Thy Catafalque: Sgùrr

Si vous croyiez que vous en aviez fini avec les incarnations bizarroïdes de metal cinématique, détrompez-vous: il me reste encore quelques OVNIs en réserve, à commencer par le nouvel album de Thy Catafalque, intitulé Sgùrr. C’est hongrois et c’est concept.

Thy Catafalque est un projet dont je vous avais déjà parlé avec leur précédent album, Rengeteg, qui était déjà bien barré. Dans le genre metal avant-gardiste, avec des accents électro, indus, progressif, folk et black, Sgùrr est pire. Enfin, pas “pire” dans le sens de “pas bon”, mais plutôt dans celui de “encore plus tordu”.

Le groupe est le projet du musicien Támas Kátai, qui vit désormais à Édimbourg, mais qui reste attaché à ses racines, vu que tout l’album est en langue hongroise: le titre, les titres des morceaux, les paroles et les parties narratives. Pour un peu, on pourrait dire que même les parties instrumentales sont en hongrois: autant le langage n’a que peu de points communs avec les autres langues européennes, autant la musique de Thy Catafalque semble éloignée du metal classique.

Dans la structure, déjà: sur les neuf pistes qui composent Sgùrr, deux dépassent les quinze minutes, alors que deux sont des virgules sonores d’une poignée de seconde et que les autres sont entre deux et cinq minutes. Au total, l’album dépasse de peu les cinquante minutes.

Et puis il y a donc la musique, qui peut passer d’un prog-folk planant à la Mike Oldfield (“Alföldi Kozmosz”) à un mélange de métal et d’électro, avec des sonorités vintage et entrecoupé de narrations (“Oldódó Formák a Halál Titokzatos Birodalmáb”), parfois les deux ensemble (“Élő Lény”). Et ce sans parler des tendances black-metal, qui de temps en temps remontent – avec des renforts (“Jura” et “Jura Keringő”, entre autres).

On retrouve dans Sgùrr la même tendance au gros mélange vaguement cyperpunk présent dans Rengeteg, mais poussé à son paroxysme. Je ne sais pas trop s’il existe beaucoup de groupes comparables musicalement à Thy Catafalque; pour ma part, si l’on excepte Indukti – et encore, plus pour la démarche que pour le style – je ne vois pas.

Ceci posé, il faut quand même dire que cet album n’est pas fait pour toutes les oreilles. C’est peu dire qu’il est d’approche difficile, avec ses multiples variations de genre et ses décrochages, mais si le voyage qu’il propose passe par des contrées pas toujours hospitalières, il reste somptueux.

Si l’expérience – il n’y a pas d’autre mot – vous tente, allez jeter une oreille sur le compte Bandcamp: Sgùrr y est disponible à l’écoute et au téléchargement. Personnellement, j’aime beaucoup, mais je doute que ce soit le cas de beaucoup de monde.

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