Fish: Thirteenth Star

À force de vous causer de Marillion, passé et présent, j’ai eu envie d’explorer ce qu’avait fait Fish en solo et, du coup, je me suis pris son dernier album studio en date, Thirteenth Star (2007). Je dois avouer que j’ai été surpris — et pas par le fait qu’il ne s’agit ni d’un hommage au Valais ni d’un concept-album autour de la station spatiale Thirteen Stars de l’univers de Tigres Volants.

Alors certes, j’avais pris son premier album solo, Vigil in a Wilderness of Mirrors, qui sonnait plus comme un règlement de compte au sortir de son divorce d’avec Marillion (disons, pour simplifier et éviter les détails sordides, que ça ne s’était pas fait par consentement mutuel). C’était il y a vingt ans et je me demandais avec une pointe d’inquiétude à quoi ressemblait le Fish du XXIe siècle. La réponse est “similaire, mais différent”.

Musicalement parlant, et à peu de choses près, Thirteenth Star aurait très bien pu sortir deux ou trois ans après Vigil…: même écriture à mi-chemin entre le néo-prog de Clutching at Straws et un pop-rock plus plan-plan, mêmes thèmes autobiographiques et contemplatifs, écriture toujours aussi poétique, quoique moins influencée par divers psychotropes.

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Marillion: Less is More

C’est en écoutant un des albums de Early Stages (période Clutching at Straws) que je suis en train de rédiger cette note sur Less is More, le nouvel album de Marillion; pas forcément le meilleur choix pour une chronique objective de cet album de reprises acoustiques, mais un assez bon résumé de mon état d’esprit.

De toute manière, je suis pathologiquement incapable d’être complètement objectif, surtout en matière de musique et surtout, surtout quand on parle de Marillion: c’est un groupe que j’ai découvert en 1983 et que je n’ai pour ainsi dire pas lâché depuis. Et réciproquement. Et si j’ai très bien survécu au départ de Fish (contrairement à un certain nombre de fans de base), j’avoue quand même une préférence pour les albums de la fin de cette période.

Cela dit, c’est juste pour poser l’ambiance, pour les ceusses qui ne me connaissent que peu; ce n’est pas le sujet de ce Less is More.

L’album contient officiellement onze réorchestrations acoustiques de morceaux de la période Steve Hogarth, plus un douzième (mal) caché qui se trouve être “Cannibal Surf Babe”, couvrant les vingt dernières années.  Marillion n’est pas exactement le premier groupe à se risquer à l’exercice, qui s’avère souvent casse-gueule et dont je ne suis personnellement pas un grand fan.

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Sylvan: Force of Gravity

Sylvan est un groupe allemand de néo-prog que j’ai découvert il y a quelques temps et pour lequel j’avoue volontiers un petit – OK, un gros – faible. Il y a quelque chose dans leurs compositions qui me rappelle le Marillion des grandes années. Leur dernier album, Force of Gravity, laisse apparaître une volonté d’aller plus loin que leurs habitudes musicales, ce qui n’est pas fait pour me déplaire non plus.

Gazpacho: Tick Tock

Pour une surprise, c’est une excellente surprise que ce Tick Tock des Norvégiens de Gazpacho! Surprise, car leur précédent album, Night, avait été présenté comme un chef d’œuvre par beaucoup de critiques – sauf par moi, qui l’avais trouvé franchement plat. Tick Tock, inspiré par le roman “Terre des Hommes”, de Saint-Exupéry, est à peu près tout sauf ça.

S’il fallait résumer en une phrase la musique de Gazpacho, je dirais que c’est quelque chose comme du Marillion première période Steve Hogarth (genre Holidays in Eden ou Afraid of Sunlight) avec des surprises musicales. Grandes plages instrumentales très atmosphériques, inclusion de violons, chant lancinant (la voix de Jan Henrik Ohme rappelle vraiment beaucoup celle de Steve Hogarth).

C’est clair qu’avec une telle influence, on ne peut pas vraiment dire que l’ensemble est d’une folle originalité, mais Gazpacho sait y faire et, après une intro à la U2, ses compositions s’enchaînent sans faille et sans temps mort, tissant une ambiance particulière et ma foi fort plaisante. En fait, on peut presque détacher le premier et le dernier morceau et ne garder que les deux parties de “The Walk” et les trois de “Tick Tock” comme un seul morceau de plus de 35 minutes.

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VIII Strada: La Leggenda della Grande Porta

Amis musiciens de rock progressif, tendance néo-prog, je ne vous souhaite qu’une chose: que votre premier album sonne aussi bien que ce La Leggenda della Grande Porta, de VIII Strada! Certes, dans le cas de ce groupe italien, il y a un truc: ça fait dix ans qu’ils existent et ont déjà un EP à diffusion confidentielle à leur actif.

Coup d’essai, coup de maître? Sans doute: cet album, qui affiche des fortes influences IQ et Marillion, est une splendide carte de visite. Dans le genre, on y retrouve toutes les recettes d’un prog d’excellent facture: une instrumentation sans faille qui flirtent parfois avec le prog-métal, des mélodies ciselées et complexes juste ce qu’il faut, et un excellent chanteur (Tito Vizzuso), passionné et énergique.

Ce n’est certes pas d’une folle originalité, mais quel groupe de néo-prog peut prétendre l’être? Pour ma part, j’avoue être tombé sous le charme de cet album, chaudement recommandé également dans le Prog-résiste 57. Même les vocaux chantés en italien, qui en tant normal m’enthousiasment autant qu’un album d’Eros Ramazzotti, s’accommodent fort bien de l’atmosphère dégagé par VIII Strada.

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Transatlantic: The Whirlwind

Une des glorieuses habitudes du rock progressif, c’est l’échangisme musical et la création de “supergroupes” qui en résulte. C’est mieux que de maladies, même si le résultat n’est pas toujours souhaitable. Il y a une trentaine d’année, UK ou Asia tenaient le haut du pavé; aujourd’hui, on parle plus volontiers de Transatlantic, dont le nouvel album, The Whirlwind, vient de sortir après presque dix ans d’attente.

En matière de pointures, c’est du lourd: Neal Morse (Spock’s Beard, Neal Morse Band), Mike Portnoy (Dream Theater et un million de side-projects), Pete Trewavas (Marillion) et Roine Stolt (The Flower Kings, The Tangent). Le style est un néo-prog symphonique très enlevé, clairement marqué par la patte de Neal Morse, qui assure les voix avec Roine Stolt.

Le gros défaut des supergroupes, à mon avis, c’est que l’exercice tient pour une bonne part de la bande de copains qui s’amusent et, dans les mauvais jours, du plan marketing (même si, au niveau “devenir riche”, le rock progressif a beaucoup de points communs avec le jeu de rôle). Dans le cas de Transatlantic, c’est clairement la première option qui prime, ce qui est en un sens heureux. Cela dit, avec The Whirlwind, on a un peu l’impression d’assister à une jam-session entre potes qui se connaissent depuis des lustres et qui, tout à leurs ébats musicaux, oublient le public.

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Spleen Arcana: The Field Where She Died

Je dois avouer avoir longuement hésité avant de chroniquer The Field Where She Died, de Spleen Arcana. La raison en est que j’avais été contacté semi-directement via Twitter par Julien Gaullier, le multi-instrumentiste et compositeur derrière le projet et que, pour tout dire, je n’ai pas été très enthousiasmé par cet album. La raison de …

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Riverside: Anno Domini High Definition

Les trois derniers albums studio de Riverside (ainsi que le Lunatic Soul de leur chanteur, Mariusz Duda), m’ont suffisamment impressionné pour que la perspective du nouvel album, Anno Domini High Definition, éveille un sentiment d’anticipation rare chez un vieux blasé dans mon genre.

Marillion: Early Stages

Comme le Saga de cette époque, le Marillion des années 80 (période Fish), c’est un peu ma madeleine de Proust à moi. En moins chiant. Du coup, lorsque j’ai appris que le groupe sortait Early Stages, un coffret de six disques reprenant des concerts “pirates” enregistrés entre 1983 et 1987, mon fanboy intime a sérieusement frétillé. L’objet coûtant quand même son prix et n’étant pas disponible par des sources locales, j’ai quand même pris mon temps avant de l’acquérir.

Première constatation: l’objet s’adresse clairement aux FBDM. Entre la pochette de Mark Wilkinson, dans la plus pure tradition du Marillion de l’ère Fish, et le choix des concerts et des morceaux y joués (double dose de “Grendel”!), on fait clairement dans le fan service le plus éhonté. Et pourquoi pas, après tout: je suis un FBDM de Marillion et j’assume, merde!

La deuxième constatation est que, même si ce n’est pas mon album préféré, le concert de 1987 autour de Clutching at Straws est le bienvenu après une avalanche de “Forgotten Sons” ou de “Fugazi”. En d’autres termes, le coffret met trop l’accent sur les premiers albums, avec des répétitions inévitables, mais malvenues.

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Sylvan: Presets

Fan de rock progressif: plus qu’une passion, un sacerdoce! Le problème majeur, c’est qu’au niveau médiatique, on a une visibilité comparable à celle des rôlistes — Mireille Dumas en moins, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Hormis les résurrections ponctuelles de quelques groupes des dinosaures, c’est un peu difficile de savoir ce qui se passe. Heureusement pour moi, j’ai découvert il y a quelques temps Prog Archives, qui propose des critiques d’albums; avec un flux RSS, ça permet de se tenir un peu au courant.

Tout ceci pour dire que, grâce à ce site, j’ai découvert Sylvan, un groupe allemand de néo-prog, qui, malgré près de dix ans de scène, était passé jusqu’à présent complètement en-dessous de mon progdar personnel. Leur dernier album, Presets, est une des excellentes nouvelles de cette année.

Certes, au niveau originalité, il n’y a pas de quoi estropier d’innocents palmipèdes: c’est du néo-progressif très classique, avec une pointe d’iQ par ci, un soupçon de Marillion par là et probablement de grosses influences croisées avec les Polonais de Riverside.

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Marillion à l’Élysée Montmartre

Donc, me voici à Paris, à peine sorti du concert de Marillion. On va résumer: c’était bien. Scratch that: c’était un des meilleurs concerts que j’ai vu. Ça faisait longtemps que je n’avais pas assisté à un concert de Marillion — le dernier, c’était la tournée Brave, ce qui ne nous rajeunit pas.

L’air de rien, Marillion n’est pas exactement un groupe de p’tits jeunes qui débutent. Ça ferait vingt-cinq ans qu’ils tournent que ça n’étonnerait personne. Ce genre de chose se voit assez bien au public présent à l’Élysée-Montmartre de Paris (belle salle, au passage): ça fleurait bon le quadra (et, assez rapidement, la transpiration, mais c’est une autre histoire).

En première partie, A Day’s Work, qui nous a distillé un rock-pop pas forcément très original, mais bien pêchu, enthousiaste et bien dans le style. L’accueil a d’ailleurs été plus que poli, mais, visiblement, le public était content d’être là: ils en étaient même au point d’applaudir la musique d’ambiance et les techniciens de scène…

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