Unexpect: Fables of the Sleepless Empire

Comme son nom l’indique. Unexpect, groupe canadien à la capitalisation volatile est du genre à donner dans l’imprévisible expérimental bizarroïde, comme le prouve leur dernier album en date, Fables of the Sleepless Empire. Officiellement, Unexpect fait du death métal et c’est vrai qu’il en a certaines des marques, notamment les vocaux hurlés; dans les faits, Unexpect fait tout, n’importe quoi, son contraire et, de préférence, les trois en même temps.

Une critique de l’album parlait de “carnaval dans les neuf cercles de l’Enfer” et c’est vrai que la métaphore est assez bien trouvée: on pense un peu à Dimmu Borgir, beaucoup à Diablo Swing Orchestra, avec peut-être une touche de The Gathering pour certaines parties moins cacophoniques (comme le début du premier morceau, “Unsolved Ideas of a Distorted Guest”). Autant le dire tout de suite: elles sont rares. Autant dire que ce n’est pas exactement du métal plan-plan pour pères de famille.

Survolées par un violon encore plus cinglé que celui d’Indukti et dominé par la voix fort variable de Leïlindel, les compositions d’Unexpect sont un grand moment de nawak plus ou moins contrôlé, où les riffs les plus techniques côtoient les délires aux claviers et les rythmiques démentes. S’y ajoutent des éléments électro-techno-éthno-jazzo-bizarro-bizarres, notamment sur la surexcitée “Quantum Symphony”.

Le plus impressionnant, c’est qu’après plusieurs écoutes, on ne peut pas s’empêcher de saisir une méthode dans la folie furieuse de cet album. Soit c’est là un tribut à la capacité de l’esprit humain de saisir des schémas construit même au fond du chaos le plus noir, soit il y a réellement quelque chose. Soit c’est de la musique qui rend fou; ne pas écarter cette hypothèse… Le défaut majeur du genre, c’est que ça fatigue; ce n’est pas que ça lasse, mais c’est un tel déferlement chaotique qu’on en sort physiquement épuisé à force d’essayer à suivre.

Si vous ne me croyez pas, allez sur leur site Bandcamp, qui propose l’album entier à l’écoute, en plus de la possibilité de l’acquérir pour un prix presque aussi absurde que la musique elle-même: neuf dollars canadiens, soit moins de huit francs suisses. Alors certes, c’est un peu de la musique qui mange le cerveau, mais si vous cherchiez un accompagnement musical parfait pour accompagner votre prochain Delta Green ou Unknown Armies (ou la lecture du Fuller Memorandum), n’allez pas plus loin.

Nobody expects Unexpect!

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2 réflexions au sujet de “Unexpect: Fables of the Sleepless Empire”

  1. Une chose est clair ! cet album d’Unexpect ne s’apprivoise pas à la première écoute, il est complexe et riche. tout y est visité, classique, métal, jazz… Rien de cacophonique, bien au contraire et rien de comparable ce qui fait la force de Unexpect. Ce sont les précurseurs du genre, ce qui demande de une attention toute particulière aux premières écoutes… mais ils ont mis la barre très haute !

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    • Précurseurs, précurseurs… il y avait quand même Spiral Architect et deux-trois autres fondus de la même eau (lourde) avant eux – sans même parler de Diablo Swing Orchestra, qui a une approche similaire.

      Ça n’ôte rien aux mérites intrinsèques de cet album, ni à son originalité – relative, donc.

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