Un hommage à la Culture de Iain M. Banks

Il y a trois semaines, l’auteur écossais Iain M. Banks a annoncé être atteint d’un cancer en phase terminale et avoir moins d’une année à vivre. Mordicai Knode, sur les blogs de Tor.com, revient sur son cycle de la Culture et lui rend ainsi un hommage pas tout-à-fait posthume (mais, hélas, presque).

“Surface Detail” de Iain M Banks

Surface Detail, le dernier volume en date de la série de la Culture, de Iain M Banks, parle en vrac de virtualité, de mort, de résurrection, de vengeance, d’enfer et de conspirations foireuses. Sa structure, façon roman américain passant de personnage à personnage, reprend, en gros, le même principe que son prédécesseur Matter en se concentrant sur des personnages qui, pour la plupart, vivent en dehors de la Culture afin d’explorer certains aspects de cette dernière.

Comme d’habitude, toute l’histoire est un plan foireux de “Special Circumstances”, l’équivalent de la CIA dans la Culture pour ce qui est des coups tordus, avec les grandes intelligences artificielles qui se livrent à une partie d’échecs sur au moins sept tableaux et douze dimensions différents. Pour Banks, c’est aussi l’occasion pour parler un peu plus avant des civilisations avancées autres que la Culture qui coexistent dans l’espace connu et de leurs interactions.

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“Down and Out in the Magic Kingdom”, de Cory Doctorow

Cory Doctorow est un auteur que j’apprécie pour ses écrits sur le site BoingBoing et, souvent, pour ses prises de position sur des domaines tels que la sécurité, la liberté et les droits fondamentaux. Je l’avais déjà découvert comme romancier avec Little Brother, chroniqué ici-même l’année passée (ha! ha! on peut désormais dire “l’année passée” pour 2009!) et, pour le coup, je me suis fait offrir tous ses romans à Noël.

J’ai commencé par Down and Out in the Magic Kingdom (“Dans la dèche au Royaume Enchanté” en français), ce qui n’est probablement pas le bon ordre chronologique, mais tant pis. Le roman suit Jules, un p’tit jeune de moins de cent ans qui, en cette fin de XXIe siècle qui a vu la fin de la rareté, de l’argent et de la mort elle-même, réalise enfin son rêve de vivre à Disney World. Oui, le Disney World, en Floride. Tout va bien, jusqu’au jour où il est assassiné (ce qui en soi n’est pas très grave: il est cloné et ses connaissances régulièrement mises à jour) et que, dans le même temps, une bande de concepteurs rivaux tentent de mettre la main sur son attraction préférée.

Je soupçonne qu’à sa sortie, en 2002, l’univers décrit dans Down and Out in the Magic Kingdom devait être à la pointe du courant transhumaniste, avec la Culture de Iain Banks, L’Âge du Diamant de Neal Stephenson et quelques autres fondus de la même eau. Depuis, les principes qui s’y étalent ont été repris et, si je puis dire, banalisés. Il n’empêche que, plus que les personnages eux-mêmes, c’est la “société Bitchun” – où la réputation, ou “whuffie” a remplacé l’argent – qui est au centre de l’histoire.

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God Is An Astronaut

En ces temps de Noël, où le sacré tente de se refaire une santé sur le profane, je viens de me faire une révélation, une épiphanie, une crise de foi en attendant la crise de foie post-réveillon. J’ai rencontré Dieu. C’est un astronaute. Et on ne m’avait rien dit!

Donc, God Is An Astronaut, groupe irlandais de post-rock instrumental, et son album éponyme, sorti l’année passée. Pour résumer: ma doué c’te baffe!

Je pense avoir trouvé là le chaînon manquant entre post et prog. Je n’avais encore jamais entendu un post-rock si imaginatif et si lumineux. Pas forcément super original non plus, mais créatif, foisonnant. Certes, les grosses textures de guitares sont présentes, mais réhaussées par des nappes de clavier et dominées par une batterie puissante et précise.

En fait, là où le post conventionnel invoque des paysages urbains à l’abandon ou des friches industrielles au crépuscule, ce dieu-astronaute-ci nous emmène chevaucher des galaxies, observer les anneaux de Saturne ou visiter des civilisations extra-terrestres disparues. Ce n’est pas seulement du post-rock, c’est la bande originale d’un documentaire sur les mondes de la Culture, de Iain Banks.

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“Matter”, de Iain M Banks

Je viens de terminer Matter, le dernier roman de l’écrivain de science-fiction écossais crypto-communiste Iain M Banks, qui a pour cadre la “Culture“. Comme souvent, ça dépote pas mal.

La particularité de ce pavé de près de 600 pages, c’est qu’il suit plusieurs histoires en parallèle, histoires qui finissent bien entendu par se retrouver: les protagonistes sont trois des enfants d’un roi, mort sur un champ de bataille: l’un est le prince en titre, l’autre est le fils prodige, présumé mort mais en fait poursuivi par les hommes du régent, et la troisième est devenue une sorte d’ambassadrice auprès de la Culture, ce qui la sauve de sa condition de femme dans une civilisation semi-industrielle.

Avec Banks, on a souvent plus des histoires à personnages que des grandes fresques. Dans Matter, certes, il y a des Choses Qui Se Passent, mais on sent bien que ce sont les personnages eux-mêmes qui sont plus importants. Ça donne le côté frustrant que les évènements à l’échelle cosmique qui se déroulent, d’une part ne démarrent réellement que dans le dernier quart du bouquin et, de plus, sont réglés en quelques pages.

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“Excession”, de Iain M Banks

Le vol de retour, entre Nairobi et Amsterdam, m’a non seulement permis (selon toute vraisemblance), d’attraper la tourista à laquelle j’avais jusque là échappé lors de mon séjour en Tanzanie, mais aussi de finir Excession.

Excession est un des ouvrages de science-fiction de Iain M Banks, qui se déroule dans l’univers de la Culture (lien en anglais). La Culture est une gigantesque civilisation galactique, principalement humaine, dont les caractéristiques majeures sont d’être parvenus à un niveau de bien-être matériel global (à peu près tout ce qu’ils veulent, ils peuvent le construire à coups de nanotech) et d’intégrer des intelligences artificielles (drones et, surtout, vaisseaux). Dans le livre, cette civilisation se retrouve confrontée à un événement qui la dépasse complètement, ce qui réveille un certain nombre de vieux complots et de plans absurdes.

C’est, jusqu’à présent, un des meilleurs ouvrages de Banks que j’ai lu. À vrai dire, si j’aime beaucoup l’univers de la Culture, j’avais eu tendance à préférer ses ouvrages en dehors (The Algebraist ou Against a Dark Background). Ce que j’aime particulièrement, c’est qu’une fois libérés des contingences matérielles, l’auteur peut plus facilement se concentrer sur le côté “humain” de ses personnages — même les intelligences artificielles. Ça n’empêche pas les grosses bastons interstellaires et les bricolages hypertechnologiques à grand spectacle, mais c’est principalement pour le décor. L’essentiel est ailleurs.

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