« Too Like the Lighting », d’Ada Palmer

Oui, je sais, je suis en retard: Too Like the Lighting, d’Ada Palmer, premier ouvrage d’une tétralogie, est paru en 2016. Mais comme le quatrième tome n’est prévu que pour 2020, j’ai bon espoir de pouvoir les enchaîner les quatre sans trop de pause.

Nous sommes en 2454, toute la Terre est pacifiée, une utopie basée sur les Lumières où la Raison règne et où États-nations, religions et genres sont vus, au mieux, comme des artefacts folkloriques, et, au pire, comme des fléaux bannis en société polie.

Spoiler: il y a des trucs qui merdent. Plein.

À commencer par le « vol » d’une liste, écrite par un des médias les plus influents de l’époque et qui, d’une certaine façon, constitue une des bases des relations de pouvoir entre les différentes « Ruches », les structures sociales qui ont remplacé les États-nations.

Too Like the Lightning est un ouvrage ambitieux. De plus, il s’inscrit donc dans une tétralogie intitulée « Terra Ignota », qui elle-même est aussi très ambitieuse.

D’abord, il l’est par le fond, en décrivant un avenir en apparence radieux, qui a en grande partie aboli la pauvreté, le crime, les discriminations. La Terre de 2454 est une utopie qui ferait passer le monde de Star Trek pour une dictature sanguinaire, avec voitures volantes (enfin!) et bienveillance universelle.

Ensuite, par sa forme: ce roman est rédigé comme une chronique de l’année 2454. Rédigée par un des témoins – un criminel du nom de Mycroft Canner, condamné à servir toute l’humanité – qui prétend écrire pour un hypothétique lecteur dans un avenir encore plus lointain, elle emprunte une bonne partie de son style aux ouvrages du XVIIIe siècle.

On a donc un roman, écrit comme une chronique, sous une forme volontairement archaïque. Ah, oui, j’oubliais: écrite part un narrateur pas vraiment fiable, qui omet régulièrement des éléments importants de l’intrigue et qui, assez souvent, argumente avec l’hypothétique lecteur futur auquel il s’adresse.

Ça va, vous suivez?

C’est sûr que c’est touffu: le monde est complexe, l’immersion quasi-totale. Certes, le narrateur fait des efforts – en pensant parler à un lecteur si loin dans l’avenir que tout lui sera inconnu – mais, dans le même temps, il brouille aussi les pistes en jouant avec les genres des personnages ou en omettant des éléments importants, pour ne les révéler que quand ça l’arrange.

Oui, c’est un peu le bordel. Parfois même littéralement. D’ailleurs, certains aspects m’ont pas mal rappelé des éléments de Tigres Volants / Erdorin. Notamment les Eyldar, allez savoir pourquoi.

Cela dit, je n’ai pas trouvé la lecture de Too Like the Lighting particulièrement complexe. Ou c’est peut-être parce que mes études (et peut-être mon boulot, aussi) m’ont formé le cerveau à ce genre de facéties; allez savoir!

Disons les choses autrement: ce style volontairement passéiste pour parler de science-fiction a un aspect éminemment ludique. Ça aide souvent à rendre certains passages un peu ennuyeux plus intéressants.

Parce qu’il faut avouer qu’il y a, dans cet ouvrage, quelques bouts un peu chiants – ou, à tout le moins, des longueurs. La plupart du temps, soit ça se justifie plus tard, soit justement ça fait partie du style.

Mais ça reste tout de même rare et j’ai vraiment bien apprécié la lecture de ce premier tome. Reste à voir si cette impression va se confirmer par la suite. De ce que j’ai lu chez certains de mes collègues blogueurs – Gromovar en tête – ça paraît pas mal parti.

Bref, à suivre, mais gros gros à priori positif sur cette série d’Ada Palmer. Il va falloir que j’espace un peu les lectures des deux tomes suivants pour ne pas avoir trop à attendre pour le quatrième, mais c’est sans doute le seul défaut du bouquin.

Hormis Gromovar, déjà cité, d’autres avis chez L’épaule d’Orion, Juste un mot, Blog-o-livres

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