Office for Strategic Influence: Fire Make Thunder

Lorsque j’entends parler d’un nouvel album de Office for Strategic Influence (OSI pour les intimes), j’espère toujours tomber sur le digne successeur du glauquissime Dead Air for Radios de Chroma Key. Bon, ce ne sera pas pour cette fois-ci, mais ce Fire Make Thunder, sans être du même niveau que le précédent, Blood, a tout de même ses bons moments et, surtout, essaye de sortir – un peu – de sa routine.

OSI fait une musique qui s’apparente à du métal progressif, mais qui emprunte assez largement à d’autres styles, comme le prog mélancolique plus traditionnel, le post-rock ou même l’électro. D’ailleurs, on a Jim Matheos (Fates Warning) à la guitare pour le prog-métal, Gavin Harrisson (Porcupine Tree) à la batterie pour le prog mélancolique et Kevin Moore pour tout le reste. Cela donne des ambiances lourdes, souvent malsaines ou désabusées, que je pourrais traduire par de la désinvolture face à la fin du monde.

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Dumbsaint: Something That You Feel Will Find Its Own Form

Soyons réaliste: le post-rock n’est pas un genre musical connu pour sa variété ni sa grande originalité. Pourtant, à cette aune, ce premier album de Dumbsaint, intitulé (dans un style d’ailleurs très post-rock) Something That You Feel Will Find Its Own Form et disponible sur Bandcamp pour un prix très raisonnable, est plutôt réussi.

Le trio australien, signé sur le même label que Sleepmakeswaves et Pirate (Bird’s Robe Collective), propose une musique en grande partie instrumentale, complexe et dotée d’une solide section rythmique qui rappelle un peu le Maserati de Inventions for a New Season, avec juste le soupçon d’inventivité musicale qui arrive à le démarquer de ses principaux collègues de genre.

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Junius: Reports from the Threshold of Death

La réflexion de vieukon du jour est: on n’invente plus, on recycle et les gens oublient. Bon, c’est un peu méchant, mais à l’écoute de Reports from the Threshold of Death, dernier album en date du groupe américain Junius, je ne peux que me gausser de ceux qui y voient un digne représentant du post-rock, là où moi j’entends une influence massive du Killing Joke des années 1980.

Soyons clair: en soi, ce n’est pas un mal, ce d’autant plus que le son est très moderne; quelque part, je comprends ceux qui le comparent à des groupes de post-rock (même si la comparaison avec Alcest que j’ai lue chez un chroniqueur me paraît un peu osée). On a le côté “mur de son” des guitares massivement saturées et les mélodies de claviers atmosphériques.

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Les Discrets: Ariettes oubliées

Dans la série des théories fumeuses de tonton Alias, je vais finir par croire qu’Alcest et Les Discrets ne sont qu’une seule et même entité. C’est la conclusion à laquelle je tends après l’écoute de Ariettes oubliées, le nouvel album des seconds, qui paraît à peine trois mois après celui du premier et ce dans un style très comparable. Le fait qu’il s’agisse de deux groupes français qui ont déjà fait plusieurs projets en commun ne fait que renforcer mes soupçons.

De noirs soupçons, bien entendu: Les Discrets donne dans un style musical qui est parfois appelé “post black métal” et qui ressemble à un croisement éthéré entre post-rock et black métal mélodique; du second, on garde les guitares plombées et les thèmes crépusculaires, tandis que le premier amène dans la corbeille de mariage encore plus de guitares plombées, mais avec un fond très atmosphérique.

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Crippled Black Phoenix: (Mankind) The Crafty Ape

J’ai un disquaire, à La Citadelle, qui est souvent de bon conseil. Il connaît mon goût pour les bizarreries prog et post-rock, et, de temps en temps, il me propose des OVNI comme ce (Mankind) The Crafty Ape signé du groupe anglais Crippled Black Phoenix. Parfois, ça me plaît, mais dans le cas présent, ça me laisse surtout dubitatif.

Crippled Black Phoenix, c’est un peu comme si Pink Floyd s’était réincarné dans un groupe de post-rock, tendance stoner qui mord. Déjà, à la base, c’est plus un projet commun de plusieurs musiciens de la scène post-rock et psychédélique britannique et, si j’en crois leur biographie wikipédienne, c’est du concept abscons avec beaucoup de drogues, genre “ballades pour la fin des temps”.

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Flyingdeadman : the forgotten t(h)ree

Les post-rockers de flyingdeadman, dont je vous avais déjà parlé précédemment (mais en les cataloguant belges alors qu’ils semblent français), reviennent avec the forgotten t(h)ree, un nouvel album – techniquement un EP, mais avec quarante-cinq minutes, ne chipotons pas – qu’ils ont eu la gentillesse de me signaler et qui partage pas mal de points communs avec d’autres groupes du même genre, notamment une haine tenace de la capitalisation.

De façon moins anecdotique, le post-rock instrumental de flyingdeadman est somme toute très classique, fait d’une grosse dose de textures guitaristiques, sur la base d’une rythmique solide, le tout souligné par quelques touches de claviers. Cela donne au final une musique qui oscille entre presque-ténèbres et une lumière diffuse, une ambiance crépusculaire et mélancolique.

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Sleepmakeswaves

Il y a deux catégories de post-rock: le sombre et le lumineux. La musique des Australiens de sleepmakeswaves fait partie des deux. Bon, c’est très simplifié et donc très faux, mais c’est un peu l’idée quand même: la musique de ce groupe emprunte autant aux ambiances de friche industrielle un peu avant (ou un peu après) la fin du monde qu’aux paysages interstellaires et aux couchers de soleil dans le désert de Mojave.

Dans un style pur post-rock, fait d’une incroyable densité de textures, sleepmakeswaves s’inspire en grande partie de God Is An Astronaut, avec un aspect plus classique – et le même amour des titres kilométriques, qui tiennent lieu de parole à des morceaux autrement instrumentaux, ainsi que la même haine des majuscules, qu’un groupe comme Red Sparrowes.

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Alcest: Les voyages de l’âme

Il va falloir encore se creuser les méninges pour trouver comment qualifier la musique du groupe français Alcest pour son nouvel album, Les voyages de l’âme: anti-black métal, post-black métal, shoegaze onirique? En ce qui me concerne, “brillant” vient à l’esprit – et pas seulement pour le jeu de mot avec le morceau “Beings of Light”.

Sérieusement, autant le précédent, Écailles de lune, m’avait un chouïa déçu, autant celui-ci est à placer pas loin du fabuleux Souvenirs d’un autre monde. On y retrouve bien plus clairement cette ambiance faite de riffs et de quelques hurlements pur black-metal, de folk onirique et de post-rock, une musique à la fois lourde et légère, en suspension comme une brume lourde où on devine des formes tantôt merveilleuses, tantôt terrifiantes.

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An Autumn for Crippled Children: Everything

Voici un bien bel album de saison, fait de choses mortes ou mourantes, de paysages gris et de dépression chronique: Everything, de An Autumn for Crippled Children. Ce n’est plus un nom de groupe, c’est une profession de foi!

Ce groupe néerlandais joue clairement dans la cour des grands du post-métal, tendance black, avec une musique en grande partie instrumentale, qui rappelle celle d’Alcest ou de Les Discrets: ambiances mélancoliques alternant avec des passagages rageurs, voix éthérées ou hurlantes, le tout dans une atmosphère brumeuse et hivernale.

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Mastodon: The Hunter

Encore un qui était attendu au tournant: The Hunter, nouvel album du quatuor américain Mastodon, allait-il se hisser à la hauteur de son glorieux prédécesseur Crack the Skye, renouer avec la brutalité bruitiste de Blood Mountain ou s’inspirer du semi-calamiteux Live at the Aragon?

La réponse est quelque part entre les trois, mais plus proche d’un Crack the Skye adouci, “vintagisé”. Si le métal teinté de post-rock et de rock progressif est toujours aussi présent, il s’enrichit d’une couche d’inspiration rock psychédélique qui rappelle un peu les groupes de hard-rock des années 1970.

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The Ocean: Heliocentric / Anthropocentric

Voilà ce que c’est de trop fréquenter les bars à métaleux comme La Citadelle: on se fait refiler des bizarreries comme le double concept Heliocentric / Anthropocentric du groupe berlino-chauxdefonnier de post-métal expérimental The Ocean. Oui, je sais: vous allez finir par croire que j’invente.

Mais The Ocean est bien réel et ces deux albums, sortis en 2010, sont non seulement de bien beaux objets, avec chacun une pochette-astrolabe, mais également un concentré d’influences diverses alimentant un post-métal rappelant Isis au service d’une critique en règle du dogme catholique, qui s’inspire d’éléments aussi épars que la Bible, Richard Dawkins, Rimbaud et Dostoievski.

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This Will Destroy You: Tunnel Blanket

Et c’est le groupe de post-rock This Will Destroy You qui gagne le “ou pas” du jour! Parce que franchement, leur dernier album Tunnel Blanket ne tue pas grand-chose. Oh, ce n’est pas qu’il est mauvais: dans son genre, à base d’ambiances plomblées, de morceaux instrumentaux lents et de saturation en pagaille, il est même plutôt bien. C’est juste que, quand un groupe – surtout texan – a un nom pareil, je m’attends à quelque chose de plus immédiatement brutal.

Si on prend comme exemple “Little Smoke”, premier des huit morceaux de l’album, on est bien en peine de trouver quelque incitation à remuer quoi que ce soit: début presque imperceptible, montée en puissance sur près de la moitié des douze minutes et final où on ne sait plus si c’est de la guitare saturée ou du hurlement. La destruction est là, mais elle se fait à petit feu. Le suivant, “Glass Realms” est encore plus zen, composé uniquement de plages planantes sur près de sept minutes.

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Anekdoten: A Time of Day

Il n’est jamais trop tard pour découvrir les références d’un genre qu’on croyait pourtant connaître par cœur: Anekdoten, groupe de rock progressif suédois actif entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, est considéré comme tel et pourtant, A Time of Day, qui date de 2007 et est leur dernier album en date, est le premier que je m’hasarde à écouter (sur la recommandation de Sabat ici-même).

Si les critiques le décrivent comme un groupe fortement inspiré par le prog des années 1970 et notamment King Crimson, mais avec une interprétation nettement plus moderne, je ne peux pas m’empêcher d’y trouver des accents à la Porcupine Tree et même post-rock (dans le court instrumental “Every Step I Take”), à tel point que je me demande si je ne tiens pas là le chaînon manquant entre prog et post, qui expliquerait que ces deux genres musicaux pourtant assez différents se retrouvent aussi proches.

De façon générale, la musique d’Anekdoten est un rock progressif plutôt plombé, aux ambiances sombres parcourues de nappes du fameux Mellotron, instrument fétiche des fans de prog (et cauchemar des musiciens, si on en croit les témoignages recueillis dans le dossier du numéro 63 de Prog-résiste). Tout cela est plutôt bien foutu, avec un mélange d’ancien et de moderne dont devrait s’inspirer beaucoup plus de groupes contemporains du courant rétroprogressif. Seuls les vocaux, par moment tellement désaccordés que je me demande si ce n’est pas fait exprès, sont agaçants.

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Tides From Nebula: Earthshine

Pour ceux qui doutaient encore que la Pologne est en train de devenir une grande nation du prog, du métal et de musiques assimilées (= que j’écoute), je vous présente Earthshine, dernier album en date de Tides From Nebula.

Bon, question originalité, on est loin de Riverside ou d’Indukti et ce joyeux quatuor en -ski nous sert un post-rock instrumental à la forte inspiration God Is An Astronaut: des morceaux plutôt lents et longs, des ambiances stellaires qui accompagneraient parfaitement des images du télescope Hubble ou des voyages en train le long du Transsibérien.

Cela dit, en amateur du genre, je ne me plains pas; OK, pas beaucoup, en tous cas. La musique de Tides From Nebula possède toutes les qualités de son glorieux modèle irlandais et, si on peut légitimement lui reprocher un manque certain d’originalité (ainsi qu’un léger manque de nefs), l’exécution est irréprochable. “The Fall of Leviathan”, écoutable sur le lien MySpace ci-dessus, est un morceau de très haute tenue.

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Altar of Plagues: Mammal

La saison étant au post-black metal, je ne résiste pas à l’envie de vous en remettre une couche – juste avant de partir pour la Lorelei – avec Mammal, le dernier album d’Altar of Plagues. Je vous avais déjà parlé de ce groupe irlandais avec leur précédent opus, White Tomb, Mammal remet ça dans le domaine de la bande-son torturée pour fin de civilisation en gommant certains des gros défauts, mais en en rajoutant d’autres.

Posons déjà les choses: Mammal, c’est en tout et pour tout quatre morceaux. Alors certes, ça fait en tout cinquante minutes et ça commence par un “Neptune Is Dead” de plus de dix-huit minutes, juste histoire de dire. Un instant, on craint que les choses repartent comme précédemment, mais les vocaux horripilants de White Tomb se font moins pressants, plus maîtrisés peut-être – ou alors c’est moi qui m’habitue.

Si le suivant, “Feather and Bones” est pour moi le meilleur morceau de l’album, j’ai beaucoup plus de mal avec les sonorités ethno-tribales (qui s’avère être un chant funèbre irlandais) de “When the Sun Drowns in the Ocean”, qui heureusement est le morceau le plus court de Mammal (huit minutes, quand même). “All Life Converges To Some Center” conclut l’album dans un style plus en ligne avec les deux premiers morceaux.

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Fen: Epoch

C’est l’été, le soleil, la chaleur, les longues journées; l’époque idéale pour écouter du post-black métal. Euh, non, peut-être pas, en fait, mais ce n’est pas ça qui va m’empêcher de vous parler d’Epoch, dernier album de Fen – si l’on excepte le “split” avec De Arma dont je vous avais parlé précédemment.

Le post-black métal est un genre somme toute assez récent, qui a atteint une certaine popularité avec des groupes comme Alcest ou Altar of Plagues; c’est du black métal, mais intégré dans le creuset du post-rock ou post-métal, avec des compositions souvent longues, complexes, faites de mélodies mélancholiques sur fond d’un mur de guitares ultra-saturées et surlignés par des nappes claviers ou des violons.

Donc, Fen, c’est ça: huit morceaux entre six minutes et dix minutes, des ambiances tantôt planantes, tantôt plombées, le plus souvent les deux, des hurlements typiques de black métaleux et des moments de grâce comme autant de rayons de soleils fugaces au milieu d’une tempête de fin du monde. La musique de Fen s’apparente souvent à une sorte de maelström de chaos primordial, mais il ne faut pas s’y tromper: elle obéit à ses propres lois et porte en elle sa propre beauté – parfois un peu malsaine, mais baste!

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Barði Jóhannsson: Selected Film and Theater Works

Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, mais Selected Film and Theater Works de Barði Jóhannsson est arrivé plus ou moins tout chaud dans ma boîte à emails cette semaine (modulo les balises d’identification des MP3, qui étaient aux fraises). Ça surprend, mais ça fait toujours plaisir – ce d’autant plus que le service presse avait fait son boulot et jeté un peu plus qu’un rapide coup d’œil à mon blog.

Du coup, la musique du ci-devant Barði Jóhannsson, citoyen islandais m’est plutôt agréable, ce qui – je rassure mes fans (les deux qui reste) – est la raison qui motive cette brève chronique et non un quelconque intéressement financier (le contact de la maison de disque n’ayant même pas fait usage du bouton Flattr, c’est dire!).

Donc, Barði Jóhannsson. L’album est, comme son nom l’indique, une compilation qui propose pas moins de dix-huit morceaux extraits de ses musiques pour films, documentaires, pièces de théâtre – principalement les pièces de théâtre Museum of the Sea et Hedda Gabbler, qui forment plus de la moitié de l’album. Ce sont des compositions instrumentales calmes, souvent minimalistes, interprétées principalement au piano et violon (et rarement plus); elles sont plutôt courtes: aucune ne dépasse les cinq minutes et c’est plutôt entre une et deux.

Je ne connais pas la plupart des films mentionnés ici, mais j’ai dans l’idée que ce ne sont pas des thrillers d’action signés Michael Bay; l’exception est Häxan, mais d’une part il s’agit d’un film de 1922 et, d’autre part, la version que j’ai vue devait avoir la musique de Daniel Humair. Pour rester dans les comparaisons islandaises, on est carrément plus proche de Sigur Rós que du “Army of Me” de Björk. Ou de certains vieux albums de Mike Oldfield (mais c’est moins islandais).

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