« Summerland », de Hannu Rajaniemi

Dans Summerland, de Hannu Rajaniemi, Rachel White est un agent des Services secrets britanniques. Elle apprend d’un ex-agent soviétique que son service est infiltré par une taupe. Cette taupe travaille à Summerland, la ville colonisée par les Britanniques dans le monde des morts, et elle a des soutiens très haut placés.

On est donc en 1938, mais dans ce monde, le Royaume-uni a découvert comment accéder à l’Au-delà – et, surtout, comment continuer à exister par-delà la mort.

Il y a des ectophones pour communiquer entre les mondes, les esprits des défunts peuvent emprunter le corps de médiums (ou des automates) pour vivre un temps parmi les vivants, et bien évidemment des armes alimentés par l’énergie spirite.

Les Britanniques ne sont pas seuls: l’Union soviétique est aussi présente dans le monde des morts, notamment vient un super-ordinateur composé des esprits les plus brillants que la Révolution a révélé, la Présence. Il y a aussi Staline, mais c’est un cas un peu à part, qui sème le trouble dans une Guerre d’Espagne déjà bien compliquée comme cela.

Dans ce contexte particulièrement barré, Hannu Rajaniemi propose une histoire d’espionnage classique sur le fond – un agent traque un traître, seul et contre tous – mais pas dans la forme. Déjà, sa protagoniste, Rachel White, est un agent vétéran, avec plus de vingt ans de service, mais malgré tout toujours en butte au machisme de ses collègues.

Qui plus est, le contexte de Summerland est particulièrement barré. Ne serait-ce que la mort n’est pas forcément définitive: les personnes qui ont un Ticket ont l’assurance de passer dans l’Au-delà.

Ce qui a un impact certain sur le monde des vivants, avec notamment le fameux Ticket qui est une récompense pour les fidèles sujets de Sa Majesté. Ou le fait que la médecine est une science en pleine stagnation, puisque la peur de la mort n’est plus aussi prenante.

Il y a, bien évidemment, un prix à payer. Nombreux sont ceux qui ont des problèmes psychiques, sans parler d’une menace bien plus sombre qui pèse sur cet univers. Je n’en dirai pas plus.

Cela dit, si j’ai trouvé Summerland bluffant au niveau du contexte, j’ai été un peu moins impressionné par l’intrigue du roman. Pour être précis, j’ai ressenti comme un sentiment de trop peu – un peu comme avec The Grand Dark. Je ne sais pas s’il y aura une suite, mais je me dis que ce ne serait pas plus mal.

Au final, Summerland est un roman un peu frustrant, mais impressionnant. Hannu Rajaniemi, qui avait déjà fait montre de sa virtuosité dans les univers baroque avec sa trilogie de Jean le Flambeur, nous offre ici aussi un monde uchronique cohérent et fou à la fois.

Mention spéciale pour le premier ministre britannique, qui vaut presque celui des derniers épisodes de La Laverie.

D’autres avis chez Apophis, à qui je dois la découverte, Gromovar et L’Épaule d’Orion.

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