King Crimson: The Power to Believe

J’admets: même si The Power to Believe est le dernier album en date de King Crimson, on ne peut pas vraiment dire que c’est une nouveauté, puisqu’il est sorti il y a dix ans. Mais, comme j’ai profité d’un raid sur Gibert Musique pour le ramasser (les albums du groupe n’étant pour la plupart pas disponibles en numérique) et, rebondissant sur une chronique récente de Ben Felten, j’en profite pour parler également du groupe dans son ensemble.

King Crimson est un des groupes pionniers du rock progressif, dont le premier album, In the Court of the Crimson King, est paru en 1969. Quand je dis “pionnier”, je ne plaisante pas. Évidemment, en près de trente-cinq ans de carrière, la formation a muté un nombre de fois incalculables, mais compte parmi ses membres Robert Fripp (indéboulonnable fondateur), Tony Levin, Trey Gunn, Adrian Belew, Bill Bruford, Greg Lake et bien d’autres. Du beau monde, donc.

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Mindless Self Indulgence: How I Learned to Stop Giving a Shit and Love Mindless Self Indulgence

Faut dire ce qui est: il n’y a que Mindless Self Indulgence pour intituler un album How I Learned to Stop Giving a Shit and Love Mindless Self Indulgence! On est assez dans le “comme son nom l’indique” pour ce groupe punko-whatever américain, spécialiste des provocations total con-délire.

Punko-whatever, comme dans “punk-rock-métal-électro avec des influences hip-hop”, provocations comme dans “je place au moins un gros mot par phrase, y compris le titre” et total con-délire pour le côté jouissif et l’énergie débordante de la bande. C’est un peu nawak, mais avec un enthousiasme débridé.

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Amaranthe: The Nexus

Cher Amaranthe,

La dernière fois qu’on s’était parlé – enfin, que je t’avais écrit – c’était pour ton premier album éponyme. Aujourd’hui, tu sors The Nexus et je me retrouve de nouveau perplexifié, mais pas pour les mêmes raisons.

Ton métal à chanteuse a, disons, évolué. Mais pas dans une direction que je qualifierai de “bonne”, vu que tu lorgnes plus sur la grosse électro-pop qui tabasse, voire le Rihanna de gouttière, que vers un métal symphonico-progressif qui aurait ma préférence.

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Antimatter: Fear of a Unique Identity

J’ai acheté ce Fear of a Unique Identity, dernier album du groupe britannique Antimatter, avec une certaine appréhension: le précédent, Leaving Eden (qui date tout de même d’il y a cinq ans), m’avait laissé un souvenir mitigé, pour dire le mieux.

Il faut dire que Antimatter officie dans un genre, le “rock mélancolique” (une variante de rock progressif que l’on peut rattacher à ce que fait Anathema depuis une dizaine d’années – ou à Porcupine Tree, en poussant un peu), où il est assez facile à se laisser à de la médiocrité molle du genou. On ne devrait pas laisser des mélancoliques faire du rock, c’est souvent déprimant.

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Elyose: Théogyne

Bonne année 2013, la foule! Pour cette première chronique de l’année nouvelle, inutile de prendre des gants: on se connaît, pas la peine d’y aller mollo au début, lançons-nous tout de suite avec un groupe de métal assez inhabituel: les Français de Elyose et leur premier album, Théogyne.

Of The I: Balance Instars

Parfois, on découvre des albums et des groupes – comme ce Balance Instars des Anglais de Of The I – dont on se dit “hmm, c’est pas mal, je me demande ce que valent leurs albums plus récents”. Et là, on découvre qu’il n’y en a pas. C’est un peu déprimant, même si ce n’est pas surprenant.

Of The I, donc. Groupe londonien à la musique inspirée par le rock et le métal progressif, mais également la musique électronique, l’ambiante et le rock alternatif. Balance Instars, datant de 2008, est leur seul vrai album (il existe également un EP antérieur, Demo-noid, qui inclut quatre des morceaux de Balance Instars). On pense immanquablement à Porcupine Tree, mais également à Naïve.

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Mind.In.A.Box: Revelations

Avec ce Revelations, nouvel album du groupe autrichien de musique électronique (l’appellation officielle est “technopop”, pour ceux que ça intéresse) Mind.In.A.Box, je suis déception. Ce n’est pas la première fois depuis le début de l’année, mais c’est comme pour tout, ça commence à lasser.

Que je vous explique: j’avais chroniqué il y a deux ans leur précédent album, R.E.T.R.O, qui avait l’intérêt de viser un style beaucoup plus geek en reprenant de la musique de jeu vidéo, sur un mode 8-bit assez rigolo. En général et à quelques exceptions près, je ne suis pas fan de la musique électronique, mais R.E.T.R.O était une de ces exceptions.

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Aucan: Black Rainbow

Bon, j’avoue que la raison principale de cette chronique de Black Rainbow est que j’ai encore des souvenirs émus de l’album éponyme d’Aucan, groupe italien qui est passé en moins de deux ans du math-rock au dubstep, ce qui n’est pas vraiment mon style. L’évolution n’est pas vraiment une surprise, l’EP DNA avait montré la voie et le groupe s’oriente encore plus vers le tout-électronique avec cet album.

Mais style ou pas, Aucan, ça poutre! C’est pas vraiment du tchic-poum pour yo! à casquette venu pécho dans l’équivalent local d’un Macumba suintant de mauvais goût et de musique sponsorisée. Déjà, pour les avoir vus en concert, c’est pas vraiment du paisible, chose confirmée par cet album: la section rythmique a beau être pilotée par ordinateur, elle a de quoi guérir le hoquet d’un batteur de speed-métal. L’adjonction de vocaux, chose récente dans l’histoire du groupe, n’est pas toujours très heureuse, mais pas particulièrement gênante.

Il faut écouter des morceaux comme “Red Minoga”, “Away!” ou le très bien nommé “Sound Pressure Level”: niveau tabassage, ça ne fait pas semblant. La musique d’Aucan y explose comme un chaos hystérique et syncopé, une sorte de montagne russe sonore. Après, dans Black Rainbow, il y a pas mal de morceaux plus calmes qui, je dois le dire, m’intéressent beaucoup moins, même s’il y a des électronneries bien décapsulantes, par exemple “Underwater Music” qui me rappelle un peu Pendulum.

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Alphaville: Catching Rays on Giants

Attention, metalheads, prog-fanatics et autres puristes des musiques non-commerciales: ceci est une critique de Catching Rays on Giants, le dernier album d’Alphaville. Oui, vous avez bien lu: Alphaville. Ce groupe est depuis bien longtemps une de mes plaisirs semi-honteux, aux côtés des Buggles et de Frankie Goes to Hollywood (ces deux derniers ayant un point commun; ami lecteur, sauras-tu le retrouver sans regarder Wikipédia, petit tricheur?).

Soyons tout de suite clairs: Alphaville, c’est de la pop descendant en droite ligne de la new-wave des années 1980, un groupe qui a connu son heure de gloire avec des tubes comme “Big in Japan” et “Forever Young” et qui, depuis, a continué son petit bonhomme de chemin sans trop se prendre la tête avec le box-office et la mode, évoluant vers des rivages tantôt prog (Afternoon in Utopia), tantôt électro (Prostitute). C’est surtout un groupe qui se distingue par une patate spectaculaire et un chanteur exceptionnel. Comme preuve, je vous mets la vidéo terrygilliamesque du single “Song for No-One”, qui est juste trop top et on se retrouve après.

Après ça, je ne vois pas trop ce qu’il y a à dire: Alphaville était un groupe génial il y a vingt-cinq ans, je les trouve toujours aussi chouettes aujourd’hui. Ça ne s’explique pas. Pas rationnellement, en tous cas. Même si je n’aime pas tout dans cet album, qui fait un peu le grand écart entre l’Aphaville des années 1980 et ses incarnations plus récentes, c’est toujours une usine à tubes intelligents, mélodies imparables mais qui ne prennent pas l’auditeur pour un imbécile.

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Naïve: The End

Appeler son premier album The End, il faut le faire et les Toulousains de Naïve l’ont fait. Ils ont fait bien plus que ça et cet album est un des plus enthousiasmants et originaux que j’ai pu écouter depuis un bon moment – grâce aux bons offices de Progressive Area, qui a visiblement le chic pour dénicher des bidules improbables comme je les aime.

Imaginez un mélange entre du métal progressif à la Tool, du post-métal à la Isis, avec des influences trip-hop, électro et orientales. Oui, il faut avoir une bonne dose d’imagination et le trio qui compose Naïve n’en manque pas, ni d’ailleurs de talent. On passez assez facilement des ambiances contemplatives et atmosphériques à des parties beaucoup plus sombres et plus brutales. Témoin “Underwater”, qui aligne les extrêmes en un seul morceau – certes, de huit minutes, mais c’est un peu la moyenne pour cet album.

De l’intro très métal de “To Lose And To Die For” à l’atmosphérique et planant “The End”, en passant par “The Crying Community”, métal prog hanté par des claviers aériens, les ambiances orientales et la voix féminine de “The Shroud”, ou le décapsulant “Your Own Princess”, il n’y a rien à jeter sur The End et très peu qui mérite un demi-fronçage de sourcil. Les musiciens sont à peu près irréprochables et la production solide.

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Moongarden: A Vulgar Display of Prog

Il faut parfois se méfier des idées reçues: quand on associe “rock progressif” et “Italie”, on pense souvent à ce sous-genre particulier qu’est le rock progressivo italiano (RPI pour les intimes). Moongarden n’en fait pas partie et son dernier album en date (sorti en 2009, mais je ne l’ai trouvé qu’il y a quelques jours), A Vulgar Display of Prog – rien que le titre m’amuse – est bien plus original qu’on pourrait le penser de prime abord.

Et pourtant, après l’écoute de quelques minutes – OK, beaucoup de minutes: c’est du prog, tout de même – , on serait en droit de se dire que, d’accord, ce n’est pas du RPI, mais du néo-prog tout aussi classique. Et paf! déboule un morceau comme “MDMA” et ses éléments électroniques, sa suite à la Tangerine Dream et les parties rap de “Compression” et les certitudes sont chamboulées. Oh oui! j’aime quand tu me chamboules les certitudes!

Bon, il faut être honnête: mis à part une certaine originalité dans le traitement de quelques morceaux et une envie manifeste d’intégrer une poignée d’éléments stylistiques plus modernes dans le rock progressif, la musique de Moongarden est quand même en grande partie du néo-prog classique, avec ses morceaux kilométriques aux ambiances alambiquées et ses mélodies en apparence simples, mais bien travaillées. Ça sonne frais et moderne, mais ce n’est pas non plus de l’expérimental acrobatique.

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Pure Reason Revolution: Hammer and Anvil

Il fallait s’y attendre: Hammer and Anvil, nouvel album des Britanniques de Pure Reason Revolution, continue sur la lignée de Amor Vincit Omnia et s’oriente plus vers un électro-rock que vers le rock progressif de leurs débuts. Oh, certes, les envolées lyriques polyphoniques façon opéra-rock des années 1970, sont toujours présentes, mais elles sont clairement en retrait par rapport à la tonalité générale de l’album.

C’est somme toute assez surprenant comme virage en guère plus de trois albums, si on ne s’y attend pas; cela dit, ceux qui comme moi suivent le groupe depuis (presque) ses débuts avec The Dark Third seront moins étonnés: les premières pulsions électro se retrouvent dans le Live at nearFEST et se confirment rapidement. En fait, si j’étais méchant, je dirais que ce qui est le plus surprenant est de voir un groupe de rock progressif évoluer tout court.

Je dois avouer avoir quand même eu comme un doute à l’écoute du premier morceau, “Blitzkrieg”, qui est quand même très, très électro et ne ressemble pas du tout à du Pure Reason Revolution classique. Les choses reviennent vers un semblant de normalité avec les morceaux suivants, même s’il ne faut pas attendre très longtemps avant de rencontrer un “Last Man, Last Round” qui tabasse.

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[bleu]: Sincère autopsie de la finesse

Vous voulez de l’OVNI? Du bizarre, du barré, de l’inclassable? Voici donc Sincère autopsie de la finesse, un album du duo franco-suisse [bleu], qui opère quelque part entre le rock progressif, le rock électronique et le math-rock. Il y a du Porcupine Tree dans cet album, et du Sigur Rós également: une musique principalement instrumentale, ambiante, atmosphérique, tissant tantôt des ambiances à la Klaus Schultze. Ou pas. À moins que ce ne soit le contraire.

J’ai découvert cet album au hasard d’une chronique dithyrambique sur Progressive Area et j’ai découvert, dans le même mouvement, que l’intégralité de l’album était disponible gratuitement sur le site MySpace du groupe. Si je ne partage pas entièrement l’enthousiasme du chroniqueur, je dois quand même dire que cette Sincère autopsie de la finesse est un des albums les plus surprenants que j’aie écoutés depuis un moment.

De la très réussie intro au piano de “Temps Temps Temps Temps Temps” à l’épique pièce atmosphérique finale, la très bien nommée “Brumeuse”, [bleu] tient ses promesses. À vrai dire, est-ce encore du rock progressif ou juste tout autre chose? Je n’en sais rien; je ne suis même pas sûr d’aimer tout l’album. “Envoûté” serait sans doute un terme plus juste: la musique de [bleu] a indéniablement un côté hypnotique.

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Mind.In.A.Box: R.E.T.R.O

Je sens que ce billet va faire ricaner certains lecteurs de ce blog, car, en théorie, R.E.T.R.O, dernier album en date du duo autrichien Mind.In.A.Box (attention! site web conceptuel), est très proche du genre de musique que je décrie parfois fort vocalement dans ces mêmes pages. En effet, Mind.In.A.Box fait une musique qualifiée de “Technopop” ou “Futurepop” voire, dans les mauvais jours, “Bitpop”.

Aucan: DNA EP

De l’intérêt d’aller voir des concerts obscurs dans des coins paumés: on se retrouve avec des exclusivités plus ou moins mondiales, comme le nouvel EP d’Aucan, intitulé DNA et qui n’est pas officiellement prévu dans les bacs avant mars.

Après avoir pu l’écouter quelques fois dans le calme relatif de mon bureau (par opposition à l’hystérie à peine contrôlée du concert), j’en arrive à la conclusion suivante: c’est bien du Aucan, mais ça prend des directions différentes du premier album (qui, contrairement à ce que vous allez peut-être finir par penser, ne s’intitule pas “éponyme”).

Si on retrouve le mélange habituel post-rock/math-rock/électrobidouillages, au moins sur les quatre premiers morceaux, j’en retire également l’impression que ce sont des compositions moins construites, plus instinctives que précédemment. J’ai également l’impression que le son est moins poli, un peu plus sale.

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Aucan au Queen Kong Club de Neuchâtel

C’est plus ou moins sur un coup de tête que j’avais décidé d’aller voir Aucan en concert à Neuchâtel : en même temps que je découvrais le premier album éponyme du groupe, j’apprenais qu’il passait à Neuch’ dans le week-end de mon anniversaire. À cette époque, mon Plan Génial était de convaincre mes potes de faire une expédition groupée.

 

Manes: Vilosophe

L’adage qui prétend que le métal mène à tout à condition d’en sortir est une fois de plus vérifié par Vilosophe, album du groupe norvégien Manes. (Leur site ayant disparu, je vous mets un lien vers leur maison de disques code666, qui a encore des exemplaires à vendre)

Bon, la plupart du temps, une fois sortis, les groupes qui s’y essayent ne vont pas très loin ou retournent vite au bercail. Dans le cas présent, Manes, qui était à l’origine un groupe de black métal dans la grande tradition nordique du genre, fait clairement mentir l’adage.

Même si les origines métalliques sont encore présentes, Vilosophe (qui date de 2003) est un album qui lorgne plus vers le post-rock, le rock plus classique et l’électro. J’imagine juste la tête des fans de la première heure qui écoutent ce machin…

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Office for Strategic Influence: Blood

Croisée de chemins, encore et toujours; décidément, le métal mène à tout, même sans obligatoirement en sortir. Je veux parler ici de l’album Blood, dernier en date de Office for Strategic Influence, OSI pour les intimes, qui se situe au carrefour des influences métal, prog et post-rock, avec un soupçon d’électro et des ambiances musicales des films de John Carpenter.

“Projet” de deux calibres du prog-métal, Kevin Moore (Dream Theater, Chroma Key) et Jim Matheos (Fates Warning), le groupe accueille d’autres pointures du même niveau sur ses albums: Mike Portnoy, Joey Vera, Steve Wilson… du beau linge! Je mets “projet” entre guillemets, parce qu’après six ans et trois albums, ça ressemble de moins en moins à un projet séparé et de plus en plus à un vrai groupe.

Certes, les grands noms ne font pas obligatoirement une grande musique, mais, dans le cas présent, Blood est un album qui n’a pas à rougir de la comparaison avec les deux précédents, le très bon et éponyme Office for Strategic Influence et le plus entendu Free, ni avec l’exceptionnel Dead Air for Radios, premier album de Chroma Key.

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