Perhaps: Volume One

C’est l’histoire d’un petit groupe qui sort un petit album et qui déclenche un petit ouragan dans le microcosme du rock progressif. Ce groupe, un trio originaire de Boston, c’est Perhaps et l’album en question, c’est Volume One, trente-sept minutes d’un rock progressif psychédélique instrumental barré de la tête.

En fait, c’est un peu comme si le fruit adolescent des amours bâtardes de Yes et de King Crimson se mettait à faire du post-rock ou du math-rock avec des potes dans un garage. On y trouve des sonorités typiquement yessiennes – notamment un jeu de guitare à la Steve Howe – avec le goût de la dissonance et des compositions alambiquées (et du saxophone en pagaille), le tout virant à la jam-session enregistrée sur une cassette audio analogique.

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Pirate: Left of Mind

Pour faire dans l’humour facile, je pourrais dire que c’est parce que Pirate est un groupe australien que leur nouvel album Left of Mind nous met la tête à l’envers. Hormis les blagues dont même l’Almanach Vermot 1938 n’aurait pas voulu, il faut dire ce qui est: le rock progressif de Pirate est certes original, il n’est pas exactement facile d’accès.

Encore que “original” ne soit pas exactement le bon terme; disons plutôt qu’il fourmille de références plus ou moins assumées et, surtout, mélangées et télescopées à un point tel qu’on frise parfois l’indigestion: King Crimson, Van der Graaf Generator, math-rock, post-rock, tout change et tout s’enchaîne à grande vitesse sur les huit morceaux courts (l’album fait à peine trente-deux minutes) de Left of Mind.

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Aucan: Black Rainbow

Bon, j’avoue que la raison principale de cette chronique de Black Rainbow est que j’ai encore des souvenirs émus de l’album éponyme d’Aucan, groupe italien qui est passé en moins de deux ans du math-rock au dubstep, ce qui n’est pas vraiment mon style. L’évolution n’est pas vraiment une surprise, l’EP DNA avait montré la voie et le groupe s’oriente encore plus vers le tout-électronique avec cet album.

Mais style ou pas, Aucan, ça poutre! C’est pas vraiment du tchic-poum pour yo! à casquette venu pécho dans l’équivalent local d’un Macumba suintant de mauvais goût et de musique sponsorisée. Déjà, pour les avoir vus en concert, c’est pas vraiment du paisible, chose confirmée par cet album: la section rythmique a beau être pilotée par ordinateur, elle a de quoi guérir le hoquet d’un batteur de speed-métal. L’adjonction de vocaux, chose récente dans l’histoire du groupe, n’est pas toujours très heureuse, mais pas particulièrement gênante.

Il faut écouter des morceaux comme “Red Minoga”, “Away!” ou le très bien nommé “Sound Pressure Level”: niveau tabassage, ça ne fait pas semblant. La musique d’Aucan y explose comme un chaos hystérique et syncopé, une sorte de montagne russe sonore. Après, dans Black Rainbow, il y a pas mal de morceaux plus calmes qui, je dois le dire, m’intéressent beaucoup moins, même s’il y a des électronneries bien décapsulantes, par exemple “Underwater Music” qui me rappelle un peu Pendulum.

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Le coup du parapluie: Philosophie, bien-être & crimes passionnels

Reconnaissons qu’il faut au moins être un groupe belge, qui plus est étiqueté à la frontière du post-rock et du prog barré de la tête (et d’au moins dix-sept autres genres musicaux encore plus obscurs) pour oser s’appeler Le coup du parapluie et pour proposer un album intitulé Philosophie, bien-être & crimes passionnels. Histoire de balancer un grand coup, je me permets de pointer un doigt accusateur vers le dernier numéro de Prog-résiste: si j’ai téléchargé ce bidule, c’est tout de leur faute, d’abord!

Cela dit, la filiation avec le rock progressif est des plus ténues et il faut plutôt voir dans le trio guitare-basse-batterie qui compose Le coup du parapluie un groupe de rock alternatif tendance post-rock ou math-rock. De façon générale, c’est une musique qui puise dans plusieurs sous-groupes du rock contemporain, avec des compositions torturées et énergiques et un chant en anglais, malgré des titres parfois en français (et, plus généralement, truffés de jeux de mots foireux et de références à des “séries noires” des années 1960-1970).

Je ne suis pas certain d’être supermégafan de tout l’album; à la longue, il est même un peu répétitif. Mais les ambiances glauques de certains morceaux – aux antipodes du côté délirant des titres et du nom du groupe – comme “La traversée du Desert Eagle”, “The Assassination of Your Beliefs” ou l’instrumental “Le loup dans la bergerie” valent le déplacement.

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[bleu]: Sincère autopsie de la finesse

Vous voulez de l’OVNI? Du bizarre, du barré, de l’inclassable? Voici donc Sincère autopsie de la finesse, un album du duo franco-suisse [bleu], qui opère quelque part entre le rock progressif, le rock électronique et le math-rock. Il y a du Porcupine Tree dans cet album, et du Sigur Rós également: une musique principalement instrumentale, ambiante, atmosphérique, tissant tantôt des ambiances à la Klaus Schultze. Ou pas. À moins que ce ne soit le contraire.

J’ai découvert cet album au hasard d’une chronique dithyrambique sur Progressive Area et j’ai découvert, dans le même mouvement, que l’intégralité de l’album était disponible gratuitement sur le site MySpace du groupe. Si je ne partage pas entièrement l’enthousiasme du chroniqueur, je dois quand même dire que cette Sincère autopsie de la finesse est un des albums les plus surprenants que j’aie écoutés depuis un moment.

De la très réussie intro au piano de “Temps Temps Temps Temps Temps” à l’épique pièce atmosphérique finale, la très bien nommée “Brumeuse”, [bleu] tient ses promesses. À vrai dire, est-ce encore du rock progressif ou juste tout autre chose? Je n’en sais rien; je ne suis même pas sûr d’aimer tout l’album. “Envoûté” serait sans doute un terme plus juste: la musique de [bleu] a indéniablement un côté hypnotique.

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Gifts From Enola: From Fathoms

Je ne sais pas trop si c’est le post-rock, en tant que genre, qui tend à tourner en rond ou si c’est moi qui en ai fait le tour, mais j’avoue avoir du mal à m’enthousiasmer pour ce From Fathoms, du groupe américain Gifts From Enola — et ce malgré la recommandation du dernier numéro de Prog-résiste.

Catégorisé entre le math-rock et le post-rock, avec une approche plus énergétique et métal que contemplative et atmosphérique, Gifts From Enola est pourtant loin d’être un groupe inintéressant et From Fathoms aligne quelques pépites de créativité, comme les morceaux “Trieste” et ses dix-sept minutes au compteur et l’impressionnant “Thawed Horizon”.

Je n’ai peut-être pas trop la tête à ça, mais j’ai néanmoins l’impression que, même avec une écoute au casque, cet album m’entre par une oreille pour me sortir par l’autre (ce qui vaut certes mieux que de me sortir par les trous de nez) — voire, pire, me donne envie d’écouter autre chose. Pas qu’il soit mauvais — je me répète, mais je n’ai pas envie de casser From Fathoms avec mes sautes d’humeur, mais il me rappelle trop de choses que j’ai déjà entendues.

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Aucan: DNA EP

De l’intérêt d’aller voir des concerts obscurs dans des coins paumés: on se retrouve avec des exclusivités plus ou moins mondiales, comme le nouvel EP d’Aucan, intitulé DNA et qui n’est pas officiellement prévu dans les bacs avant mars.

Après avoir pu l’écouter quelques fois dans le calme relatif de mon bureau (par opposition à l’hystérie à peine contrôlée du concert), j’en arrive à la conclusion suivante: c’est bien du Aucan, mais ça prend des directions différentes du premier album (qui, contrairement à ce que vous allez peut-être finir par penser, ne s’intitule pas “éponyme”).

Si on retrouve le mélange habituel post-rock/math-rock/électrobidouillages, au moins sur les quatre premiers morceaux, j’en retire également l’impression que ce sont des compositions moins construites, plus instinctives que précédemment. J’ai également l’impression que le son est moins poli, un peu plus sale.

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Aucan au Queen Kong Club de Neuchâtel

C’est plus ou moins sur un coup de tête que j’avais décidé d’aller voir Aucan en concert à Neuchâtel : en même temps que je découvrais le premier album éponyme du groupe, j’apprenais qu’il passait à Neuch’ dans le week-end de mon anniversaire. À cette époque, mon Plan Génial était de convaincre mes potes de faire une expédition groupée.

 

Aucan

Décidément, cette fin d’année est à marquer du signe des groupes aux albums éponymes qui dépotent: après God Is An Astronaut, c’est au tour d’Aucan d’atterrir sur ma platine avec force et conviction.

Ce trio instrumental italien (à ne pas confondre avec un groupe de prog-folk argentin des années 1970) livre un mélange particulièrement surprenant de post-rock, de métal ultra-technique et d’influences diverses, allant du jazz à l’électro. L’étiquette la plus souvent utilisée pour les caractériser est “math rock”, ce qui résume d’une certaine façon le style.

Ce que je trouve particulièrement impressionnant avec cet album, c’est à quel point ils arrivent à juxtaposer des touches minimalistes pour faire au final des compositions redoutablement complexes et riches, comme par exemple sur le morceau “Fauna” et ses petites touches de clavier façon jeu vidéo. Par certains côtés, ça me rappelle presque Tangerine Dream.

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