Guide de survie médiatique pour temps obscurs

Médias pour les nuls: spécial terrorisme

Je n’ai pas spécialement envie de parler de l’actualité récente – genre, du début de cette semaine – mais au hasard de mes flux, j’ai vu passer un bref document qui mérite d’être partagé: le Breaking News Consumer’s Handbook: Terrorism Edition, que l’on pourrait traduire par “Les Médias pour les Nuls: Spécial Terrorisme”.

L’ère des livres-spam sauvages

Si j’écris cet article, c’est de la faute de Charles Stross – pour être plus précis, de son article Polemic: how readers will discover books in future. En très résumé, il y décrit un avenir apocalyptique dans lequel nos liseuses seraient envahies par des livres-spam sauvages, capables de s’imposer de force dans les bibliothèques numériques.

Délire d’auteur de science-fiction un peu trop dans son truc? Peut-être mais Stross s’appuie sur les récents développements du format EPUB des livres électroniques, basé sur le HTML5 et, dorénavant, autorisant le JavaScript, ledit HTML5 ayant “gagné” récemment la gestion des verrous numériques (ou DRM).

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“Manifeste pour une nouvelle presse (en) Suisse”, de Fabio Lo Verso

Au hasard de mes pérégrinations libraires, j’ai acheté, à l’impulsion, le petit Manifeste pour une nouvelle presse (en) Suisse, de Fabio Lo Verso. L’auteur est également le fondateur du bimensuel suisse La Cité, un journal qui propose précisément un modèle original de publication et de financement; sans surprise, le Manifeste ici présent s’inspire de cette expérience.

L’ouvrage présente la situation de la presse en Suisse, que les rapports officiels disent peu diverse (deux groupes se partagent le plus clair de la production francophone; en Suisse alémanique, ce n’est guère mieux). Il parle du poids de la publicité ou de l’idéologie (si j’étais méchant, je dirais que la publicité est une idéologie) et des pressions subies par les rédactions de la part de l’une ou l’autre.

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Qui insulte les artistes?

Rick Falkvinge, ancien de The Pirate Bay et fondateur du premier Parti pirate, n’est pas exactement un tendre et un des derniers billets qu’il a publié sur son site, “How Shall The Artists Get Paid?” Isn’t A Question, It’s An Insult, va sans doute faire grincer plein de dents.

Soyons clair: Falkvinge trolle méchamment, sur ce coup. Pourtant, si on laisse de côté l’aspect pur provoc’ du ton de l’article, les questions qu’il pose sont à mon avis très pertinentes. Elles pointent du doigt les contradictions d’un modèle commercial appliqué à une activité où le terme même “commercial” est utilisé comme une insulte.

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Intouchables

Après avoir vu mardi soir, entre deux lessives, le fort sympathique et fort médiatique film Intouchables, je me suis bien gardé d’en écrire une chronique. Tout a été déjà dit sur ce film, deux fois et en couleurs. Et c’est justement pour cela que je me fends quand même de ce petit billet.

Cette histoire aux ressorts classiques – un jeune de banlieue se retrouve assistant de vie d’un aristocrate tétraplégique – a été massivement encensée par tout ce que la Francophonie compte comme médias et au-delà. Est-ce qu’au final ça valait tout ce battage?

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L’industrie qui cache la forêt créatrice

Si la question de la création artistique et de sa place dans notre société vous intéresse, je ne peux que vous conseiller de lire Chère Aurélie, la lettre ouverte de la dessinatrice Tanxxx. Cette lettre s’adresse à Aurélie Filipetti, ministre française de la culture, mais à mon avis, elle peut s’appliquer à beaucoup de pays et pas seulement à propos de la bande dessinée.

La culture ne s’use que si l’on ne s’en sert pas

En tant que grand consommateur de culture, principalement sous forme numérique, l’article Obsolescence culturelle et autres considérations paru hier sur Tengu’s Blog m’a fortement parlé – ce d’autant plus que je suis arrivé plus ou moins aux mêmes conclusions que lui il y a quelques temps.

 

“Here Comes Everybody”, de Clay Shirky

Ce n’est pas tous les jours que je me retrouve à chroniquer un ouvrage que je lis dans le cadre du boulot. Bon, déjà, j’en mets en page plus que je n’en lis, mais, dans le cas présent, Here Comes Everybody de Clay Shirky, spécialiste des réseaux sociaux et de leurs implications, rejoint à la fois une partie de mon travail et un intérêt personnel depuis, oh, à peu près le temps de mes premiers pas sur Internet. Ne cherchez pas: il y avait encore une Union soviétique à l’époque.

J’aimerais bien vous dire que c’est le bouquin le plus simple qui existe pour comprendre Internet et les réseaux sociaux – et, surtout, le faire comprendre à votre patron (celui qui vous a demandé de copier Internet sur une disquette). Ce n’est hélas pas trop le cas: Here Comes Eveverybody a beau ne faire que 320 pages, c’est quand même du dense, avec un caractère pédagogique évident, mais qui gagnerait à être sérieusement condensé pour prétendre au titre de “les réseaux sociaux pour les nuls”.

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Quand je regarde les médias, l’abysse me regarde

C’est moi ou, ces temps-ci, les grands médias ont de moins en moins de choses à dire et prennent de plus en plus de temps et d’espace pour le dire? Ces dernières semaines, deux tragédies ont fait la “une” des médias suisses et français et, dans les deux cas, j’ai été atterré par leur traitement. Des “émissions spéciales” kilométriques avec un contenu proche du zéro absolu!

Certes, ce sont des évènements exceptionnels et je veux bien comprendre qu’on veuille leur donner une place particulière, mais remplir les deux-tiers du temps du téléjournal pour nous ressasser cinq fois les mêmes détails, les mêmes clichés et les témoignages du beau-frère du patron du type qui a vu passer le bus ou qui connaissait vaguement le tueur, ça donne l’impression d’une vacuité terrifiante et, qui plus est, d’un manque profond de respect pour les victimes.

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La culture numérique est encore en friche

Il y a des jours où je me dis que faire figure de digital native quand on a 45 ans, face à des gens plus jeunes, c’est vraiment bizarre. Vendredi, j’ai eu la surprise de voir Didier Pègues, un des musiciens du groupe Eye 2 Eye, commenter le billet que j’avais écrit quelques jours auparavant sur leur album After All…

Ce n’est pas tous les jours que j’ai ce genre de retour, dans le cas présent justifié par le fait que j’avais un peu cassé l’album en question. Nous avons eu un échange que j’espère franc sur le contenu et les raisons de ma critique, ce qui est plutôt une bonne chose. Mais ce n’est pas le propos de ce billet.

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Un mois de mars gris foncé

On aime ou on n’aime pas les Anonymous, ils ont un certain flair pour les actions spectaculaires. Une des dernières en date, à laquelle j’ai décidé de partiellement m’associer, est Black March, qui peut se résumer par un boycott de l’industrie des médias.

Si j’approuve l’idée générale – envoyer un signal aux grosses industries des médias – je ne compte pas aller aussi loin que le mot d’ordre: ne rien acheter, ne rien télécharger. D’une part parce que je n’y arriverai juste pas et, d’autre part, parce que je vois ici une bonne occasion d’explorer des circuits alternatifs et de faire profiter des éditeurs indépendants. Réellement indépendants, donc, pas “indépendants” au sens où Hollywood l’entend.

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“Mainstream”, de Frédéric Martel

En ces temps où on parle beaucoup de culture, surtout dans le cadre des différents accords censés “sauver les artistes”, mais écrits par les lobbyistes de l’industrie, la lecture d’un ouvrage comme Mainstream, de Frédéric Martel, est un salutaire rappel à la réalité.

Sous-titré “Enquête sur la guerre globale de la culture et des médias” et présenté sous la forme d’une enquête sur les cinq continents, cet ouvrage assez massif (560 pages de texte pour son édition de poche, chez Champs Flammarion) décrit les tenants et les aboutissants de la culture populaire, dite “mainstream” et, surtout, la lutte qui se déroule entre nouvelles et anciennes “grandes puissances” des contenus.

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La culture, ce n’est pas comme la confiture

Je vais sans doute enfoncer des portes ouvertes avec ce billet, mais, entre mes propres élucubrations sur les archives rôlistes et la récente actualité autour de SOPA et MegaUpload, j’ai l’impression que les acteurs traditionnels n’ont pas compris le problème majeur de leur approche industrielle de la culture. À savoir que ça se copie tellement facilement qu’essayer de la contrôler par ce canal est, au mieux, voué à l’échec.

Bon, par “culture”, il faut comprendre les livres, l’audiovisuel; pour le moment, certaines expressions artistiques (peinture, sculpture, architecture, théâtre) sont encore épargnées par les grands bouleversements du numérique. Pour le moment, parce qu’entre les imprimantes 3D et l’augmentation spectaculaire des résolutions d’écran (et du relief), combien de temps faudra-t-il avant que l’on puisse reproduire la Victoire de Samothrace chez soi (bon, mieux vaut prévoir un grand salon…) avec un fichier numérique et quelques projecteurs?

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Don’t Make Me Steal

Lors de la conférence Lift, certains participants ont lancé Don’t Make Me Steal, un manifeste anti-anti-piratage qui est surtout un appel à des alternatives légales pour le téléchargement qui n’implique pas des prix prohibitifs, des heures de pubs impossibles à passer ou des verrous numériques qui emmerdent tout le monde, sauf les pirates.

Ceux que l’anglais rebute peuvent se rabattre sur l’article de MacGénération qui m’a conduit à la page en question.

Autant dire que c’est le genre d’initiative que je soutiens ardemment. Si ça ne tenait qu’à moi, ça ferait un moment que le mètre cube de DVD qui encombrent notre appartement aurait été remplacé par un ou deux disques durs d’un fort beau gabarit. Parce que sans même parler de l’impact écologique du bidule, je vois de moins en moins l’intérêt de payer entre vingt et cinquante balles pour acheter des films qu’on ne regarde en général qu’une fois, et encore pas toujours.

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De la schizophrénie des réseaux sociaux

Social Network Hub

À l’origine, une des révolutions promises par le Web 2.0 et les réseaux sociaux, c’est d’amener la “sagesse des foules” aux médias. Un média traditionnel, c’est bien souvent un axe de communication à sens unique: des élites vers la plèbe (oui, je caricature, mais c’est juste pour donner l’idée); les réseaux sociaux avaient pour idéal de donner la parole au plus grand nombre et de créer des conversation transversales qui, sans exclure complètement les élites, les dépossédaient de leur rôle directeur pour en faire juste une voix parmi d’autres.