Citizen Cain: Skies Darken

Il y a le bon rétro-progressif et le mauvais rétro-progressif. Le mauvais rétro-progressif, il fait rien qu’à copier les vieux groupes de années fastes du prog: Yes, Genesis, Pink Floyd, etc. Le bon rétro-progressif, il fait pareil, mais c’est bon. Tout ceci pour vous dire que Skies Darken, dernier album en date du groupe écossais Citizen Cain, entre plutôt dans la seconde catégorie.

Citizen Cain fait partie de ces groupes qui, visiblement, ont derrière eux une carrière kilométrique (genre vingt ans depuis le premier album, trente si on compte leurs débuts effectifs) et dont je n’entends parler que maintenant, au hasard de critiques dithyrambiques, notamment sur Prograchives. Du coup, je suis assez mal placé pour comparer avec leur production passée, mais ce que je puis dire, c’est que si elle est à l’image de cet album, c’est du lourd!

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It Bites: Map of the Past

J’avoue volontiers une petite faiblesse pour It Bites, groupe britannique qui, en son temps, savait faire un néo-prog très pop et pourtant irrésistible. Map of the Past, leur nouvel album, ressemble à une tentative pour “rentrer dans le rang” avec une approche plus classique du rock progressif, à commencer par sa forme: un concept-album.

Du coup, je suis un peu embêté: à force de déclarer à tout bout de champ ma fatigue par rapport à ces groupes qui n’évoluent jamais, voici que je tombe sur un qui essaye autre chose et je me retrouve à préférer ce qu’ils faisaient avant. Bon, en même temps, le “autre chose” ressemble quand même beaucoup à du Genesis.

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Distorted Harmony: Utopia

Regardez à l’Est! Ça fait un moment que je le dis et je le répète à l’occasion de la sortie de Utopia, premier album du groupe israélien Distorted Harmony: les choses les plus originales que j’ai pu écouter en métal et en prog ces dernières années viennent de l’Est (bon, à part le Japon – et encore).

Ce quintet nous propose une musique qu’ils qualifient eux-même de “métal néo-progressif” et il est assez évident, à l’écoute, de comprendre pourquoi: la musique de Distorted Harmony croise à la limite des eaux territoriales entre le métal progressif “traditionnel” et le rock progressif contemporain, au point qu’il est assez difficile de dire s’il s’agit d’un groupe de prog qui fait du métal ou le contraire. 

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Overhead: And We’re Not Here After All

“Quand les hommes de cent trente kilos disent certaines choses, ceux de soixante les écoutent”, faisait dire Michel Audiard à un de ses personnages. De même, quand un chroniqueur de Prog-résiste (connu sous le nom d’Acritarche) dit quelque chose, comme le fait qu’Overhead est un très bon groupe de néo-prog finlandais, le fan l’écoute et achète le premier album qui lui tombe sous l’iTunes, à savoir And We’re Not Here After All.

Donc, je l’ai écouté, j’ai acheté, j’ai écouté et j’approuve son enthousiasme, jusqu’à un certain point. Certes, Overhead est sans aucun doute un très bon groupe de rock progressif, avec un néo-prog qui rappelle très fort celui de Sylvan, en tous cas sur ce And We’re Not Here After All. Une voix peut-être un peu moins travaillée, mais des guitares et des claviers très affûtés pour une interprétation moderne du genre.

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Storm Corrosion

Alors, en achetant ce Storm Corrosion, album éponyme fruit de la collaboration entre Steven Wilson (Porcupine Tree et un million d’autres projets) et Mikael Åkerfeldt (Opeth), vous vous attendiez à du gros métal qui râpe et qui pète, hein? Naïfs que vous êtes! Pour reprendre une tournure de phrase que j’avais déjà utilisé précédemment, il y a dans cet album considérablement plus de corrosion que de storm.

Bon, moi je me méfiais. Parce que le père Wilson, il a beau faire des choses sympas quand il veut, c’est aussi un spécialiste des albums nombrilo-contemplatifs – parfaits pour la méditation transcendantale, mais un peu léger pour le remuage de cheveux. Pour vous dire, cet album est tellement calme que le dernier album solo dudit Wilson ressemble à du Sonata Arctica sous amphétamines, à côté.

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Naheulband: T’as pas le niveau!

Avant que je ne vous parle de T’as pas le niveau!, le nouveau cédé du Naheulband, je dois à l’honnêteté intellectuelle de mentionner que je connais bien Ghislain le Voleur (qui commente d’ailleurs assez souvent ici même) et que j’ai même la faiblesse de croire que c’est un ami. Du coup, ne comptez pas trop sur moi pour jouer les rabat-joie.

Donc, critique 100% subjective: ce disque est génial! Bon, faut aimer le style, parce qu’il faut dire ce qui est, le folk débile pour rôliste, c’est quand même un peu du marché de niche (même si je suppose qu’ils vendent plus d’albums que bon nombre de groupes de prog que je connais).

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Anathema: Weather Systems

Chat échaudé craint l’eau froide, dit-on et, du coup, ce n’est pas sans une certaine appréhension que j’ai posé sur la platine (virtuelle) Weather Systems, le nouvel album d’Anathema, après le piteux Hindsight et malgré les plutôt bons We’re here because we’re here et Falling Deeper. Un album sinon concept, du moins avec un thème météorologique prononcé. Ce qui est assez bienvenu pour un groupe de rock atmosphérique…

Disons d’abord que ceux qui espéraient un retour du groupe à ses racines doom peuvent continuer à rêver: ce ne sera pas pour cet album, qui est clairement dans la lignée de We’re here… avec rock progressif à grandes envolées électro-acoustiques atmosphériques et lourdes à la fois, avec quelques orchestrations pour accompagner sur les neuf morceaux et cinquante-six minutes de l’album.

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Astra: The Black Chord

Il y a des albums qu’on attend avec impatience et qui déçoivent et, à l’opposé, des que l’on achète par habitude ou inertie et qui vous sautent à la gueule. The Black Chord, du groupe américain Astra, fait partie de la seconde catégorie.

À l’époque de la sortie de leur premier album, The Weirding, j’avais eu une réaction contrastée: beaucoup d’énergie, peu d’originalité, pour un clone de Yes sympathique, mais sans plus. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’Astra a, depuis, fait des prodigieux efforts d’imagination, mais ce nouvel album, qui pioche plus du côté du rock psychédélique à la Pink Floyd ou Hawkwind (voire King Crimson ou ELP), est bien plus convaincant.

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Office for Strategic Influence: Fire Make Thunder

Lorsque j’entends parler d’un nouvel album de Office for Strategic Influence (OSI pour les intimes), j’espère toujours tomber sur le digne successeur du glauquissime Dead Air for Radios de Chroma Key. Bon, ce ne sera pas pour cette fois-ci, mais ce Fire Make Thunder, sans être du même niveau que le précédent, Blood, a tout de même ses bons moments et, surtout, essaye de sortir – un peu – de sa routine.

OSI fait une musique qui s’apparente à du métal progressif, mais qui emprunte assez largement à d’autres styles, comme le prog mélancolique plus traditionnel, le post-rock ou même l’électro. D’ailleurs, on a Jim Matheos (Fates Warning) à la guitare pour le prog-métal, Gavin Harrisson (Porcupine Tree) à la batterie pour le prog mélancolique et Kevin Moore pour tout le reste. Cela donne des ambiances lourdes, souvent malsaines ou désabusées, que je pourrais traduire par de la désinvolture face à la fin du monde.

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Paul Cusick: P’Dice

Nous ne sommes pas des gens fréquentables: non seulement, comme je l’avais déjà expliqué, nous sommes tous des hypocrites, mais nous avons également tous des préjudices. Plutôt que de gloser sur le sujet, je vous invite plutôt à écouter P’Dice, le nouvel album de Paul Cusick, qui le fait mieux que moi – ne serait-ce parce que c’est sous la forme de rock progressif.

Je vous avais déjà parlé de Paul Cusick pour son premier album, Focal Point. Ingénieur civil indépendant de profession et musicien à ses heures perdues, il a décidé, après le succès (mérité) de Focal Point, de se lancer dans la carrière musicale à plein temps, ce qui est d’autant plus louable qu’il a une approche complètement indépendante, proposant directement ses albums en téléchargement.

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Dure-Mère: Sangre

J’ai reçu récemment le courrier d’un lecteur, me disant en substance qu’il aimait beaucoup ce que je faisais et qu’il aimerait porter mes enfants (j’extrapole un peu, mais c’est pour le style) si je parlais de son groupe, Dure-Mère. Je suis donc parti sur son site télécharger les cinq morceaux – enfin, les quatre dont le téléchargement fonctionne – de l’album Sangre, qui y sont disponibles gratuitement sous licence Creative Commons, que j’ai ensuite écouté religieusement (vu que j’étais au bureau).

Hmm, comment dire? C’est spécial. Déjà, le coup du bandonéon dans le rock progressif, on ne me l’avait jamais fait! Un chroniqueur de ProgArchives parle de “La vie en rose revu par des français fous en mer” et c’est pas loin de la vérité. Le terme “tango progressif” apparaît également ici et là, ce qui est beaucoup plus proche de la vérité.

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Of The I: Balance Instars

Parfois, on découvre des albums et des groupes – comme ce Balance Instars des Anglais de Of The I – dont on se dit “hmm, c’est pas mal, je me demande ce que valent leurs albums plus récents”. Et là, on découvre qu’il n’y en a pas. C’est un peu déprimant, même si ce n’est pas surprenant.

Of The I, donc. Groupe londonien à la musique inspirée par le rock et le métal progressif, mais également la musique électronique, l’ambiante et le rock alternatif. Balance Instars, datant de 2008, est leur seul vrai album (il existe également un EP antérieur, Demo-noid, qui inclut quatre des morceaux de Balance Instars). On pense immanquablement à Porcupine Tree, mais également à Naïve.

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Pirate: Left of Mind

Pour faire dans l’humour facile, je pourrais dire que c’est parce que Pirate est un groupe australien que leur nouvel album Left of Mind nous met la tête à l’envers. Hormis les blagues dont même l’Almanach Vermot 1938 n’aurait pas voulu, il faut dire ce qui est: le rock progressif de Pirate est certes original, il n’est pas exactement facile d’accès.

Encore que “original” ne soit pas exactement le bon terme; disons plutôt qu’il fourmille de références plus ou moins assumées et, surtout, mélangées et télescopées à un point tel qu’on frise parfois l’indigestion: King Crimson, Van der Graaf Generator, math-rock, post-rock, tout change et tout s’enchaîne à grande vitesse sur les huit morceaux courts (l’album fait à peine trente-deux minutes) de Left of Mind.

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Eye 2 Eye: After All…

Je dissertais récemment sur comment trouver du bon rock progressif via sites et revues; ça ne fonctionne pas à tous les coups. Témoin ce After All… signé en 2009 par le groupe français de néo-prog Eye 2 Eye, encensé par la critique en son temps et qui traînait dans mon chariot Amazon depuis tout ce temps. À l’écoute, j’ai l’impression qu’on n’a pas acheté le même album; en fait, je me demande même pourquoi je l’ai acheté. Chez moi, c’est rare.

En fait, le gros défaut de cet album, c’est que j’ai l’impression d’y entendre un groupe de néo-prog débutant des années 1980, essayant laborieusement d’arriver au niveau de ses modèles de l’époque: Marillion ou Pendragon. La plupart de ces groupes avaient un peu tous le même défaut: un chanteur (au mieux) pas au top.

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Crippled Black Phoenix: (Mankind) The Crafty Ape

J’ai un disquaire, à La Citadelle, qui est souvent de bon conseil. Il connaît mon goût pour les bizarreries prog et post-rock, et, de temps en temps, il me propose des OVNI comme ce (Mankind) The Crafty Ape signé du groupe anglais Crippled Black Phoenix. Parfois, ça me plaît, mais dans le cas présent, ça me laisse surtout dubitatif.

Crippled Black Phoenix, c’est un peu comme si Pink Floyd s’était réincarné dans un groupe de post-rock, tendance stoner qui mord. Déjà, à la base, c’est plus un projet commun de plusieurs musiciens de la scène post-rock et psychédélique britannique et, si j’en crois leur biographie wikipédienne, c’est du concept abscons avec beaucoup de drogues, genre “ballades pour la fin des temps”.

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Platurno: Insano

Vous aimez King Crimson? Vous allez aimer Insano, le nouvel album du groupe chilien Platurno. Sinon, euh… disons que ça va être brutal. Parce que King Crimson, dans la galaxie rock progressif, ce n’est pas exactement l’étoile la plus facile d’accès: il y a des champs d’astéroïdes taquins (et probablement minés), des singularités quantiques, des formes d’énergie inconnues et des autochtones pas forcément très amicaux.  Pas hostiles, hein? Juste pas super-accessibles.

Mais ce n’est pas un problème pour les petits gars de Platurno, ils connaissent bien le coin. Et puis ils sont à peu près aussi bizarres que ces mêmes autochtones. Parce qu’en plus de ne pas chercher la facilité dans le mode rétro-progressif, Platurno est un trio dont la particularité est de ne pas avoir de bassiste: les lignes de basse sont jouées au clavier. Je vous rassure tout de suite: à mes oreilles modérément éduquées, ça ne s’entend pas.

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Anima Morte: The Nightmare Becomes Reality

Si je vous parle aujourd’hui d’Anima Morte et de son album The Nightmare Becomes Reality, c’est en partie parce que la Confrèrie secrète du rock progressif m’a adressé un avertissement: à force de parler de jeux de rôle et de bouquins, je risque de perdre ma carte de prog-head et, du coup, n’être plus réduit qu’à chroniquer du Justin Bieber. Franchement, personne n’a mérité ça. Même Justin Bieber.

En partie seulement, parce qu’il s’agit d’un très bon album de rock progressif instrumental, même s’il y a un peu tromperie sur la marchandise. En effet, et comme vous pouvez le juger sur la pochette, tout est fait pour suggérer une ambiance façon musique de film d’horreur italien de la “grande époque” Dario Argento et consors. La musique, cependant et quoi qu’excellente, n’a qu’un rapport assez ténu avec une bande originale. Et en fait d’Italie, le quatuor derrière Anima Morte est suédois.

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Greylevel: Hypostatic Union

J’entends déjà ceux (= celui) qui se gausse des noms abscons si communs dans le rock progressif ricaner de ce Hypostatic Union, signé des Canadiens de Greylevel. C’est de bonne guerre, surtout quand l’album est de qualité, ce qui est le cas.

La musique de Greylevel est un mélange étrange entre le rock progressif mélancolique contemporain de Porcupine Tree, des attaques de guitares assez lourdes (j’y trouve des traces de Naïve, mais je fais peut-être une fixation) et, par-dessus tout cela, des nappes de claviers aux sonorités me rappelant beaucoup ce qui se faisait dans le prog semi-obscur des années 1980 (voire dans le rock électronique de Tangerine Dream ou de Klaus Schulze). 

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Discipline: To Shatter All Accord

Je me méfie des critiques dithyrambiques; vous devriez aussi, d’ailleurs, y compris des miennes. Dans le cas présent, celle de To Shatter All Accord du groupe anglais Discipline (et non allemand, bande de petits rigolos), parue récemment sur Progressive Area – site que j’aime d’autant plus que j’y ai de temps à autres mes entrées – m’a paru suspectement enthousiaste, ce d’autant plus qu’elles s’ajoutaient à d’autres, lues elles sur Progarchives.

Vous me connaissez: j’ai beau me méfier, je résiste difficilement à l’enthousiasme, surtout quand il concerne une de mes passions; par exemple, vous pouvez être enthousiaste tant que vous voulez sur le dernier album de Michel Sardou ou sur un GN à venir, je ne m’y intéresserai pas pour autant. J’ai donc acquis l’objet – façon de parler pour un téléchargement – sur la plateforme Aïe-Thunes et, quelques rotations plus tard, boum! article.

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