“The Berlin Project”, de Gregory Benford

Au début des années 1940, alors que la guerre fait rage en Europe (et ailleurs), les États-Unis commencent à s’intéresser à l’utilisation militaire de l’atome. Parmi eux, un chimiste, Karl Cohen, parvient à convaincre le général Leslie Groves, coordinateur du projet, de privilégier une méthode permettant d’avoir une bombe rapidement. C’est le point de départ du roman uchronique The Berlin Project, de Gregory Benford.

Vous connaissez mon intérêt – certains parleront d’obsession – pour l’uchronie. Celle que propose ici Gregory Benford, découvert via un article de BoingBoing, est impressionnante dans son côté historique.

À la lecture, j’ai pensé que l’auteur avait créé le personnage du docteur Cohen – juif d’origine polonaise, qui a épousé une française et émigré aux USA à la fin des années 1930 – comme catalyse pour le point de divergence. Jusqu’à la postface où l’auteur explique que tous les personnages du roman, sauf un ou deux, sont historiques. Y compris Karl Cohen, qui était son beau-père. Poum!

(Oui, c’était mentionné dans l’article de BoingBoing, écrit par l’auteur lui-même, mais j’avais oublié. Quelque part, ce n’est pas plus mal.)

Du coup, une grande partie des faits racontés dans The Berlin Project viennent en droite ligne des autobiographies ou des journaux intimes des acteurs de l’époque. Gregory Benford, lui-même astrophysicien, en a d’ailleurs côtoyé plusieurs.

Le roman m’a aussi permis de comprendre un élément très intéressant sur l’attrait de l’uchronie: dans un roman historique, on sait comment les choses se terminent, pas dans une uchronie.

Ainsi, The Berlin Project est, dans une bonne moitié, une narration du Projet Manhattan, vu de l’intérieur. Ça implique pas mal de grenouillages, des querelles d’égo et beaucoup de tracasseries administratives.

Ça implique aussi des idées fausses sur l’état d’avancement du projet nucléaire nazi; en fait, la bombe atomique américaine a été en grande partie développée par peur que le Reich y arrive avant eux. Sauf que c’était loin d’être le cas.

Les choses s’accélèrent dans le dernier tiers du roman: la bombe est prête le 6 juin 1944 et lancée sur Berlin, en même temps que les Alliés débarquent en Normandie. À ce stade, plus personne n’est sûr de rien.

J’aurais des choses négatives à dire sur The Berlin Project: la première partie et très longue et pas forcément très intéressante, surtout par rapport à la seconde, et tout le passage qui se déroule en Suisse m’a fait grincer des dents (indice: Lausanne n’est pas dans la banlieue de Zurich et on ne parle pas allemand à Genève).

Mais c’est somme toute mineur par rapport à la qualité de l’ensemble. Il est impressionnant de voir, par effet de miroir, que les Américains n’étaient pas aussi efficaces dans notre réalité qu’on a bien voulu le montrer – sans parler de la “grandiose efficacité allemande”, qui est un des mythes les plus tenaces de la Seconde Guerre mondiale.

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7 réflexions au sujet de ““The Berlin Project”, de Gregory Benford”

  1. Je ne connaissais pas ce roman. Le bombardement est effectué comment ? Un B-17 modifié camouflet au millieu d’un raid
    conventionnel ?

    Cordialement.

    Répondre

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