“Le Vaisseau ardent”, tome 1: Le Pirate Sans Nom, de Jean-Claude Marguerite

Il m’a fallu du temps, mais j’ai fini par boucler Le Pirate Sans Nom, le premier tome du Vaisseau ardent, de Jean-Claude Marguerite, intrigué par ce texte que l’auteur m’avait envoyé en service presse il y a maintenant un an.

Non que le texte soit mauvais, au contraire, mais le thème ne m’intéressait pas a priori et la perspective de me taper l’équivalent de 1500 pages au format livre de poche m’avait quelque peu refroidi. Comme quoi tout le monde peut se tromper.

Ce premier volume est une histoire à tiroir qui part du jeune Anton Petrack, galopin de onze ans vivant dans la Yougoslavie de la fin des années cinquante. Fasciné par les pirates et démangé par une imagination hors du commun, Anton va se lier d’amitié avec Jak, un gamin de son âge et, ensemble, ils vont s’inventer un destin de forban – avant de tomber sur l’Ivrogne et ses histoires de Pirate Sans Nom.

On a donc l’histoire d’Anton jeune, mais également de son alter-ego cinquante ans plus tard, devenu un célèbre capitaine chasseur de trésors, qui se mêlent à la narration de l’Ivrogne, qui prétend avoir été un brillant – mais fantasque – universitaire malouin, auteur/nègre de l’encyclopédie préférée d’Anton sur la piraterie et, lui-même, chasseur de trésors.

Et il y a encore un autre niveau, au moment où l’Ivrogne – dont on ne connaîtra jamais le nom – se prend à raconter l’autobiographie de celui qu’il suppose être le Pirate Sans Nom, personnage qu’il avait d’abord créé par fantaisie universitaire dans les trous de l’Histoire et qui, soudainement, avait pris corps.

Dire que Le Vaisseau ardent est un roman fantastique, c’est peut-être un peu exagéré – en tous cas à la lumière de ce premier tome. Il contient néanmoins quelques éléments fantastiques, mais surtout beaucoup de réflexions sur la nature de l’Histoire, des Légendes et des Histoires en général. Comme c’est un sujet qui me passionne, c’est un aspect du roman que j’ai beaucoup apprécié.

On peut également dire que le souffle de l’Aventure souffle sur ce roman, à la fois en glorifiant les histoires de pirates, mais aussi en les replaçant dans un contexte historique et social qui les éclaire d’une lumière autrement plus crue qu’à l’habitude.

Il y a également une dimension initiatique dans cet ouvrage, dimension dont les personnages eux-mêmes sont conscients: Anton voit clairement dans l’Ivrogne un autre lui-même, alors que ce dernier se reconnaît dans le “petit Hollandais” – jeune avatar du Pirate Sans Nom. Au reste, le fait que tant de personnages restent anonymes dans cette histoire tend à montrer qu’on a affaire à des archétypes, surtout présents pour “révéler” le héros.

Le défaut principal de ce bouquin tient dans sa taille: je l’ai lu en numérique et il m’a paru déjà démesurément long. Pas forcément ennuyeux, mais plutôt intimidant. Et le deuxième volume, La Rédemption du Pirate promet d’être plus long d’un quart encore!

Ceci posé, je ne saurais pas trop dire si le problème tient dans le style d’écriture ou le rythme du récit – ni même si c’est réellement un problème. Car Le Vaisseau ardent est bien écrit et, souvent, passionnant. Je vais être honnête: ce premier tome m’a bluffé. Suffisamment pour avoir envie de lire la suite.

Et puis, d’un point de vue rôliste, ce Pirate Sans Nom est une véritable source d’inspiration pour un scénario, voire une campagne dans les Caraïbes. Il ne suffirait pas de grand-chose pour “pulpifier” cette histoire. Instant pulp: just add Nazis. Ou pas.

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