Les Innommables: Le cycle zéro

Les bandes dessinées culte, j’en ai des pleins rayonnages, mais les premières aventures des Innommables, de Yann et Conrad, tiennent une place spéciale dans mon cœur – peut-être parce qu’elles correspondent à une forme de passage à l’âge adulte. Réunies pour la première fois en couleurs dans un album, sous le titre Le cycle zéro, elles comprennent “Matricule Triple Zéro” et “Shukumei”.

Je vous ai déjà parlé de cette série à l’occasion de la sortie du livre Yann & Conrad, une monographie, que je vous invite du coup à (re)lire pour comprendre un peu mieux ce qu’était le contexte au beau journal de Spirou au tout début des années 1980, entre cette série iconoclaste et l’animation des pages (les fameux “hauts de pages”) réalisée par les deux compères et une clique de jeunes (et moins jeunes) dessinateurs du journal.

“Matricule Triple Zéro” commence par une scène mythique: l’élimination du héros – faux, mais pourtant annoncé comme tel sur la couverture de l’hebdomadaire – en deux cases et le début de la vraie série et de ses trois baltringues, sortes de pieds nickelés post-modernes qui glandouillent dans un cachot de l’armée américaine à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

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Yann et Conrad, les héros de mon enfance

Quand j’étais petit, je lisais Spirou. À vrai dire, j’ai continué à lire Spirou pendant très longtemps; j’ai, chez moi, un gros coffre en bois qui contient plusieurs centaines de numéros de l’hebdomadaire, depuis (en gros) le 1770 jusque vers le 2350. Si j’ai arrêté de lire Spirou, c’est à cause de Yann et Conrad.

OK, ce que je viens de dire est en fait très malhonnête: j’ai surtout arrêté de lire Spirou parce qu’il n’y avait plus Yann et Conrad! Ces deux zigotos, apparus quelques années auparavant, avaient apporté un grain de folie quasiment punk dans les pages de l’hebdomadaire — à une période qui correspondait exactement avec ma crise d’adolescence; surprise…

On connaît aujourd’hui Yann et Conrad surtout pour leur série “Les Innommables”; on sait moins qu’elle a débuté dans Spirou, sous le titre “Matricule Triple Zéro”. Un monument: en fait, elle commence sous le titre “Chuck Willis”, une sorte de clone du Buck Danny des années 40, militaire américain à la mâchoire carrée… qui se fait dégager dès la deuxième case de la série, pour laisser la place aux trois tarés que l’on connaît. Ce premier album est un chef d’oeuvre d’humour burlesque; la première incarnation de “Shukumei” également (pas celle parue en album); après, la série devient plus trash, plus sérieuse aussi, nettement moins drôle à mon goût.

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