Stalag IIB

Le titre complet de cette bande dessinée est “Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB“; elle est signée Jacques Tardi, fils de. C’est un résumé et, dans le genre biographie qui décape, c’est du lourd!

Le résumé est quelque peu compris dans le titre, mais pour faire un peu plus long, René Tardi, dix-neuf ans en 1935, s’engage dans l’armée en pressentant la Seconde Guerre mondiale qui s’approche. Officier dans les chars, il est capturé par les Allemands en mai 40 et envoyé en camp de prisonniers, en Poméranie.

Le plus étonnant de cette histoire, c’est une narration à deux voix, René et Jacques Tardi. Le père raconte son histoire, sa honte et sa colère; le fils, encore au début de l’adolescence, écoute et fait des remarques insolentes, comme tous les enfants de son âge. Comme il s’agit d’une narration a posteriori, on a un constant décalage entre les scènes de la vie du camp et le texte, qui fait souvent référence à des amis du père et ce qu’il advient d’eux plus tard.

La vie du camp, parlons-en. Les deux chroniques que j’ai lues sur ce bouquin faisaient la même remarque: Papa Schultz n’existe pas. Ici, on est dans une réalité crue, brutale: les prisonniers ont tout le temps faim, ils sont malades et sales (ça parle un peu beaucoup de merde, d’ailleurs), ils sont séparés par nationalité et plus ou moins bien traités suivant les cas.

Et puis il y a tous les petits actes de résistance au quotidien, comme de fausser l’appel juste pour faire rager le commandant du camp, ou saboter la trésorerie du camp, mais également toutes les punitions, forcément arbitraires et qui peuvent aller jusqu’à l’exécution sommaire, camouflée en tentative d’évasion.

Après, il ne faut pas perdre de vue que Stalag IIB est moins un livre d’histoire qu’un témoignage, avec son lot d’oublis et d’embellissements et un point de vue subjectif; il faut le prendre comme tel, ce qui est déjà loin d’être négligeable. C’est une plongée vers certains des lieux les plus sombres de la nature humaine.

C’est le pendant sombre d’un autre texte de témoignage, que je lis ces temps-ci sur le forum uchronique 1940, la France continue, intitulé “L’infanterie en gros plan“, qui décrit également le quotidien, mais d’une unité combattante de ce qui deviendra les commandos français. Parfois plus léger, parfois moins, comme le récent texte sur la libération de Dachau

Si l’histoire de la Seconde Guerre mondiale vous intéresse, Stalag IIB est une bande dessinée très impressionnante et je vous la recommande chaudement. Notez juste que c’est la première partie, un second tome devrait paraître à la suite de celui-ci.

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3 réflexions au sujet de “Stalag IIB”

  1. Dans le style, il y a également la “bi-logie” (si moi y en a oser m’exprimer ainsi) Maus, par Art Spiegelman qui est un grand classique du genre, à ne pas forcément prendre à la légère, malgré le dessin qui pourrait paraitre enfantin.

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