Moongarden: A Vulgar Display of Prog

Il faut parfois se méfier des idées reçues: quand on associe “rock progressif” et “Italie”, on pense souvent à ce sous-genre particulier qu’est le rock progressivo italiano (RPI pour les intimes). Moongarden n’en fait pas partie et son dernier album en date (sorti en 2009, mais je ne l’ai trouvé qu’il y a quelques jours), A Vulgar Display of Prog – rien que le titre m’amuse – est bien plus original qu’on pourrait le penser de prime abord.

Et pourtant, après l’écoute de quelques minutes – OK, beaucoup de minutes: c’est du prog, tout de même – , on serait en droit de se dire que, d’accord, ce n’est pas du RPI, mais du néo-prog tout aussi classique. Et paf! déboule un morceau comme “MDMA” et ses éléments électroniques, sa suite à la Tangerine Dream et les parties rap de “Compression” et les certitudes sont chamboulées. Oh oui! j’aime quand tu me chamboules les certitudes!

Bon, il faut être honnête: mis à part une certaine originalité dans le traitement de quelques morceaux et une envie manifeste d’intégrer une poignée d’éléments stylistiques plus modernes dans le rock progressif, la musique de Moongarden est quand même en grande partie du néo-prog classique, avec ses morceaux kilométriques aux ambiances alambiquées et ses mélodies en apparence simples, mais bien travaillées. Ça sonne frais et moderne, mais ce n’est pas non plus de l’expérimental acrobatique.

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Gazpacho: Missa Atropos

Encore un album de Gazpacho ! Ça devient une manie. Rectification : encore un très bon album de Gazpacho que ce Missa Atropos. Si vous n’aviez pas suivi les quelques épisodes précédents, apprenez que Gazpacho est un groupe de rock progressif norvégien, tendance néo-prog, qui rappelle beaucoup les premiers temps de Steve Hogarth avec Marillion.

Laissons de côté le Night at Lorelei précédemment chroniqué, qui était, comme son nom l’indique, un album en concert : ce Missa Atropos est à rapprocher de Tick Tock et pas seulement parce qu’il s’agit d’un concept-album. OK ; aussi : la cohérence des thèmes musicaux dans les deux albums est évidente et le style musical est très proche. C’est peut-être le seul défaut, d’ailleurs.

Cela dit, Missa Atropos est plus sombre, plus mystérieux, ce qui a sans doute à voir avec son thème: une messe pour Atropos “l’implacable”, la plus âgée et la plus inflexible des Moires, déesses grecques du destin. On retrouve fréquemment, en bruit de fond, quelques extraits d’émissions de ces « number stations » qui mystifie tant les conspirationnistes.

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Crystal Palace: Reset

Visiblement, les Allemands de Crystal Palace aiment prendre leur temps: Reset, leur dernier album en date, est le cinquième en seize ans d’existence et vient sept années après leur précédent (si l’on excepte un bidule acoustique sorti il y a à peine quatre ans – une paille!). Bon, en même temps, ce n’est pas un gros problème, ni même une sorte de record (dans cette catégorie, Starcastle va être dur à détrôner).

Par contre, quand on parle d’un groupe qui avait fait une grande partie de sa carrière sur du néo-prog très inspiré de Marillion, ça fait un peu peur. La bonne nouvelle est qu’ils ont su évoluer; la moins bonne, c’est que cette évolution implique principalement de pomper s’inspirer de quelque chose d’un chouïa plus récent, en l’occurrence Porcupine Tree.

Du haut de ses douze minutes, le premier morceau “The Darkest Hour” pose clairement les choses et l’influence porcupinienne. Honnêtement, comme modèle, il y a pire; le seul gros problème est qu’il y a du monde qui tète à cette mamelle et que, dans cet exercice, Crystal Palace ne s’avère pas forcément meilleur que ses concurrents.

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Shakary: Shakary 2006

Il était une fois un groupe de rock progressif suisse qui s’appelait Shakary. Non, pas Shakira: j’ai bien dit rock, progressif et suisse! Jamais entendu parler? Moi non plus, jusqu’à peu. Et pourtant…

Il était une fois un groupe de rock progressif suisse qui s’appelait Clepsydra et qui a produit, entre 1991 et 2002, quatre albums de néo-prog de très haute tenue. Shakary est un projet annexe de trois des musiciens de Clepsydra qui, a la disparition du premier groupe, deviendra un groupe a part entière.

Shakary 2006 est un double CD qui regroupe les deux premiers albums du groupe (Alya et The Last Summer) dans des versions retravaillées et avec des nouvelles parties vocales.

En fait, en écoutant cet album, j’aurais pu me douter de cette filiation: mêmes parties instrumentales en grande partie classiques du genre néo-progressif, avec envolées aux claviers et à la guitare (surtout la guitare, en fait), mêmes parties vocales un ton plus faible et qui plombent un peu l’ensemble.

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Spock’s Beard: X

Comme son nom l’indique, cet album X de Spock’s Beard est le dixième du groupe californien. Ce n’est pas très original, mais, comme le cinquième s’appelait déjà V, il y a une forme de cohérence. Spock’s Beard, qui joue un rock néo-progressif classique, mais très énergique à base de claviers survitaminés, a longtemps été connu pour avoir été le premier groupe de Neal Morse, multi-instrumentiste de génie et chrétien enthousiaste.

À l’écoute de cet album, on sent encore clairement l’influence de cet ancien membre. Un peu comme le silence qui suit un morceau signé Mozart est encore du Mozart, même huit ans après son départ, l’ex-groupe de Neal Morse fait encore du Neal Morse. De façon générale, ça ne me dérange pas trop, d’une part parce que j’aime bien Neal Morse (malgré ses bondieuseries appuyées) et, d’autre part, parce que Spock’s Beard le fait plutôt bien.

En même temps, j’aimerais bien écouter un peu autre chose: Neal Morse fait du Neal Morse, soit; Transatlantic fait du Neal Morse, OK, il est dedans; Spock’s Beard sans Neal Morse pourrait faire l’effort de changer un peu. Ce qui me fait vraiment souci, c’est que, dans cet album, Spock’s Beard n’est jamais aussi bon que quand il fait des compositions à la Neal Morse.

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Gazpacho: A Night at Loreley

Les Norvégiens de Gazpacho viennent de sortir un double album live intitulé A Night at Loreley; comme ils m’avaient favorablement impressionné avec leur dernier album studio Tick Tock, j’ai décidé de passer outre ma réticence et je l’ai acheté.  (En fait de réticence, c’est surtout une tentative pathétique pour contrer ma tendance de jeunesse de me jeter sur tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un album live de mes groupes préférés.)

Les albums en public tiennent beaucoup de l’exercice de style, voire du passage obligé (un peu comme les écrans de jeu pour les jeux de rôle). L’idée est d’avoir une vitrine qui montre le groupe à son meilleur, tant musicalement que scéniquement, et de retransmettre l’énergie d’un concert sous forme uniquement sonore. Autant dire qu’à moins d’avoir de gros moyens, c’est un peu du quitte ou double: que le groupe soit en petite forme ou le public absent ou léthargique et c’est le bouillon!

Dans l’ensemble, A Night at Loreley est un album très honorable. Le fait d’avoir enregistré pendant le festival “Night of the Prog”, qui est un des plus grands raouts européens du genre, est assurément une bonne idée: le public est présent en masse et cela fait sans doute son petit effet sur le groupe, qui livre une prestation presque sans faille, se permettant même quelques arrangements différents sur les morceaux de Tick Tock. Le final et très celtisant “Bravo” est aussi une très bonne surprise.

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Moon Safari: [blomljud]

Cette fois, je ne vais pas vous faire le coup de “Moon Safari est un groupe génial et [blomljud] un excellent album et on ne m’avait rien dit”. Pas parce que ce n’est pas vrai, mais parce que je le savais depuis un petit moment (l’album est sorti en 2008 et un peu tous les critiques de rock prog étaient très enthousiastes; les extraits que j’en avais entendu semblaient le confirmer), mais parce qu’il m’a fallu un petit moment pour mettre la main sur l’album. Également parce qu’il serait bon que je me renouvelle un peu, d’ailleurs.

Je ne vais pas prolonger le suspense très longtemps – d’autant plus que je l’ai déjà dit dans le paragraphe précédent – et affirmer que [blomljud] (“le chant des fleurs” en suédois) est effectivement un excellent album de rock progressif. Moon Safari, avec ses faux airs de clone de Yes, propose en fait une musique qui s’inspire tout autant de la bande à Steve Howe, Jon Anderson et consorts et de ses confrères en progeries dinosauriennes des temps anciens que de groupes plus récents, comme le néo-prog des débuts de Pendragon, IQ ou Marillion. Le mot-clé étant “s’inspire de” et non “repompe éhontément”.

Ne nous leurrons pas non plus: Moon Safari n’est pas le groupe le plus original qu’ait pondu le rock progressif ces dix dernières années et, par moment, les influences que je mentionnais précédemment peuvent se faire fort présentes. Mais, sur l’ensemble de l’album – et [blomljud] ne fait pas moins de cent minutes –  ce ne sont que quelques instants: telle harmonie vocale, tel solo de clavier.

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Quidam: Alone Together

Allez, après la précédente chronique, il est temps de revenir à quelque chose de plus, sinon raisonnable, du moins abordable par le commun des mortels. Cet Alone Together des Polonais de Quidam propose un rock néo-progressif flirtant avec un pop-rock inoffensif, pas franchement décapsulant d’originalité, mais pas désagréable non plus.

Cet album date de 2007, après plus de dix ans d’existence et montre une grande maîtrise et une maturité certaine dans la composition et l’exécution. On remarque notamment la voix de Bartek Kossowicz, dont le timbre serait tout aussi à l’aise avec un orchestre de soul ou pour servir de doublure au Peter Gabriel des récentes années.

Comme mentionné, niveau originalité et folie, ce n’est pas ça. Quidam déroule un rock progressif pour enfants sages, dont le principal défaut est un certain manque d’ambition. C’est bien fait, bien tourné, mais ça manque un peu de souffle – ou est-ce de la retenue? Ça n’empêche pas quelques morceaux particulièrement réussis, comme “There Are There to Remind Us”, notamment son final, ou le pêchu “Of Illusions”.

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Unitopia: Artificial

Si on en croit certaines gazettes spécialisées, Unitopia est la dernière sensation en matière de rock progressif, un nouveau souffle venu d’Australie, de l’original, du beau, du grand et leur nouvel album, Artificial, est là pour le prouver une fois pour toute. Ceux qui perçoivent dans mon propos comme une légère pointe  de sarcasme me connaissent bien: de mon point de vue, Unitopia n’a pas inventé l’eau chaude et parvient tout juste à l’utiliser convenablement pour faire un thé à peu près buvable.

Leur précédent opus, The Garden, avait ramassé une volée de critiques très positives; personnellement, à son écoute, je n’avais ressenti qu’une vague pointe d’ennui à l’écoute d’un rock progressif certes de bonne facture, mais manquant singulièrement d’inspiration et de souffle. Pour un bol d’oxygène, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux.

Grâce à Progressive-Area.com, j’ai pu écouter cet Artificial un peu avant sa sortie européenne officielle et mon impression générale est qu’il est certes un cran au-dessus, mais qu’il n’y a toujours pas de quoi crier au génie (surtout que, quand on crie au génie, on se gèle).

Le souci majeur que j’ai avec Unitopia, c’est que c’est un groupe qui semble puiser son inspiration dans les exemples les plus insipides du néo-prog des années 1980 ou dans The Flower Kings, groupe plus récent mais qui n’a jamais réussi à me convaincre. En plus, le saxophone est un instrument qui me donne vite des boutons et le groupe tend à en abuser; je ne suis pas non plus fan de la voix de Mark Trueack.

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Kaipa: In the Wake of Evolution

Pour un peu, j’aurais pu complètement passer à côté du nouvel album de Kaipa, intitulé In the Wake of Evolution. La faute à une précédente expérience avec ce groupe de rock progressif suédois: l’album Angling Feelings m’avait laissé des sentiments mitigés – entendez par là que je suis longtemps demandé s’il était juste médiocre ou pas bon du tout. Je ne crois pas l’avoir chroniqué à l’époque, ce qui donne une assez bonne idée de mon impression générale.

La morale de cette chronique est qu’il faut toujours laisser une seconde chance aux gens en général et aux groupes de rock progressif en particulier. Surtout s’ils ont signé chez InsideOut, label qui n’a pas exactement pour habitude de produire des bouses. Dans le cas présent, cette seconde chance m’a permis de découvrir un très bon album de rock progressif, à mi-chemin entre le prog classique et le néo-prog, avec des grosses influences classic rock à la Queen.

Il faut dire que les p’tits gars de Kaipa, ce ne sont pas exactement des perdreaux de l’année. Un indice sérieux est apporté par le titre d’une compilation: The Decca Years 1975-1978. Ça pose quelque peu son groupe, une référence de ce calibre! À vrai dire, ça se sent également: si la musique de Kaipa lorgne sérieusement du côté d’un néo-prog festif à la Pendragon mâtiné de Queen, on sent également la grosse influence Yes qui déboule dès le premier morceau de l’album,”In the Wake of Evolution” — comme par hasard au moment où le refrain affirme “We’re getting closer to the edge”… On a connu des clins d’œil moins appuyés.

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Pendragon: Concerto Maximo

Trente ans de Pendragon. Qui, en 1985, l’aurait parié? Certainement pas moi, qui voyait ce groupe comme le petit poucet de la “bande des quatre” (avec Marillion, IQ et Twelfth Night). Concerto Maximo, double CD live enregistré en Pologne en 2008, vient me donner tort. Il y a des fois où je suis content d’avoir tort.

Fish: Thirteenth Star

À force de vous causer de Marillion, passé et présent, j’ai eu envie d’explorer ce qu’avait fait Fish en solo et, du coup, je me suis pris son dernier album studio en date, Thirteenth Star (2007). Je dois avouer que j’ai été surpris — et pas par le fait qu’il ne s’agit ni d’un hommage au Valais ni d’un concept-album autour de la station spatiale Thirteen Stars de l’univers de Tigres Volants.

Alors certes, j’avais pris son premier album solo, Vigil in a Wilderness of Mirrors, qui sonnait plus comme un règlement de compte au sortir de son divorce d’avec Marillion (disons, pour simplifier et éviter les détails sordides, que ça ne s’était pas fait par consentement mutuel). C’était il y a vingt ans et je me demandais avec une pointe d’inquiétude à quoi ressemblait le Fish du XXIe siècle. La réponse est “similaire, mais différent”.

Musicalement parlant, et à peu de choses près, Thirteenth Star aurait très bien pu sortir deux ou trois ans après Vigil…: même écriture à mi-chemin entre le néo-prog de Clutching at Straws et un pop-rock plus plan-plan, mêmes thèmes autobiographiques et contemplatifs, écriture toujours aussi poétique, quoique moins influencée par divers psychotropes.

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Beltane Fire: Different Breed

C’est par un hasard surprenant que le nom de Beltane Fire est remonté dans ma mémoire: dans les années 1986-1988, le magazine français Rock & Folk avait fait un supplément “rock progressif”, qui mentionnait en marge le nom de ce groupe. J’ai cherché longtemps quoi que ce soit qui s’y apparente, sans aucun succès; vingt ans plus tard, j’avais fini par croire que Beltane Fire était une légende urbaine (même Progarchives.com n’en parle pas), une lubie du rédacteur de l’époque ou une faute de frappe.

Et voilà-t-y pas que Ghislain m’envoie un message “dis, tu connais ce truc?”, avec un lien vers un site qui parle de l’unique album du groupe, Different Breed. Madeleine de Proust puissance gogol dans ta face!

Si je me souviens bien, l’article de Rock & Folk mentionnait un rock progressif “étrangement martial” et il est vrai que Different Breed fait un usage de rythmes quasi-militaires, appuyés par des vocaux eux aussi assez martiaux (notamment sur “Fortune Favours the Brave”). Cela dit, la filiation avec le rock progressif est assez ténue: à l’origine, Beltane Fire s’appelait The Blue Cats et faisait du rockabilly; à vrai dire, Different Breed est, aux dires des fans du groupe, un album plutôt atypique, même si on peut retrouver les sources rockabilly dans certains morceaux (“Captain Blood”, par exemple).

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Blind Ego: Numb

Blind Ego: Numb

Blind Ego est le projet “solo” de Kalle Wallner, guitariste de RPWL, et son album Numb est un surprenant mélange d’influences prog et néo-prog. Le plus surprenant est que ce mélange, loin d’être un assemblage douteux de pompages musicaux plus ou moins inspirés, possède une personnalité propre qui est intéressante.

Ceci expliquant sans doute cela, on retrouve sur l’album des noms de musiciens comme John Mitchell (It Bites, Arena et Kino), Paul Wrightson (Arena) et John Jowitt (IQ, Jadis et Arena aussi; tiens tiens…).

Ce n’est du coup pas très étonnant que plusieurs morceaux sonnent comme de l’IQ , avec une touche métal prononcée. On est cependant loin des mélodies rentre-dedans d’Arena; Blind Ego fait plus dans l’introspectif – il y a aussi une influence Porcupine Tree notable, mais je suppose que c’est l’époque qui veut ça.

Numb propose une palanquée de morceaux (onze au total) aux titres monosyllabiques, qui sont à prendre sur la durée: aucun ne sort réellement du lot, mais tous ont au moins un petit quelque choses, une touche de génie plus ou moins claire qui apparait après plusieurs écoutes. Ce n’est pas le grand essorage de neurones, mais plus une balade dans un paysage connu, mais qui révèle quelques surprises bien senties à qui sait faire attention.

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Sylvan: Force of Gravity

Sylvan est un groupe allemand de néo-prog que j’ai découvert il y a quelques temps et pour lequel j’avoue volontiers un petit – OK, un gros – faible. Il y a quelque chose dans leurs compositions qui me rappelle le Marillion des grandes années. Leur dernier album, Force of Gravity, laisse apparaître une volonté d’aller plus loin que leurs habitudes musicales, ce qui n’est pas fait pour me déplaire non plus.

Gazpacho: Tick Tock

Pour une surprise, c’est une excellente surprise que ce Tick Tock des Norvégiens de Gazpacho! Surprise, car leur précédent album, Night, avait été présenté comme un chef d’œuvre par beaucoup de critiques – sauf par moi, qui l’avais trouvé franchement plat. Tick Tock, inspiré par le roman “Terre des Hommes”, de Saint-Exupéry, est à peu près tout sauf ça.

S’il fallait résumer en une phrase la musique de Gazpacho, je dirais que c’est quelque chose comme du Marillion première période Steve Hogarth (genre Holidays in Eden ou Afraid of Sunlight) avec des surprises musicales. Grandes plages instrumentales très atmosphériques, inclusion de violons, chant lancinant (la voix de Jan Henrik Ohme rappelle vraiment beaucoup celle de Steve Hogarth).

C’est clair qu’avec une telle influence, on ne peut pas vraiment dire que l’ensemble est d’une folle originalité, mais Gazpacho sait y faire et, après une intro à la U2, ses compositions s’enchaînent sans faille et sans temps mort, tissant une ambiance particulière et ma foi fort plaisante. En fait, on peut presque détacher le premier et le dernier morceau et ne garder que les deux parties de “The Walk” et les trois de “Tick Tock” comme un seul morceau de plus de 35 minutes.

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VIII Strada: La Leggenda della Grande Porta

Amis musiciens de rock progressif, tendance néo-prog, je ne vous souhaite qu’une chose: que votre premier album sonne aussi bien que ce La Leggenda della Grande Porta, de VIII Strada! Certes, dans le cas de ce groupe italien, il y a un truc: ça fait dix ans qu’ils existent et ont déjà un EP à diffusion confidentielle à leur actif.

Coup d’essai, coup de maître? Sans doute: cet album, qui affiche des fortes influences IQ et Marillion, est une splendide carte de visite. Dans le genre, on y retrouve toutes les recettes d’un prog d’excellent facture: une instrumentation sans faille qui flirtent parfois avec le prog-métal, des mélodies ciselées et complexes juste ce qu’il faut, et un excellent chanteur (Tito Vizzuso), passionné et énergique.

Ce n’est certes pas d’une folle originalité, mais quel groupe de néo-prog peut prétendre l’être? Pour ma part, j’avoue être tombé sous le charme de cet album, chaudement recommandé également dans le Prog-résiste 57. Même les vocaux chantés en italien, qui en tant normal m’enthousiasment autant qu’un album d’Eros Ramazzotti, s’accommodent fort bien de l’atmosphère dégagé par VIII Strada.

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Transatlantic: The Whirlwind

Une des glorieuses habitudes du rock progressif, c’est l’échangisme musical et la création de “supergroupes” qui en résulte. C’est mieux que de maladies, même si le résultat n’est pas toujours souhaitable. Il y a une trentaine d’année, UK ou Asia tenaient le haut du pavé; aujourd’hui, on parle plus volontiers de Transatlantic, dont le nouvel album, The Whirlwind, vient de sortir après presque dix ans d’attente.

En matière de pointures, c’est du lourd: Neal Morse (Spock’s Beard, Neal Morse Band), Mike Portnoy (Dream Theater et un million de side-projects), Pete Trewavas (Marillion) et Roine Stolt (The Flower Kings, The Tangent). Le style est un néo-prog symphonique très enlevé, clairement marqué par la patte de Neal Morse, qui assure les voix avec Roine Stolt.

Le gros défaut des supergroupes, à mon avis, c’est que l’exercice tient pour une bonne part de la bande de copains qui s’amusent et, dans les mauvais jours, du plan marketing (même si, au niveau “devenir riche”, le rock progressif a beaucoup de points communs avec le jeu de rôle). Dans le cas de Transatlantic, c’est clairement la première option qui prime, ce qui est en un sens heureux. Cela dit, avec The Whirlwind, on a un peu l’impression d’assister à une jam-session entre potes qui se connaissent depuis des lustres et qui, tout à leurs ébats musicaux, oublient le public.

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Nemo: Barbares

La France a, de tous temps, produit des groupes de rock progressif de haute volée: Ange, bien sûr, mais aussi Arrakeen ou Lazuli, pour ne citer que quelques noms. J’aurais aimé pouvoir dire que Nemo fait partie de ceux-ci, mais, sur la base de leur dernier album, Barbares, j’ai un peu du mal.

En fait, je crois qu’il a fallu un album de rock progressif pour que je comprenne ce qui m’agace dans la chanson française: le chant. Je ne sais pas ce qu’ont la plupart des chanteurs français, mais leur façon de chanter m’horripile. Je soupçonne que le fait que ce soit précisément en français a un effet aggravant.

Dans le cas présent, Barbares serait un album de néo-prog tout à fait décent s’il n’était desservi par une voix que je trouve particulièrement banale et poussive. Une des caractéristiques du néo-prog est une certaine énergie (propre à propulser le groupe dans le top-50 des variétés, disent les mauvaises langues qui pensent que passer du prog à la radio, c’est de la confiture à des cochons), qui est ici en grande partie absente.

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IQ: Frequency

Ce qu’il y a de bien avec les nouveaux albums d’un groupe comme IQ, tel le Frequency qui vient de sortir ces jours, c’est qu’on est rarement surpris: c’est du néo-progressif “à la IQ”, ni plus, ni moins.

Ce qu’il y a de moins bien, c’est qu’on est rarement surpris: c’est du néo-progressif “à la IQ”, ni plus, ni moins.

Comment ça, c’est un effet facile?

Certes, IQ fait du IQ depuis maintenant plus de vingt ans, avec des albums plus ou moins réussis selon les cuvées. Au moins, depuis le temps, ils le font bien: c’est donc du rock progressif tendance néo-prog bien carré, avec des mélodies finement travaillées et un son quasiment inimitable, entre la voix de Pete Nicholls et la guitare de Michael Holmes; seul manque à l’appel Martin Orford, dont l’album solo The Old Road précédemment chroniqué ici a été en quelque sorte le chant du cygne.

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