Catharsis

Catharsis

Ce jour-là, c’était son anniversaire, du coup il est arrivé un peu en retard au boulot. C’était le 7 janvier 2015 et Luz, dessinateur à Charlie-hebdo, a retrouvé ses collègues, ses amis, blessés ou morts. Et, avec eux, son dessin est parti. D’où ce livre, Catharsis.

 

Charlie partout, Charlie toujours

Hommage à Charlie-hebdo de Pierre Berget

Un des slogans les plus marquants que j’ai pu lire ces derniers jours, c’est celui de Reporters sans frontières: “Ils veulent nous réduire au silence, ils n’auront obtenu qu’une minute.” J’aurais aimé pouvoir agir en fonction de cette phrase, mais je dois avouer que, dans mon cas, la minute ait duré un peu plus longtemps. Trop, sans doute.

Pour des amis absents

À l’heure où j’écris ces lignes – le mercredi 7 janvier 2015, vers 19 h – je viens de perdre douze amis. Peut-être plus, ou moins, je ne sais pas, au juste: j’ai coupé Internet depuis 14 heures. Je ne sais pas, je ne sais plus; je ne veux pas vraiment savoir, en fait.

 

Le Front national expliqué à mon père

En ces temps où l’extrémisme est tellement tendance que, pour un peu, il passerait au Top 50, il est toujours bon de lui jeter un œil critique. D’abord, parce que c’est plus civilisé qu’un parpaing (même si je peux comprendre que le parpaing ait un effet cathartique) et, ensuite, parce que souvent, l’extrémisme est une forme de vampire qui se complaît dans l’ombre et auquel la lumière nuit. Tout ceci pour vous dire que j’ai donc acheté ce nouvel hors-série de Charlie-hebdo, intitulé Le Front national expliqué à mon père.

La laïcité, c’est par où?

Cet hors-série de Charlie-Hebdo, intitulé La laïcité, c’est par où?, date un peu, puisqu’il est sorti en septembre 2013 – avant donc À bas la pub!, que j’avais chroniqué précédemment. Je l’ai trouvé cependant plus pertinent que ce dernier, peut-être parce qu’en ces temps où les fous de Dieu battent le pavé pour faire régresser les droits acquis, il est plus d’actualité.

À bas la pub!

Comme souvent avec Charlie-hebdo, le titre de cet hors-série À bas la pub! tient lieu de la profession de foi. Personnellement, je ne peux qu’approuver, même si au final j’ai un sérieux sentiment de trop peu, une fois terminée la lecture.

En soixante-quatre pages, l’équipe de l’hebdomadaire tente de faire le tour de la question publicitaire aujourd’hui: ce qui a changé et ce qui reste constant. Il y a là pas mal de papiers très intéressants – des articles de une à trois pages, parsemés de dessins toujours dans le style provoc-caca qu’affectionne le journal, et quelques témoignages en BD.

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“Premières mesures révolutionnaires”, de Éric Hazan et Kamo

C’est un bref article de “Oncle” Bernard Maris, dans Charlie-hebdo, qui m’a venu ce petit opuscule signé Éric Hazan et Kamo: Premières mesures révolutionnaires. Je suppose que ce n’est pas un hasard s’il a été publié par le même éditeur – La Fabrique – que L’insurrection qui vient: on sent comme une affinité de points de vue…

Qui veut la peau de Charlie-Hebdo?

La grosse info d’il y a deux jours, ce fut l’attaque dont ont été victimes les locaux de Charlie-Hebdo, l’hebdomadaire satirique français, ainsi que son site informatique (temporairement hors-service et délocalisé sur WordPress.com en attendant). Même la Tribune de Genève en a parlé, c’est dire!

Le fait que cette attaque coïncidait avec la sortie d’un numéro rebaptisé “Charia Hebdo”, avec une couverture représentant une caricature de Mahomet en rédacteur en chef du journal, a fait immédiatement pensé à l’attaque d’intégristes musulmans. Un peu trop, sans doute.

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Le féminisme est l’avenir de l’homme

Féminisme not dead ! C’est le sens de ce hors-série de Charlie-Hebdo, « Le féminisme est l’avenir de l’homme ». Si je chronique ici cet ouvrage, ce n’est pas seulement parce que je suis un sale slacktiviste crypo-gauchiste écolo-baba et végétarien-qui-s’ignore (superbement, d’ailleurs), mais également parce qu’il est l’occasion de remettre quelque peu les pendules à l’heure en ce qui concerne l’égalité hommes-femmes.

Attention, je dis « remettre les pendules à l’heure », mais pas forcément à l’heure juste, non plus : on parle de Charlie-Hebdo, un hebdomadaire de gauche bien à gauche qui a pour lui le mérite de ne pas s’en cacher. C’est aussi un journal qui, au delà de ses dessins à bases de bites et de fluides corporels très « cour de récré en primaire » (la couverture de ce hors-série, signée Catherine, est juste fabuleuse et truffée de détails tordants), a tendance à faire des articles de fond bien construits et plutôt solides.

Dans le cas présent, « Le féminisme est l’avenir de l’homme » propose 64 pages d’entretiens avec des femmes impliquées dans la lutte pour ce que l’on appelle à mon boulot la « justice de genre », ce qui est la manière plus acceptable de dire « l’égalité entre hommes et femmes ». Plus acceptable, parce que ces entretiens montrent le combat des femmes pour l’égalité des droits est souvent pensé dans un cadre plus large de luttes contre toutes les inégalités.

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Maserati: Pyramid of the Sun

J’ai un peu honte: je n’ai appris l’existence de Pyramid of the Sun, dernier album en date des Américains de Maserati, par un des moyens les plus détournés qui soit: un compte-rendu de concert dans Charlie-hebdo, qui plus est d’un concert à Lausanne. Ce qui me met vraiment la honte, c’est que je considère Maserati comme étant un des meilleurs groupes de post-rock, notamment via leur album Inventions for a New Season, sorti en 2007. Avoir pu perdre ce groupe de vue à ce point, c’est pas très flatteur pour ma réputation…

Je pourrais prétendre qu’ayant appris la mort de Jerry Fuchs, batteur et âme du groupe, j’avais présumé le groupe disparu avec lui, mais la vérité est que j’ai simplement zappé. Je me ferais bien hara-kiri avec un MP3 émoussé, mais c’est contre mes principes (en plus du fait que, du temps que je passe à travers la graisse, je suis encore là demain). Ma repentance consistera en vous parler de ce nouvel album, paru donc fin 2010 (ça va, je n’ai donc pas trop de retard) et qui est un autre remarquable exemple du style particulier de post-rock propre à Maserati.

On y retrouve les textures de guitares tissant des ambiances complexes et plombées sur des morceaux parfois très longs (jusqu’à huit minutes et plus), appuyés par une rythmique ultraprésente, une sorte de métronome qui appuie les mélodies et dont le groupe sait jouer pour ménager des pauses dans les compositions. Plus généralement, la musique de Maserati se distingue souvent par une dynamique propre et très communicative: on sent vraiment le côté road-movie, principalement alimenté par la rythmique, mais également par un sens de l’énergie dirigée vers un but commun. Maserati va quelque part et a une assez bonne idée d’où.

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Jouer avec sa tête

Écrans jeux de rôle

Lu dans le dernier Charlie Hebdo, cette brève:

Toujours plus fort – Microsoft va lancer en novembre un jeu vidéo sans manette, qui se joue uniquement avec le corps. Et, prochaine étape, le jeu vidéo sans écran, qui se joue uniquement avec le cerveau. On appellera ça un livre.

Vigousse, le petit satirique romand

Fan du Canard Enchaîné et de Charlie-Hebdo, je pouvais difficilement rater la sortie du deuxième numéro de Vigousse, nouvel hebdo suisse a vocation satirique (le premier, illustré ci-contre, était sorti gratuitement, à titre promotionnel, en décembre). Si tout n’est pas parfait, je peux espérer pour ce petit nouveau un avenir un peu plus rose que celui de ses prédécesseurs (tel le calamiteux Saturne).

À la base, il y a le dessinateur Barrigue, évincé d’un grand titre de la presse quotidienne romande qui rime avec “Le Tapin” et qui se venge en lançant son propre canard, suivi de près par l’humoriste Laurent Flutsch et l’animateur Patrick Nordmann. Au final, il y a un journal de seize pages qui, par son ton et son format, rappelle plus Charlie-Hebdo que le Canard Enchaîné: articles percutants, mauvaise foi mordante et dessins déconseillés à la ménagère romande de moins de cinquante ans.

Il y a du bon et du moins bon dans les seize pages de ce nouveau journal. Pour le moment, il est un peu pauvre en contenu: il y a peu d’articles, le plus souvent assez courts et parfois anecdotiques. Les choses qui marquent le plus à la lecture, ce sont les pubs; quelque part, l’idée de publicités dans une publication satirique me fait sérieusement grincer des dents. Certes, il faut bien vivre, mais cela soulève de sérieux doutes quant à l’indépendance éditoriale.

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Bal tragique chez Charlie: un mort

Ça doit faire une douzaine d’années que je lis Charlie-Hebdo. C’est pour moi une lecture incontournable du jeudi (en Suisse, il n’arrive en kiosque que le jeudi). J’aime bien ce journal de gauchistes plus ou moins anars, avec ses dessins pipi-caca-bite-couille qui répondent à des articles de fond souvent très bien documentés.

J’ai appris, à la lecture du dernier numéro (paru mercredi 16 en France), que la rubrique de Siné ne paraîtrait plus. La raison semble être la suivante: Siné a écrit, dans un précédent papier, une pique à propos de Jean Sarkozy (le fils de l’autre) et de sa supposée conversion au judaïsme; quelques jours plus tard, un journaliste du Nouvel Observateur s’est fait l’écho du sus-nommé, qui semblait prêt à porter plainte pour injures antisémites. Philippe Val, directeur de la rédaction de Charlie, qui n’avait pas lu le billet en question avant parution, a alors demandé à Siné de s’excuser, ce dernier a refusé.

Bon, je ne vous lierai pas tous les articles de presse qui parlent de cette affaire: il y en a des wagons, plus ou moins factuels. Je n’ai moi-même pas vraiment prétention à résumer ce qui s’est réellement passé. Ce qui m’impressionne dans cette affaire, c’est le brassage qu’il y a autour. Une chose que j’avais déjà notée, c’est que pas mal de médias français de gauche ne se privait pas pour taper sur Charlie-Hebdo et, plus spécifiquement, sur Philippe Val. De mon point de vue, ces médias lui reprochaient surtout de ne pas penser comme eux. Du coup, avec cette affaire, vous pensez bien que ça y va à la pelleteuse.

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“Traité de savoir-survivre par temps obscurs”, de Philippe Val

J’aime beaucoup Philippe Val. Pour ceux qui ne connaissent pas — et qui, au vu du barouf médiatique de ces jours, vivent sans doute sous un caillou très bien isolé –, il est directeur de Charlie-Hebdo. À côté des dessins pipi-caca qui tapent, en vrac, sur la droite, les cons et les intégristes de tous poils, Charlie compte un nombre inquiétant d’éditorialistes de grand talent; Philippe Val est de ceux-là. J’ai toujours beaucoup de plaisir à lire ses éditos et, lorsque j’ai appris la sortie de son Traité de savoir-survivre par temps obscurs (Grasset, 240 p.), j’ai filé l’acheter.

Je m’attendais à y trouver quelques chroniques, à l’image de ses articles; j’ai été déçu. En bien. Ce Traité (qui me réconcilie quelque peu avec les traités, après ma précédente expérience) est à mi-chemin entre le pamphlet politique et l’ouvrage de philosophie bien costaud, le modèle pour barbus.

Il part sur la thèse que toute l’histoire de l’humanité repose sur une constante lutte entre “l’espèce”, qui représente les lois naturelles (l’instinct de survie, de reproduction, de sélection, de mort) et la culture ou la civilisation, qui tentent de donner un sens à la vie des hommes. Ce n’est pas très compliqué (à vrai dire, un des reproches que je ferais à cette théorie est qu’elle est justement trop simple, mais bon…) au départ, mais ça implique pas mal de mécanismes complexes, que l’auteur décortique à travers un certain nombre de ses auteurs fétiches: les Épicuriens, Spinoza, Freud.

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