon. Je vous laisse deviner l’identité de la victime.

Les nouvelles suivent rarement la Grande Histoire, mais on la devine en filigrane de ces scènes où se croisent esclaves, patriciens, gladiateurs, légionnaires et érudits, romains ou étrangers. Datées selon la méthode romaine, en années AUC (Ab Urbe Condita – depuis la fondation de la ville), elle couvrent plus de deux mille ans d’une histoire tumultueuse.

C’est ambitieux. Peut-être trop: au fur et à mesure que l’histoire avance, il est difficile au lecteur qui connaît un peu l’histoire en général et celle de Rome en particulier de ne pas tiquer sur certains aspects. Oui, ça veut dire « moi ».

La survie d’une structure impériale pendant une telle période tient pas mal du best-case. Même si Rome passe à côté de plusieurs chaudes alertes, invasions et guerres civiles, j’aurais vu des conséquences plus marquées. J’aurais aussi pensé que les noms des personnages auraient évolué vers moins de “latinitude”.

Mais, ceci dit, ce n’est peut-être pas le point central. Semper Lupa est surtout là pour nous raconter des histoires et j’ai trouvé ces textes plutôt touchants, très humains. En nous racontant des histoires de vraies personnes plutôt que l’Histoire officielle, Meddy Ligner rend crédible son uchronie.

Il s’amuse même, dans un cas, à nous proposer une triple uchronie dans l’uchronie, en partant d’un événement de son histoire pour imaginer trois destins différents, qui finissent par se rejoindre à la fin. Ultima ratio, tout ça. Et, d’ailleurs, la dernière histoire, non datée, boucle la boucle.

J’avoue avoir un peu tiqué sur l’avant-dernière histoire, “Le Glaive de Vercingetorix”. S’il part sur des idées qui m’intéressent, à savoir une “archéologie du futur” (dans le cas présent, uchronique) il pose la thèse d’Alésia dans le Jura, thèse très controversée – pour dire le moins – dans le milieu.

Le reproche est somme toute mineur, surtout eu égard à la qualité des nouvelles de Semper Lupa. L’uchronie est un genre suffisamment rare en francophonie pour souligner en plus cet effort, qui sort des sentiers battus, et qui en plus le fait de très belle manière.

D’autres avis sur RSF Blog, Le Mont des Rêves, Le Temps des Tyrans, et sans doute d’autres.

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